Au début de 1944, la propagande allemande proclame encore que le « Mur de l’Atlantique » (« Atlantikwall ») est infranchissable aux Armées alliées, protégeant ainsi la « Forteresse Europe ». Mais sur le terrain, la réalité est moins reluisante. En effet, la « forteresse » n’est pas encore achevée et manque de moyens, même si les Blockhäuse érigés entre le Cotentin et Dunkerque ne manqueront pas d’impressionner. Ainsi, sur le littoral du Calvados et du Cotentin (soit entre l’estuaire de la Seine et Cherbourg), le réseau défensif poliorcétique du Reich n’est pas encore complet. Mais il ne manque pas d’inquiéter les alliés car les défenses de la Basse Normandie restent assez redoutables. Il suffit de se rendre au Mont Canisy, à Juno Beach, à Longues-s/-Mer et à la Pointe du Hoc pour s’en rendre compte. L’objectif de cet article est moins de dresser l’histoire du Mur de l’Atlantique en Normandie que d’en voir la complexité, les forces et les faiblesses.

– En 1942, Hitler ordonne à l’Organisation Todt d’ériger un gigantesque réseau fortifié en béton afin de protéger la « Forteresse Europe ». Mais les films d’actualité tournés sous la direction du Ministère de la Propagande du Reich masquent un impératif stratégique plus préoccupant pour l’Allemagne. En effet, en décembre 1941, les Etats-Unis sont entrés en guerre, contrairement aux estimations optimistes de Berlin. Et la machine industrielle américaine commence à tourner à plein régime et sort des centaines de navires de ses chantiers navals. En raison des nettes limites de la Continuer à lire … « Etat du Mur de l’Atlantique en Normandie à la veille du 6 juin 1944 »