– Contrairement à une idée reçue, l’Artillerie française n’avait pas que le Glorieux 75 dans ses parcs. Avant le déclenchement de la Guerre, le Ministère de la Guerre n’ignore pas le besoin de disposer de canons lourds. Plusieurs projets de fabrication de bouches à feu sont lancées avant 1914. Mais ils viennent assez tard pour équiper l’Artillerie française lors de l’entrée en Guerre. Jusqu’en 1917, l’Armée de Terre puise dans ses stocks de pièces datant des années 1880, tout en bénéficiant du concours de la Marine qui peut fournir des canons lourds qui ne seront pas installés sur des navires. Et ce, en attendant que les pièces plus modernes (les types Schneider ou Filloux notamment) . Le Commandement et l’Inspection de l’Artillerie réussissent – avec le concours de l’Industrie – à doter les armées du front de canons lourds, notamment de quelques pièces montées sur rail. Lors de la bataille de la Somme notamment, l’Artillerie française n’affiche plus le même visage qu’en 1914, avec un net accroissement de la proportion de pièces à feu lourdes, aux dépens des canons de 75. En dépit de ces efforts notables, l’emploi de l’Artillerie lourde n’est pas encore nettement centralisé, bien que l’état-major ait ordonné de créer un Etat-Major de l’Artillerie pour en perfectionner l’emploi. Jusqu’à fin 1916, les pièces lourdes sont disséminées au sein des Groupes d’Armées ou des Armées, selon les besoins opérationnels, ce qui n’est pas sans créer quelques remous chez certains généraux peu désireux de céder leurs pièces lourdes le moment.

– A la fin de l’année 1916, l’état-major français décide de rationaliser l’emploi de l’artillerie lourde française. Ce n’est pas nouveau puisque le GQG avait déjà tenté d’y mettre de l’ordre fin 1915 lors de son développement. L’Artillerie lourde est alors scindée entre l’Artillerie lourde à grande puissance et l’Artillerie lourde sur voie ferrée (ALVF). Les régiments sont confiés à chaque Groupe d’Armée mais cette répartition ne donne pas la satisfaction attendue. Toujours fin 1916, le GQG décide donc de créer une Réserve Générale d’Artillerie (RGA) dont le but sera de coordonner l’emploi des canons et obusiers lourds sur l’ensemble du front. Le 1er janvier 1917, le nouveau Généralissime français Georges Nivelle confie la direction de la RGAL au Général Edmond Buat, polytechnicien de formation et alors commandant de la 121e Division qui devait prendre la tête du IInd Corps d’Armée en remplacement de sa bête noire, Denis Duchêne (1). Le 11 janvier, après avoir laissé le commandement de division au Continuer à lire … « La Réserve Générale d’Artillerie lourde française (R.G.A.L) »