Acier et tranchées sur Storiavoce

Chers lecteurs, chers lectrices, l’équipe de de l’excellente radio indépendante consacrée à l’Histoire, Storiavoce, m’a fait l’honneur et le plaisir d’un entretien consacré à mon livre « 1914 – 1918 : batailles et campagnes méconnues » (éditions Maïa, 2019).

Echange disponible via le lien suivant :

https://www.youtube.com/watch?v=mxiSPFjutnU

Bonne écoute !

« 1917 » de Sam Mendes

Ce ne fut pas une gifle mais un tir de barrage d’artillerie cinématographie (et à la pièce de 60 livres ou de 9.2inches s’il vous plait !). Très attendu, « 1917 » était sûrement l’un des films les plus attendus de ce début d’année 2020. Dans un sens, il était le film de guerre qui aurait dû sortir pour les années du Centenaire. Mais Sam Mendes a sûrement mieux fait de prendre son temps.

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Premièrement, précisons que c’est une fiction SUR la Grande Guerre et non un film de guerre à proprement parler. En effet, le propos du film n’est pas de raconter une bataille ou un engagement. Le réalisateur souhaite d’abord immerger le spectateur dans ce que fut l’horreur des combats. Avec cette dimension personnelle de Continuer à lire … « « 1917 » de Sam Mendes »

Guerre d’indépendance irlandaise : les Britanniques contre la guérilla

Quand la Grande-Bretagne décide de réagir aux attaques des nationalistes irlandais, elle se retrouve devant un cas de figure assez unique : une guérilla sur le territoire même du Royaume-Uni. Or, l’Armée britannique a clairement une expérience de contre-guérilla, notamment en Inde, au Kenya ou en Afrique du Sud. Sauf que dans le cas irlandais, il s’agit de lutter contre des sujets de la Couronne (avec des droits civiques réduits, il est vrai) et non pas contre des rudes fermiers boers ou des tribus africaines. Cette fois, l’ennemi possède une nette culture politique et maîtrise mieux la propagande. Mais Londres va d’abord miser sur la seule force militaire sans parvenir à mettre fin à la guérilla, même si les forces armées vont marquer des points. Finalement, la solution viendra de la politique.

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1 – L’OPTION PARAMILITAIRE

En 1919, l’IRA mène la vie dure à la Royal Irish Constabulary, avec toute une campagne d’intimidation. La population catholique irlandaise s’y joint en ostracisant littéralement des communautés locales, les familles des membres de la RIC. Si bien que face à un adversaire quasiment insaisissable et une population de plus en plus hostiles, la RIC accuse une alarmante chute du moral qui cause un accroissement des démissions. Le Gouvernement de Lloyd-George décide en premier lieu de renforcer la Royal Irish Constabulary. Contrairement à ce que l’on a prétendu par la suite, Sir Henry Wilson (Chef d’état-major impérial, CIGS) estime que la situation en Irlande est suffisamment explosive et l’emploi de l’Armée mettrait le feu aux poudres. Ainsi, contrairement à ce que l’historiographie irlandaise a avancé, Wilson penche pour l’augmentation des effectifs de police. Or, il est impossible de transférer une force de police de l’Angleterre à l’Irlande. Une première solution – radicale – est avancée au Cabinet de David Lloyd-George par Sir John French (l’ancien commandant du British Expeditionnary Force de 1914 à fin 1915), Lord Lieutenant d’Irlande. Dans le contexte de démobilisation de l’Armée victorieuse de 1918, French prône ni plus ni moins le recrutement d’anciens officiers et soldats. French, puis ensuite

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Guerre d’indépendance irlandaise : l’IRA contre les forces britanniques

La scène se déroule par une matinée humide et brumeuse. Deux camions transportant 18 membres des Auxiliaries de la Royal Irish Constabulancy roulent sur une route étroite et sinueuse. Soudain, ils sont arrêtés. Soudain, le chauffeur du camion de tête s’arrête au détour d’un virage. Un homme qui semble être un officier britannique leur fait signe de s’arrêter, près d’un side-car, visiblement en panne. Les deux véhicules stationnent quand ils sont pris sous le feu d’un groupe de trente-six paramilitaires l’IRA habillés en civil. Ceux-ci offrent un feu nourri, avec l’appui d’une mitrailleuse Lewis Gun. Les Auxies ripostent en se déployant mais ils ont le désavantage de la surprise et du terrain. En quelques minutes tous les britanniques sont à terre, de même que trois insurgés. La scène décrite est filmée dans – l’excellent – film de Ken Loach « Le vent se lève » (Palme d’Or à Cannes en 2006). En fait, cet épisode de la Guerre d’indépendance a bel et bien eu lieu, plus précisément entre le village de Kilmichael et Macroom, dans le Comté de Cork. Dirigée par Tom Barry, ancien soldat de l’Armée britannique, l’embuscade de Kilmichael est manifeste de la nature d’une guerre d’indépendance qui relevait presque de l’affrontement de David contre Goliath. David ayant préféré opter pour une guérilla qui a imposé à Londres un puissant déploiement de forces au lendemain de la Grande Guerre, sans pour autant avoir pleinement réussi à étouffer la lutte. Ensuite, grâce aux options prises par Michael Collins, le mouvement nationaliste irlandais va imposer aux Britanniques une guerre à laquelle leur armée n’était pas vraiment habituée à l’intérieure même des frontières du royaume : la guérilla urbaine. Cette méthode de guerre (« Warfare ») engendrera un cycle de représailles brutales de la part des forces paramilitaires britanniques, avant la proclamation de l’Etat de Guerre en Irlande. En dépit de cette mesure, comme de l’épuisement de l’IRA, la Grande-Bretagne sera forcée d’engager des négociations avec les nationalistes, avant de parvenir à la partition de l’Île.

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1 – QUELLE INSURRECTION APRES LES « PÂQUES SANGLANTES » ?

Il n’est pas de l’ordre de cet article de relater en détail les combats dans Dublin de « l’Insurrection de Pâques ». Mais il faut convenir que son échec – militaire et politique – a servi de base de réflexion chez les principaux chefs de la Guerre d’indépendance, du moins ceux qui avaient survécu (Michael Collins, Eamon de Valera, Cathal Brugha, Arthur Griffith…). Nonobstant l’échec d’avoir entraîné l’opinion irlandaise derrière eux (en 1916, beaucoup de volontaires irlandais se trouvent sous les couleurs de l’Union Jack* et l’insurrection de Dublin est alors du plus mauvais effet sur une population encore loyale à la Couronne), l’échec des chefs rebelles tient dans leur propre vision de l’insurrection. En effet, Paidrac (Patrick) Pearse, James Connolly, Thomas Clarke, Joseph Plunkett, Eamon de Valera et Constance Markiewicz estimaient possible d’imposer aux Anglais un calquage de la Commune de Paris. Impossible au vu du manque de moyens et d’hommes disponibles. Par la suite, comme l’avait souligné l’historien Charles Townshend, plusieurs responsables du

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