La campagne britannique de Mésopotamie (2)

– Le précédent article concernant la campagne de Mésopotamie donnait un aperçu des enjeux stratégiques de la région (lire ici : https://acierettranchees.wordpress.com/2016/01/24/la-campagne-britannique-de-mesopotamie-1/). Fin octobre 1914, Londres déclare la guerre à la Sublime Porte mais manque encore de forces dans cette région.

1 – LA PRISE DE BASORAH

– Le 9 novembre, la 16th (Poona) Indian Brigade débarque à Abadan (Perse) et y chasse les maigres forces ottomanes qui tiennent le secteur. Le 11, les contre-attaques lancées par les Turcs sont repoussés. La prise de Basorah relativement facile fait penser à l’Etat-Major impérial que le secteur peut servir de socle à une prochaine campagne le long du Tigre et de l’Euphrate. Or, la saison est assez mal choisie.
Ainsi, en attendant l’arrivée de la 6th (Poona) Indian Division, la 16th Brigade prend la dénomination de Force D in Mesopotamia. Son commandement est confié au General Arthur Barrett. Celui-arrive à Abadan avec la 18th Brigade le 14 novembre. Les Anglo-Indiens comptent également du ravitaillement et des dromadaires pour le transport. En effet, le climat hivernal de Mésopotamie est bien loin de l’été chaud et aride. Bloqués à l’est par la chaîne des Monts Zagros (frontière naturelle entre la Mésopotamie et la Perse), les courants humides qui remontent de l’Océan Indien provoquent des pluies courtes mais intenses qui font gonfler les eaux des deux fleuves bibliques.

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– Le 16 novembre, Barrett reçoit l’ordre de Londres de capturer Basorah, à condition que la situation politique et la situation militaires soient favorables. Le 17, un dur engagement a lieu à Salih, alors que le terrain est transformé en bourbier par la montée des eaux du Tigre. 500 soldats anglo-indiens et 1 000 Turcs sont tués ou blessés. Barrett dispose alors de quelques navires de transports préalablement regroupés dans le port perse de Mohammerah, ce qui lui permet de pousser son avantage vers Basorah. La ville tombe le Continuer à lire … « La campagne britannique de Mésopotamie (2) »

Salonique et la naissance de l’Armée d’Orient

– Depuis quelques années, l’histoire de l’Armée d’Orient connaît un certain intérêt. Mais l’histoire des « Jardiniers de Salonique » reste encore méconnue. Même si l’on doit à Roger Vercel, le très beau « Capitaine Conan », très bien adapté au cinéma en 1995 par Bertrand Tavernier. Il faut dire qu’à la même époque, la presse se concentrait sur Verdun et les offensives à l’ouest, ne laissant que peu de place aux soldats métropolitains, coloniaux mais aussi aux troupes alliées (Italiens, Britanniques, Serbes, Russes et Grecs dès 1917) qui ont combattu sur le front des Balkans. Les soldats français ayant connu tout autant le froid qu’en France, avec en prime le paludisme et différentes maladies contractées sur place. Sa formation doit répondre à plusieurs impératifs stratégiques pour la continuation de la Guerre : menacer les Empires Centraux par le sud de l’Europe et inciter les Roumains à entrer en guerre aux côtés de l’Entente.
Cependant, la mise en place de la future Armée d’Orient a été sujette à un débat particulièrement ardu entre Français et Britanniques, tout en faisant l’objet d’une féroce rivalité chez les généraux français.

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– L’idée d’une intervention dans les Balkans circule déjà dans les allées du GQG de Chantilly dès 1915. On l’a mise un temps sur le compte d’Aristide Briand (Président du Conseil d’octobre 1915 à mars 1917) et de David Lloyd-George (le successeur d’Asquith au 10th Downing Street). Mais il semble davantage, comme le signale le Colonel Rémy Porte, que son origine revient à Louis Franchet d’Espèrey comme à son chef d’état-major de la Ve Armée, le Colonel de Lardemelle. Celui-ci rédige en novembre 1914 un dossier complet dans lequel il conseille d’entreprendre un débarquement d’une importante force expéditionnaire à cinq corps d’armées à Salonique. Son but, se joindre aux Serbes pour attaquer l’Autriche sur son sol et contraindre les Bulgares à entrer dans l’alliance de l’Entente. Le dossier de Lardemelle est présenté au Président Poincaré et fait l’objet de discussions au Conseil des Ministres. Mais le projet est abandonné car Joffre et ses adjoints estiment déraisonnable d’amputer le front français d’une partie des troupes, alors que le GQG prépare les offensives d’Artois et de Champagne.

– En octobre 1915, l’offensive combinée germano-austro-bulgare sonne le Continuer à lire … « Salonique et la naissance de l’Armée d’Orient »

21 mars 1918 : Offensive de Ludendorf, Opération « Michael »


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21 mars 1918 : Offensive de Ludendorf, Opération « Michael »

Ferdinand Foch

Ferdinand Foch

Maréchal de France, disparu le 20 mars 1929 :

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20 mars 1929 : Disparition du Maréchal Ferdinand Foch

Edouard de Curières de Castelnau

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Édouard de Curières de Castelnau

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Général Edouard de Curières de Castelnau

Alekseï Broussilov

– Sans vouloir le comparer de façon hâtive à son grand successeur soviétique que fut Georgi Joukov, Alekseï Broussilov reste sans doute l’un des meilleurs généraux de l’Armée du Tsar durant la Première guerre mondiale. Sa grande réussite – limitée certes – reste la grande offensive de Galicie qui saigna l’Armée austro-hongroise et contraignit von Falkenhayn à relâcher sa pression sur Verdun.

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– Alekseï Alekseïevitch Broussilov voit le jour le 31 août 1853 à Tiflis (Tbilissi), capitale de la province de Géorgie. Son père, prénommé également Alekseï, est un officier de l’Armée du Tsar Nicolas Ier de rang de Général-Lieutenant et sa mère, Anna Luiza née Niestojemska, une aristocrate polonaise. Et son grand père est un ancien officier de l’Armée d’Alexandre Ier qui a combattu les Français durant la Campagne de 1812. Malheureusement en 1856, Alekseï Broussilov perd son père, victime de la tuberculose. Sa mère suit son époux dans la tombe peu de temps après. Recueilli par des parents, il passe son enfance à Kutaisi, toujours en Géorgie. A quatorze ans (1867), il rejoint le Corps des Pages à Saint-Pétersbourg. Il se fait remarquer comme ayant de grandes capacités intellectuelles, quoiqu’espiègle et enclin à la paresse. En 1872, après avoir échoué à l’examen final du Corps des Pages, il intègre le Continuer à lire … « Alekseï Broussilov »

Evolution de l’emploi de l’Infanterie française en 1916

– Le public a tendance à l’oublier mais en 1916, l’emploi des fantassins français commence à connaître de notables mutations. On se cantonne bien souvent à la vision des « Poilus » défendant leurs positions à Verdun. Mais à l’instar des Britanniques, les Français commencent à réfléchir à l’amélioration de l’emploi de leur Infanterie pour les assauts. Il s’agit là d’un impératif au regard des saignées de 1914 et de 1915. Constatant (enfin) que l’emploi des grandes vagues d’infanterie envoyées pour déborder les positions ennemies ne donne que des résultats sanglants, les généraux français débattent de l’utilité de ne plus miser essentiellement sur le nombre mais sur la mobilité et la puissance de feu.

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Fantassins français s’entraînant au maniement du Canon de 37mm Mle 1916 à tir rapide

– Le Commandement comprend très vite l’intérêt de maintenir temporairement des unités à l’arrière pour leur dispenser une instruction plus poussée sur les nouvelles méthodes de combats. Ainsi, Joffre ordonne-t-il de « réduire au strict minimum les forces laissées en première ligne pour permettre de perfectionner l’instruction des troupes » (octobre 1915). Contrairement aux Britanniques où les réflexions se font individuellement ou collectivement dans les états-majors des Divisions ou des Corps (Ivor Maxse), les débats chez les Français s’effectuent dans les états-majors d’Armées et de Corps d’Armée. Préparant son offensive sur la Somme, Ferdinand Foch (alors à la tête du Groupe d’Armées du Nord) préconise une « progression par bonds » et non plus une attaque par vagues. Foch souscrit également aux idées nouvelles du Capitaine André Laffargue, fondées sur Continuer à lire … « Evolution de l’emploi de l’Infanterie française en 1916 »

Lecture du moment : le Journal du Général Edmond Buat

1 481 pages, rien que ça ! Georges-Henri Soutou et le Colonel Frédéric Guelton ont publié et annoté fin 2015 le « Journal » de guerre du Général Edmond Buat (1868-1923), officier français resté longtemps peu connu du grand public. Et pourtant, l’Armée française de 1918 lui dut beaucoup, notamment pour avoir créé et commandé la Réserve générale d’Artillerie lourde (RGAL).

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– Il ne s’agit pas ici de mémoires de guerre. En effet, celles-ci sont toujours écrites après un conflit avec une forte dose de justification des décisions prises, avec une propension à se défausser sur ses rivaux du moment. Le travail du Général Buat se présente comme un imposant journal composé de douze cahiers et couvrant dix années de service (1914-1923). Il s’agit néanmoins d’un travail inachevé en raison du décès soudain de son auteur suite à l’échec d’une opération médicale.
Chaque cahier est décomposé en notes rédigées quotidiennement sur le déroulé des journées du général. Comme le précise Georges-Henri Soutou en introduction, le Journal d’Edmont Buat a le grand intérêt d’une certaine fraîcheur et d’une spontanéité qu’on ne retrouve pas dans des mémoires. Emile Fayolle a laissé un travail comparable, quoique moins fourni, avec ses notes de guerre. Par choix personnel, nous nous bornerons à parler partiellement de la période couvrant la Grande Guerre et 1919.

– En quoi le journal du Général Buat est-il instructif ? Tout d’abord, Continuer à lire … « Lecture du moment : le Journal du Général Edmond Buat »

Paul Emil von Lettow-Vorbeck : l’invaincu « Lion d’Afrique »

Loin des tranchées boueuses de France et des plaines froides de Russie, une guerre de mouvement s’est jouée durant quatre ans dans l’actuelle Tanzanie. Personne n’aurait donné cher de la survie de la colonie allemande, d’autant que le Togo et la Namibie tomberont rapidement au sein des forces françaises et du Commonwealth. Et pourtant, Paul Emil von Lettow-Vorbeck va mener une guerre d’escarmouches et de guérilla particulièrement efficace contre des forces plus de dix fois supérieures en nombre. Une campagne d’autant plus remarquable, que les troupes africano-allemandes ont tenu la colonie encerclée par les possessions anglo-belgo-portugaises sans recevoir un important soutien logistique de Berlin. Mais cette campagne fut également marquée par la mort de civils indigènes en raison de la pratique de la terre brûlée.

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– Paul Emil von Lettow-Vorbeck voit le jour le 20 mars 1870 à Sarrelouis au sein d’une famille de la petite noblesse poméranienne. Son père est un officier de l’Armée prussienne alors en garnison en Rhénanie. Suivant l’exemple paternel, Paul-Emil suit sa scolarité aux Cadets de Potsdam avant d’intégrer la Lichterfelde de Berlin en 1888, l’année où Guillaume II devient Kaiser d’Allemagne. Deux ans plus tard, le jeune von Lettow-Vorbeck sort diplômé avec le grade de Leutnant. Après une dizaine d’années d’affectations en casernes, Paul-Emil von Lettow-Vorbeck fait partie du contingent allemand envoyé à Pékin contre les Boxers. Si le contingent arrive après le dégagement de Pékin, von Lettow-Vorbeck fait l’apprentissage des combats de guérilla et comprend très vite que les techniques de combat des rebelles chinois ont un effet néfaste sur la discipline de la troupe. Après un retour en Allemagne, von Lettow-Vorbeck revient en Chine au sein de l’état-major allemand avec le grade de Hauptmann (Capitaine). Dès lors, sa carrière prend une dimension coloniale.
En 1907,il intègre le corps expéditionnaire du Continuer à lire … « Paul Emil von Lettow-Vorbeck : l’invaincu « Lion d’Afrique » »