On pense tout savoir sur la Wehrmacht. Cependant, l’armée d’Hitler (Heer, Kriegsmarine et Luftwaffe) fait encore l’objet de visions partielles et lacunaires, couplées à une forme de fascination pour le Feldgrau et les Panzer.
Benoît Rondeau, historien spécialiste de l’Armée allemande et auteur d’une biographie d’Erwin Rommel nous propose une exploration des forces armées du Troisième Reich. L’ouvrage n’est pas une étude stratégique ou opérationnelle (sujets sur lequel les études nouvelles ne manquent pas) mais une plongée au cœur de la machine de combat nazie. L’auteur met en évidence tout ce qui conditionne et cadre les soldats des trois armes et ceux de la Waffen-SS : entraînement, équipement, formation idéologique, vie de caserne, vie en campagne etc. L’ouvrage montré très bien comment ces facteurs ont contribué à faire de la Wehrmacht un acteur (et non pas un témoin passif) des crimes de guerre sur les différents fronts (URSS, France, Méditerranée, Balkans, Italie…). Une armée féroce concurrente de la Waffen-SS et la SS d’une part mais largement complice de l’autre. Autre intérêt du livre, la mise en évidence de la dichotomie entre une Wehrmacht portée sur l’excellence tactique et technique, du moins jusqu’en 1942, mais qui tend à glisser vers une armée à l’équipement hétéroclite et à plusieurs vitesses.
Enfin, en dernière partie, Benoît Rondeau nous montre comment la Werhmacht vaincue de 1945 a su – et pu – se construire le mythe d’une armée « honorable » qui n’a été vaincue que par le surnombre. Et combien cette légende a suscité de l’intérêt dans la culture d’après-guerre, imprégnant encore celle d’aujourd’hui.
Un livre bienvenu pour l’été une vision démythifiée d’une armée qui a longtemps été fantasmée. Surtout à la veille du quatre-vingtième anniversaire du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
Acier et tranchées 