L’emploi de l’Infanterie britannique 1914-1916 (seconde partie)

2 – Les tentatives d’adaptations tactiques pour la « New Kitchener’s Army » (1915-1916)

– Les très lourdes pertes de la fin de l’été et de l’automne 1914 privent le British Expeditionnary Force d’un grand nombre de soldats professionnels qualifiés au maniement du fusil. L’état-major impérial n’a d’autre choix que d’envoyer en renfort les recrues volontaires de la New Kitchener’s Army et les réservistes de la Territorial Army. Rappelons que c’est la première fois dans son histoire militaire que la Grande-Bretagne opère une telle levée de soldats. En comparaison, les deux pays de conscription que sont la France et l’Allemagne ont pu lever rapidement plus de 1 million d’hommes chacune.

– Conséquence pour l’Armée britannique, l’instruction des soldats qui partiront combattre dans les Flandres et dans le Nord de la France doit être accélérée, ce qui abaisse la qualité de l’enseignement réglementaire au maniement du fusil, contrevenant ainsi à l’idée qu’une victoire tactique peut être remportée grâce à la discipline de feu des armes individuelles. Pour remédier à ce modèle, l’état-major fait distribuer davantage de nouvelles mitrailleuses Lewis à chargeur tambour incurvé, bien plus facilement déplaçables pour des fantassins que les robustes Vickers (1).


– Par conséquent, dès le début de l’année 1915, le BEF décide de revoir plusieurs de ses principaux schémas tactiques, sans renier ses « principes classiques » qu’ils réadapte au regard de la situation (P. Griffith). Toutefois, le BEF fait traduire en urgence des essais d’officiers français qui représentent pour eux des idées modernes. Sauf que les productions littéraires sélectionnées fondent leur réflexion sur l’expérience de la Guerre de Sécession. En dépit de cette référence historique, la réflexion en faveur du combat voit naître une prolifération d’ouvrages fondée sur des expériences personnelles et l’analyse des tactiques ennemies. Mais contrairement à leurs homologues français qui centralisent le débat au sein de l’École de Guerre, les officiers supérieurs britanniques tentent de trouver des solutions de manières individuelles, engendrant une Continuer à lire … « L’emploi de l’Infanterie britannique 1914-1916 (seconde partie) »

L’emploi de l’Infanterie britannique 1914-1916 (première partie)

– Dans l’imaginaire et la mémoire collectifs, l’image de l’Infanterie britannique de 1914-1918 reste attachée au Tommy, soldat flegmatique, coiffé de son casque plat Brodie et officier impeccablement sanglé dans son battledress kaki. Cependant, comme je le signalais sur un autre blog dans un article brossant partiellement l’histoire du Tommy de 1914, l’Infanterie britannique reste sans doute (trop) méconnue. Cet article a pour but d’approfondir son histoire en se penchant sur son emploi au combat.

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I – La tactique des « Old Contemptibles »

– Comme l’explique l’historien Paddy Griffith, au début du XXe siècle, l’Armée britannique fonde l’emploi de son infanterie sur une tradition qui relève presque du mythe : celle du fantassin autonome sur le champ de bataille, pièce maîtresse du succès. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent dans l’histoire de l’Angleterre : les archers d’Azincourt ; les soldats du « Duc de Fer » face aux troupes napoléoniennes à Albuera et Waterloo ; la compagnie de tuniques rouges du 11th Bn. Borders à Rorke’s Drift face aux Zoulous et la résistance impétueuse des hommes de Sir Baden-Powell face aux Boers à Mafeking. Ainsi, dans l’Armée de Sa Majesté, la notion d’autonomie était étroitement associée à l’Infanterie qui restait l’arme la plus nombreuse en termes d’effectifs.
Mais le mythe prend un coup dans l’aile au début du XXe siècle quand les Continuer à lire … « L’emploi de l’Infanterie britannique 1914-1916 (première partie) »

1915 : La généralisation des grenades à main

– Sans être un projectile de combat inconnu (on l’utilisait déjà aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècle), la grenade à main connaît une généralisation de son emploi chez les belligérants. Arme offensive autant que défensive, elle a pour « vertu » d’offrir au fantassin une plus grande puissance de feu pour les combats de tranchées. L’article ci-dessous a pour but de passer en revue les différents types de grenades utilisés par les belligérants. Nous aborderons les grenades à fusil dans un article ultérieur.

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– A la fin de l’été 1914, les fantassins allemands peuvent apparaître comme les mieux armés avec leur emploi des Kügel Granate M1913. Ce projectile offensif, répandu en quantité limitée (à peine 100 000 exemplaires), est en somme toute rudimentaire puisqu’il consiste en un cylindre rempli d’explosif fixé à un manche en bois pour augmenter la portée de jet et d’un détonateur. Les Britanniques utilisent aussi des  grenades, plus particulièrement la Mark I 1908 explosant à l’impact. Mais ce modèle est coûteux à produire et distribué aux unités du Génie (Royal Engineers) pour la neutralisation de points fortifiés et non pour un assaut d’Infanterie. Chez les Français, les grenades sont elles aussi utilisées mais là encore, en quantité fort restreinte.

– La demande en grenades à main va donc croissant avec Continuer à lire … « 1915 : La généralisation des grenades à main »

The Irish Guards – par Rudyard Kipling

En octobre 1915, Rudyard Kipling perdit son fils John, jeune officier au 2nd Battalion Irish Guards, lors des combats qui suivirent l’offensive britannique sur Loos. En hommage, Kipling rédigea ce très beau poème en dressant un parallèle historique entre la Brigade Irlandaise qui servit Louis XV et Louis XVI avec les Irish Guards (levés en 1901 par Victoria*) engagés en France en 1915.

We’re not so old in the Army List,
But we’re not so young at our trade,
For we had the honour at Fontenoy
Of meeting the Guards’ Brigade.     

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Général Jean-Marie Degoutte

Entièrement passé dans l’oubli, Jean-Marie Degoutte reste tout de même considéré comme l’un des meilleurs plus jeunes commandants français de la Grande Guerre, au même titre que d’hommes tels Georges Humbert ou Henri Gouraud. C’est aussi lui qui dirigea les travaux de la Ligne Maginot des Alpes dans les années 1920-1930.

– Jean-Marie Degoutte voit le jour en 1866 au village de Charnay dans le Beaujolais (Département du Rhône), au sein d’une famille d’agriculteurs. Après de très bonnes études secondaires au Lycée de Bourg-en-Bresse, Jean-Marie Degoutte s’engage dans l’Armée et sert d’abord au30e Régiment d’Artillerie. Bien noté par ses supérieurs, il entre à l’École de Saint-Cyr en 1888 grâce au Colonel commandant le Régiment. Intégrant la Promotion Grand Triomphe, il a pour camarade un certain Henri Gouraud. Il se fait encore remarquer en bien puisqu’il est classé 9e sur 435 à sa sortie en 1890. Il choisit alors l’Infanterie et intègre le 4e Régiment de Zouaves en Tunisie où il reste quatre ans.
– Mais le jeune officier trouve le temps long et demande à être intégré à Continuer à lire … « Général Jean-Marie Degoutte »