Jutland : la Royal Navy ferme la Mer du Nord à l’Allemagne

– Il s’agit ici de l’affrontement naval le plus important de la Première Guerre mondiale, reléguant presque le combat des Îles Falklands (1914) à un simple accrochage. La bataille du Jutland (ou Skagerrak) voit s’affronter les 31 mai – 1er juin 1916, la Royal Navy sous le commandement de Sir John Jellicoe et la Hochseeflotte commandée par l’Admiral Reinhard Scheer. Au regard des témoignages de l’époque, cet engagement d’importance – au vu des navires alignés et des enjeux – fut marqué par un déchaînement de feu et d’acier sur mer, presque comparable à ce qui se passait sur terre simultanément.
A l’issue de cet affrontement, les Allemands perdirent moins de tonnages et de marins que leurs adversaires – les pertes britanniques étant davantage dues à une imprudence de commandement – mais furent contraints au final à retirer leur marine vers les ports du Reich et à ne plus en sortir. Les quelques succès engrangés par les Allemands au cours de ces deux jours ne pourront cacher la victoire stratégique concédée à la Grande-Bretagne. Victoire stratégique qui va avoir des conséquences dramatiques sur la situation intérieure allemande.

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– Fin 1914, en dépit d’un premier succès contre les Britanniques dans le Pacifique aux Coronels, la flotte de surface de Guillaume II a essuyé un sérieux échec aux Falklands (Malouines). Et le 24 janvier 1915, la Royal Navy a bien faillir anéantir une escadre allemande au Dogger Bank, en mer du Nord. Par conséquent, l’Amirauté allemande décide d’abord de lancer ses U-Boote en mer du Nord et dans l’Atlantique, afin de harceler les convois qui convergent vers la Grande-Bretagne et la France. Sauf que cette guerre de course d’un nouveau type n’est pas sans causer des tensions internationales, qui ne jouent pas en faveur de la diplomatie allemande. Le cas le plus connu reste le torpillage du « Lusitania » (navire « neutre ») en 1915, qui scandalise l’opinion publique américaine. Si le Président Wilson maintient son pays dans la neutralité, Washington commence à percevoir la stratégie navale de Berlin comme un réel danger. A Berlin, au grand dam de von Tirpitz, Guillaume II préfère arrêter (temporairement) les opérations navales. De son côté, le commandant de la Hochseeflotte, Hugo von Bohl adopte une attitude prudente, conscient que la Royal Navy ne peut être défaite facilement. Par conséquent, il préfère poursuivre l’envoi des U-Boote en Mer du Nord et dans l’Atlantique, afin de fatiguer les unités rapides britanniques.

– Mais au début début 1916, von Bohl malade, laisse sa place à Reinhard Scheer, l’un des fidèles de von Tirpitz qui prépare là sa succession à l’exécution de la stratégie navale allemande. Tirpitz finit par démissionner en mars suivant. Scheer est alors un officier énergique et bien décidé à affronter la Royal Navy une bonne fois pour toutes, afin de la contraindre à rester en cale sèche après un affrontement en mer. Scheer espère ainsi rendre la Mer du Nord plus sûre pour la « Hochseeflotte » et de là, à nuire à la liaison maritime entre la France et la Grande-Bretagne. Le 25 avril 1916, l’Amirauté allemande décide d’arrêter les attaques sous-marines sans distinction de pavillons, pour deux raisons. La première – diplomatique – vise à ne pas heurter davantage l’opinion des pays neutres. La seconde est beaucoup plus doctrinale. Reinhard Scheer ne pense pas que les U-Boote peuvent venir seuls à bout de la Royal Navy. Il pense au contraire qu’il faut à la fois épuiser les unités rapides britanniques (les destroyers) dans des opérations anti-sous-marines. Or, pour neutraliser les unités lourdes de la Royal Navy, Scheer pense qu’il faut les attirer dans une embuscade géante en haute-mer. Pour Scheer, il faut exploiter l’agressivité presque proverbiale de la Royal Navy afin de l’affaiblir. Son plan consiste à envoyer un groupe de reconnaissance de plusieurs croiseurs sous le commandement du Vize-Admiral Franz Hipper en mer du Nord pour servir d’appât aux escadres britanniques qui devraient converger sur lui. Lorsque les navires de Sa Majesté accrocheront ceux de Hipper, le gros de la Hochseeflotte arrivera pour parachever l’embuscade sur mer.

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Adm. Reinhard Scheer

– Malheureusement pour Scheer, les Britanniques sont au courant des projets allemands. En effet, depuis la seconde moitié de l’année 1914, la Royal Navy a pris une nette avance dans l’interception et le déchiffrage des transmissions navales allemandes. En effet, en octobre 1914, l’Admiral Henry Oliver (commandant de la Division du renseignement naval), met en place  une cellule d’interception et de déchiffrage des transmissions allemandes. Cette démarche a été permise grâce à la capture par les Russes des codes de transmission sur l’épave du SMS « Magdeburg » en Mer Baltique. Cette cellule est installée dans les anciens bâtiments de l’Admiralty à Londres et plus précisément dans la pièce portant le numéro 40, d’où son nom. Les travaux sont supervisés par Alfred Ewing. Par conséquent, en mai 1916, les Britanniques sont parfaitement au courant des intentions de Scheer et préparent leur riposte. Celle-ci est confiée au commandant de la Grand Fleet, Lord John  Jellicoe. Et c’est avec de l’avance, soit le 30 mai que l’Admiral anglais fait appareiller ses escadres de combat. Son plan est ni plus ni moins de faire converger plusieurs escadres vers le Jutland afin de prendre les Allemands à leur propre piège. Les Battlecruisers de Beatty devront accrocher Hipper avant que celui-ci ne reçoive le renfort de Scheer. Quand celui-ci arrivera avec le gros de la flotte impériale, l’ensemble de la flotte britannique sera là pour le recevoir.

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Vize-Adm. Franz Hipper

– Le 30 mai, la force de reconnaissance navale allemande commandée par Franz  Hipper (Aufklärungs-Streits-Krafte) appareille du port de Wilhelsmshaven, mettant cap au nord et précédant le gros de la Hochseeflotte aux ordres de Scheer.
Le même jour, Jellicoe fait appareiller ses escadres et celles de Beatty depuis Scapa Flow et Cormatry (Ecosse). Sa seconde force, les Dreadnoughts lourds de Huth Evan-Thomas quittent le port de Rosyth le même jour.
Ce sont les 1st et 2nd Battlecruiser Squadrons (escadres de croiseurs de combats) composés de navires plus rapides que les Dreadnoughts, de David Beatty qui parviennent à la rencontre des Allemands en début d’après-midi du 31 mai.

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Lord John Jellicoe

– Un mot sur les tactiques navales. Pour les combats navals, les Britanniques optent pour la formation de plusieurs colonnes progressant parallèlement. Toutefois, à tout moment, ordre peut être donné de placer l’ensemble de la flotte en une seule ligne de combat. Le navire amiral est généralement placé en tête de la colonne centrale, afin de pouvoir adresser les signaux lumineux. Mais cela un certain temps peut s’écouler le temps que les ordres du navire amiral soient relayés à l’ensemble de la flotte et il est généralement nécessaire que l’ordre soit ensuite confirmé. Ainsi, un message signalant de passer d’une formation en colonnes en une ligne de bataille peut prendre une dizaine de minutes. Toutefois, le télégraphe est également utilisé à bord des navires mais l’emploi du codage et du chiffrage étaient plus problématiques.
Enfin, contrairement aux Allemands qui comptent jouer sur la puissance de feu de leurs cuirassés lourds, les Britanniques misent davantage sur la manœuvrabilité de leurs croiseurs de bataille (Battlecruisers), moins protégés pour augmenter leur vitesse mais bien armés avec des tourelles tri-tubes et bi-tubes de 12.5 et 15-inch (341 et 381 mm).
Le rapport de forces est clairement en faveur de Lord Jellicoe  : 28 Dreadnoughts dont plusieurs de dernière génération, 6 Battlecruisers, 8 croiseurs lourds, 26 croiseurs légers et 79 destroyers (dont 1 mouilleur de mines). En face, les Allemands alignent 16 Dreadnoughts, 6 Pre-Dreadnoughts, 5 croiseurs de bataille, 11 croiseurs légers et 5 croiseurs de bataille.
Mais dans l’idée d’accroître la cadence de tir de leurs pièces lourdes, des officiers britanniques ont ordonné de stocker des munitions JUSTE SOUS les tourelles au lieu de les garder en cale. C’est notamment le cas pour les HMS « Queen Mary » et « Indefetigable ».
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– Le 31 mai
, le HMS « Galatea », croiseur léger de reconnaissance, envoie un message signalant des « navires hostiles non identifiés » . En fait, il s’agit de deux paisibles paquebots danois qui ont la malchance de croiser dans le secteur pour rejoindre leur port. Les navires de reconnaissance de la Grand Fleet entre au contact des Allemands et les premiers échanges de tir ont lieu, sans grands dégâts.  A 14h20, la première ligne britannique (HSMS « Indefetigable », « New Zealand », « Tiger », « Queen Mary », « Princess Royal » et « Lion »)  se trouve à 24 miles de von Hipper. Il s’agit des « Lützow », « Derfflinger », « Seydlitz », « Von der Tann » et « Moltke ». Les deux lignes se font alors face à 14 km de distance.
Après 15h00, les unités Franz Hipper (SMS « Lützow », « Derfflinger », « Seydlitz », « Moltke » et « Von der Tann ») ouvrent le feu  sur les 1re et 2nd Escadres de Croiseurs de bataille (Battlecruiser Squadrons) de David Beatty ( (HMS « Indefetigable », « Queen Mary », « New Zealand »,« Princess Royal », « Lion » et « Tiger »). Tirs auxquels les deux escadres de Beatty ripostent. Aux dires des témoins de la bataille, c’est l’océan qui se couvrit de feu. Des deux côtés, les navires sont encadrés par des geysers provoqués par l’impact des obus sur les flots.

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Vice-Adm. David Beatty

– Mais après environ vingt minutes de combat, le HMS « Indefetigable » est touché de plein fouet par des obus qui font exploser ses tourelles. Après un formidable explosion, le vaisseau coule avec son commandant, le Captain Charles Fitzgerald Sowerby. Seuls 2 marins survivants sont repêchés. Vingt-cinq minutes plus tard, c’est au HMS « Queen Mary » de connaître le même funeste sort. Son commandant, Cecil Prowse, disparaît avec quasiment tout son équipage, excepté 9 marins. A l’annonce de la perte de ses deux croiseurs de bataille, David Beatty lance à ses hommes « il semble que quelque chose ne va pas avec nos navires aujourd’hui ! »

  • De son côté, Evan-Thomas reçoit l’information comme quoi Beatty accroche von Hipper alors que celui-ci tente de rallier Scheer en lançant ses navires vers le sud. Evan-Thomas fait mettre la barre à tribord à ses Dreadnought et vaisseaux d’accompagnement pour rattraper l’Allemand. Mais Beatty alors que Beatty continue d’accrocher la ligne de von Hipper, il apprend que le gros de la flotte allemande de Reinhard Scheer approche par le sud sud-est. Afin d’éviter un choc qui lui serait défavorable, Beatty ordonne de vire de bord afin de rallier Evan-Thomas et ses cuirassés lourds. Les deux vice-amiraux britanniques remontent alors vers le nord, poursuivis à leur tour par Scheer et Hipper… pour mieux leur « barrer le T » une fois de plus.

– Après la perte du HMS « Queen Mary », Beatty décide de rompre pour mettre ses navires hors de portée des pièces de Hipper. Même son Flagship (navire de commandement), le HMS « Lion » a été touché par neuf coups au but de la part des pièces de 280 et 305 mm allemandes. Le HMS « Princess Royal » a encaissé six coups, pour 1 aux HMS « New Zealand » et « Tiger ». Les pièces britanniques de 320 mm (13.5-inch) et de 340 mm (15-inch) ont frappé 5 fois le SMS « Lützow », 6 fois le « Moltke », 5 fois le « Seydlitz » et 2 fois le « Von der Tann ».

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HMS ‘Queen Mary’

– A 16h30, Beatty est informé que le gros de la Hochseeflotte fait cap au nord à toute vapeur pour rallier l’Aufklärungs-Streit-Krafte de Hipper. A 16h40, il ordonne de faire virer ses navires de 180° vers le Nord pour rejoindre le 5th Battle Squadron du Rear-Admiral Hugh Evan-Thomas (HMS « Valiant », « Warspite* », « Barham » et « Malaya ». Mais les Britanniques passent non loin d’une correction en raison d’une confusion de transmission de signal. En effet, le Lieutenant-Commander Ralph Seymour, Flagship Officier de Beatty, omet pendant près de dix minutes de faire donner les fanions signalant à Evan-Thomas d’engager ses navires. Heureusement pour Beatty, à 16h55, Evan-Thomas engage ses quatre Dreadnoughts face aux Allemands ; les « Warspite » et « Malaya » au sud-est face à Scheet et les « Valiant » et « Barham » face à Hipper. Mais la mauvaise visibilité empêche les britanniques de bien ajuster leurs tirs. Les vaisseaux britanniques encaissent plusieurs coups mais leurs pièces de 380 mm réussissent à toucher les SMS « Markgraf », « Lützow », « Seydlitz » et « Derfflinger ».

– Alors que Beatty et Evan-Thomas s’efforcent de barrer la route aux Allemands, Lord Jellicoe ordonne au 3rd Battlecruise Squadron du Rear-Admiral Horace Hood (HMS « Invincible », « Inflexible » et « Indomitable », avec croiseurs légers et destroyers d’escorte). Puis, c’est au HMS « Black Prince » du 1st Cruiser Squadron (Sir Robert Arburthnot) qui arrive en renfort sur le coup de 17h33. Mais le croiseur léger HMS « Chester »  qui épaule les unités d’Arbuthnot se retrouve isolé et quadrillé par les pièces des navires du II. Aufklärungsgruppe du Konter-Ardmiral Friedrich Bödicker (SMS «  Frankfurt », « Elbing », « Pillau » et « Pillau »). Le HMS « Chester » se fait pilonner sans répit sans recevoir l’aide des navires de Hood. Mais à 17h56, le HMS « Invincible » pilonne le SMS « Wiesbaden » qui réussit néanmoins à lâcher plusieurs torpilles.

– A 18h00, Lord Jellicoe, à bord du HMS « Iron Duke », rallie Beatty et Evan-Thomas. Jellicoe demande deux fois à Beatty où se trouve la flotte allemande. Mais en raison de la mauvaise visibilité, Beatty ne peut donner de réponse précise. Néanmoins, Jellicoe place ses forces en arc de cercle pour « barrer le T » à Hipper et Scheer, dans une formation appelée le « Windy Corner ». Cela n’empêche pas les Allemands d’attaquer encore rageusement. Ils réussissent à infliger près de 29 coups au « Warspite ». Le HMS « Defense » reçoit lui aussi une violente bordée de feu et de fer et coule. Les navires de Beatty et de Hood ripostent énergiquement. L’ « Invicible » s’en prend aux « Lützow » et « Derfflinger » mais est touché de plein fouet à une tourelle et explose, encore en raison des obus imprudemment stockés. 1 032 hommes et officiers, dont Horace Hood sont tués. De son côté, l’ « Indomitable » inflige plusieurs coups au but au « Seydlitz ». De son côté, le « Markgraf » malmène le « Princess Royal » avec ses pièces de 305 mm.

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– Mais à 18h30, après avoir rassemblé l’ensemble de ses forces et relevé les positions des unités navales allemandes, Jellicoe ordonne une riposte générale plus coordonnée. Cette fois, 10 dreadnoughts ouvrent le feu sur l’ensemble de la flotte allemande. Cette fois, Scheer voit sa flotte pilonnée par un ennemi largement supérieur en nombre. Les SMS « Derfflinger » et « Lützow » commencent à payer le prix fort. Le premier vaisseau a déà perdu de tourelles.
Pour éviter l’anéantissement, Reinhard Scheer ordonne à sa flotte et à celle de Hipper de mettre le cap à 180° vers le sud. Les commandants de vaisseau allemands profitent alors du brouillard pour échapper au feu des navires britanniques. Du coup ceux-ci doivent cesser le feu, faute de cibles identifiables.
Mais à 18h55, Scheer prend une décision surprenante. Après avoir mis temporairement ses vaisseaux à l’abri, l’Admiral allemand ordonne à toute sa flotte de remettre plein cap vers le nord. Les Allemands se heurtent d’abord au 2nd Light Cruiser Squadron du Commodore William Goodenough (HMS « Birmingham », « Nothigham », « Southampton » et « Dublin »). Celui-ci inflige de sérieux dommages au III. Geschwader (3e escadre) du Konter-Admiral Paul Behncke (SMS « König », « Grosser Kurfürst », « Markgraf » et « Kaiser », avec le concours du SMS « Helgoland »). A ce moment, ce sont les torpilleurs allemands qui entrent dans la danse. Ce duel de petits navires rapides se solde par 5 de perdus pour les Allemands contre 8 pour leurs adversaires.
Mais pour Scheer, la partie est jouée. Il ordonne à Hipper un dernier effort mais non des moindres : retenir les Britanniques pendant que la Hochseeflotte gagne les côtes allemandes.

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SMS Seydlitz

– Dès 20h35, les engagements se font plus confus. Les torpilleurs britanniques réussissent à couler le SMS « Rostock » et à endommager le « Pommern ». Sauf que toute la force de Hipper est privée de sa capacité de combat. Le « Lützow » est immobilisé (il devra être coulé par des torpilleurs allemands après l’évacuation de son équipage) et les autres navires sérieusement endommagés. Finalement Hipper rompt la formation. Mais la confusion aidant, Scheer réussit à passer dans le dos de Jellicoe qui, par prudence ne lance pas la poursuite. Jellicoe sait pertinemment que ses équipages sont moins entraînés au combat nocturne. A partie de 00h30, le gros de la Hochseeflotte parvient alors à se dégager vers le Danemark, talonné cependant par la 13th Destroyer Flotilla du Captain James Farie. Mais après 02h30 du matin, tout est fini.

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Rear-Adm. Horace Hood

– Les 1er-1 juin, les journaux allemands et britanniques clament la victoire. Les Allemands pavoisent en avançant les pertes infligés à leurs adversaires : 6 094 marins et officiers de perdus (dont 1 contre-amiral), de même que 3 croiseurs cuirassés, 3 croiseurs de bataille et 8 torpilleurs. Hipper et Scheer accusent la perte de 2 551 hommes, 1 croiseur de bataille, 1 pre-dreadnought, 4 croiseurs légers et 5 torpilleurs.
Certes mais Scheer est contraint d’abriter sa flotte en Baie de Jacader, alors que la Grand Fleet reste maîtresse des eaux du Jutland. Les pertes britanniques sont davantage dues aux ordres imprudents d’officiers des croiseurs de bataille qui ont été coulés. On a aussi reproché à Jellicoe sa prudence et sa décision de ne pas poursuivre la flotte allemande. Winston Churchill dira avec son ironie coutumière : « Jellicoe est le seul homme capable de perdre une guerre en une seule journée ». Réflexion injuste répliqueront les défenseurs du patron de la Grand Fleet. Pour eux, au vu de la confusion nocturne, Jellicoe a sagement préféré conserver le terrain conquis.
Au final, le 1er juin, la Royal Navy a neutralisé sa rivale pour le reste du conflit. Scheer ne fera plus ressortir ses navires du port de Wilhelmshaffen pour le reste du conflit. Pour Londres, c’est le moment de saisir l’opportunité d’imposer à l’Allemagne un blocus qui aura d’importantes répercussions économiques intérieures. Autre conséquence de la défaite stratégique du Jutland, Berlin relancera la guerre sous-marine dans l’espoir d’affaiblir la Grande-Bretagne. Calcul stratégique hasardeux, au regard du risque pris envers les États-Unis.

 

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L’agonie du SMS ‘Lützow’

Sources :
http://www.jutland1916.com/understanding-the-battle/

* Outre la bataille du Jutland, le « Warspite » restera en service jusqu’en 1945 et participera à Narvik et à « Overlord ».

 

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