– Lors de son entrée en Guerre, l’Armée britannique ne dispose que 120 000 hommes d’active dans ses forces terrestres et 400 000 réservistes environ. Cela tient à deux principaux aspects de l’histoire et de la culture militaires britanniques : d’une part, au regard de l’étendue de son Empire, priorité est donnée à la Royal Navy pour la surveillance des voies maritimes. Deuxièmement, la Grande-Bretagne entretient une petite armée de métier car elle n’a aucune tradition de conscription. Il est arrivé qu’elle intervienne exceptionnellement sur le continent (notamment contre Napoléon en Espagne et à Waterloo) ou outre-mer (Soudan, Inde, Guerre des Boers) en engageant plusieurs dizaines de milliers d’hommes. Encore que la vie militaire n’attire que des jeunes hommes de bonne famille qui peuplent le corps des officiers (à l’exception de membres des classes moyennes ou de la moyenne bourgeoisie qui peuvent accéder à des grades subalternes dans l’Artillerie et le Génie), ainsi que des membres du prolétariat urbain et rural qui rêvent d’aventure et d’une meilleure paie. Seule la guerre des Boers a pu donner lieu à une levée (limitée) de volontaires, scandalisés suite aux défaites enregistrées par l’Armée face aux fermiers Afrikaneers. Mais la guerre de masse est une découverte toute récente pour les Britanniques, quasiment concomitante de l’enlisement des belligérants sur le Front de l’Ouest.

– En 1915, après la saignée des cinq divisions d’active du BEF (pertes mal compensée par l’arrivée du Canadian Corps) engagées en France et Belgique (après la Seconde Bataille d’Ypres notamment), le Ministère de la Guerre que dirige Lord Horatio Kitchener décide de faire appel aux volontaires. A l’aide d’une propagande efficace, l’Armée britannique grossit de 500 000 volontaires fin 1915 et 3 millions en 1916. Cette armée de soldats citoyens est bientôt surnommée la « New Kitchener’s Army » (NKA), en comparaison de la Regular Army et de la Territorial Army (réserve).
– Cette levée en masse version britannique s’effectue sous la directions de Committees des Comtés (Shires) et des villes de toutes tailles, sur des bases géographiques locales certes, mais aussi sociales. Dans un pays où la conscription ne sera instaurée que tardivement (1917), les viviers de recrutement sont les différentes branches de la vie civile et même associative. Ainsi, le 1er juillet au déclenchement de la Bataille de la Somme, 75% environ des soldats engagés sont des volontaires levés dans les « Pals Battalions ». Les nouveaux engagés proviennent alors des Continuer à lire … « Les « Pals Battalions » de Kitchener et Haig »