Bruyères, (Vosges, 1944) : le « Bataillon perdu » et la gloire sanglante des « Nisei »

En octobre 1944, suivant les plans du General Jacob L. Devers, Alexander M. Patch a déclenché son offensive contre la Vosgens-Stellung. Tenue par les éléments aux effectifs réduits de la 19. Armee (Kurt von der Chevallerie), la « VS » a été constituée pour empêcher les Alliés de déboucher sur la Plaine d’Alsace et donc, sur la rive ouest du Rhin, conformément à la stratégie d’Hitler. La « VS » est constituée de points d’appuis et lignes de tranchées creusés à flanc de monts. Les fortifications allemandes profitent également de l’épais couvert de la forêt vosgienne mais aussi de la météorologie, exécrable en cet automne 1944. Enfin, le terrain difficile nuit à la mobilité de l’armée américaine, handicapée par sa motorisation et sa mécanisation supérieure. L’aviation tactique américaine, très redoutée, est muselée par la pluie et le brouillard. Mais si les mitrailleuses ne manquent pas, l’artillerie a été « vampirisée » pour renforcer le dispositif prévu pour l’Offensive des Ardennes. L’OKH espère retarder suffisamment longtemps le 6th AAG avant de déclencher l’offensive en Belgique.
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Mais comme le signale Nicolas Aubin, face aux forces limitées de la 19. Armee, les Américains alignent plusieurs de leurs meilleures grandes unités, conduites par des généraux de talent. En premier lieu, Alexander M. Patch qui a la charge de coordonner les actions de la Seventh US Army dans le massif vosgien, en coordination avec la Ire Armée française dans les Hautes-Vosges et la région de Belfort – Montbéliard. Rappelons que Patch a dirigé la conquête de Guadalcanal et le débarquement de Provence, ce qui fait de lui un spécialiste des actions opérationnelles dans des terrains difficiles (accentués et clos, notamment). Patch a confié au

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« Gettysburg » de Ron F. Maxwell (1993)

Ce n’est pas un film, c’est un tableau !

Réalisé en 1993 par le cinéaste indépendant Ronald F. Maxwell, « Gettysburg » est une adaptation du roman « Killers Angels » de Michael Shaara (Prix Pullitzer 1975).

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Âgé de bientôt trente ans,
« Gettysburg », fresque de guerre de quatre heures, a vieilli mais suffisamment et assez honorablement pour rester très prisé des cercles de cinéphiles amateurs de films de guerre ou intéressés par la Guerre de Sécession (American Civil War). Quelques plans sont saccadés, notamment lors de la marche des Virginiens de Pickett. A l’inverse, d’autres séquences, alternant plans resserrés et grand angles permettent d’apprécier les combats reconstitués à leur juste valeur. Et on ne peut qu’apprécier le travail du directeur de la photographie, Kees van Oostrum. En revanche la toute dernière scène gâche un peu le final pour son « sentimentalisme » un peu trop hollywoodien. Enfin, le film est bien rythmé par la musique de Randy Edelman. Continuer à lire … « « Gettysburg » de Ron F. Maxwell (1993) »

LA LIBÉRATION DE BREST : PATTON AMPUTE D’UN BRAS (AOÛT – SEPT. 1944)

En ce qui concerne l’année 1944, la mémoire régionale bretonne s’est beaucoup attachée aux combats de la Résistance, aux bombardements, ainsi qu’aux destructions des ports de Lorient, Brest, Saint-Nazaire etc. Pourtant, peu de monde n’a eu conscience de l’impact opérationnel de phase des combats de la Libération. Dans son dernier ouvrage, l’historien Nicolas Aubin pose un constat qui peut nous paraître étonnant : les Américains se sont englués pendant un mois en Bretagne, situation qui a pesé sur la libération de la Lorraine et de la Moselle et finalement, pour un résultat négligeable. Tactiquement et techniquement, la prise de Brest par Middleton est un exemple mais c’est oublier que s’ils ont, apparemment, dilapidé des milliers d’hommes, les Allemands y ont obtenu un répit beaucoup plus important qu’il y paraît. Explications

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1 – QUAND EISENHOWER COURT DEUX LIÈVRES

– Remontons tout d’abord en arrière. Comme le signale Nicolas Aubin, la Bretagne devient un élément de la planification du SHAEF dès l’été 1944. La raison est logistique et stratégique. Eisenhower souhaite en effet s’emparer des ports de Saint-Malo, Saint-Nazaire, Brest et Lorient, afin de faire taire la menace des U-Boote, comme de pouvoir débarquer plus de renforts et de ravitaillement dans l’Ouest de la France. Mais l’idée va même plus loin, puisque le SHAEF prévoit de transformer le port d’Auray (Saint-Goustan) en débarcadère. Il est vrai qu’Auray est abrité par le Golfe du Morbihan, lequel est protégé des courants de l’Atlantique par la presqu’île de Quiberon. Mais il y a un hic et de taille : la 

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« Beneath Hill 60 » (Jeremy Hartley-Sims)

Les cinéastes australiens savent être étonnants. Avec des budgets et des effets spéciaux limités, tout en ne cherchant pas à placer de gigantesques effets pyrotechniques entre deux séquences, ils peuvent offrir de très bons films de guerre. C’est ici le cas de « Beneath Hill 60 », qu’à titre personnel, je considère comme l’un des meilleurs films sur les combats de la Première Guerre mondiale. Cela vient peut-être du fait qu’il ne contient aucune séquence de combat intense. Explications.

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Sorti en 2010, « Beneath Hill 60 » devait représenter l’Australie au Festival de Cannes de 2009. Mais les impératifs de productions ont empêché Jeremy Hartley-Sims d’en faire la promotion. Le film relate un épisode toute à fait réel, dont il a été largement question sur ce blog, le minage de la Crête de Messines (saillant d’Ypres), laquelle sauta littéralement, sur vingt points, le 6 juin 1917. Comme pour « Gallipoli » ou « The Lighthorsemen », le récit est simple, bien que romancé quant aux faits réels. On suit l’itinéraire d’ Continuer à lire … « « Beneath Hill 60 » (Jeremy Hartley-Sims) »