– LA PRISE DE WESTHOEK
– Le 31 juillet, la Fifth Army a emporté son premier objectif (Albrecht-Stellung) mais n’a pas atteint le second. Mais Gough décide de ne pas relâcher la pression et de sécuriser le Plateau de Gheluveld en s’assurant le contrôle de Westhoek, de Glencorse Wood, d’Inverness Copse et Fitzclarence Farm. Sauf que le Lieutenant-General John Davidson, Chef des Opérations du BEF, propose plutôt de retarder l’attaque en attendant la fin du mauvais temps, d’autant qu’une carte trouvée sur un prisonnier indique le positionnement des nids de mitrailleuses pour les premières lignes.
– Gough souhaite relancer ses 3 divisions combattantes le 31 (24th, 30th et 8th) immédiatement mais Davidson lui souligne que c’est trop précipité et que ces divisions sont fatiguées. Mieux vaut lancer les divisions fraîches pendant que les autres refassent leur force. Gough consent alors à faire entrer en lice ses deux divisions de réserve, soit la 18th (Eastern) de Richard Lee – réputée solide – et la 25th de Guy Bainbridge. Du coup, l’attaque doit être retardée le temps que s’effectue la relève de chaque Brigade ; En revanche, à cause de l’état abject du sol, il est hors de question d’employer des Tanks qui risqueraient d’être vite inutiles. Selon le plan couché par Gough et Davidson, les deux divisions doivent attaquer avec 2 Brigades (54th et 55th pour la 18th – 74th et 75th pour la 25th) en laissant leur troisième en réserve pour les phases de consolidation – conquête.
– Sauf qu’avec une pluie incessante qui dure une semaine et détrempe encore davantage le terrain, Gough ne peut lancer son offensive que le 10 août. Du coup, les aviateurs ne peuvent décoller et aiguillonner les tirs d’artillerie. Et les Allemands en profitent, puisque leur artillerie lourde, à l’abri derrière le plateau, répond constamment à sa rivale. Les batteries britanniques enregistrent de lourdes pertes, si bien qu’elles doivent être réduites de moitié en termes de pièces et de servants.
– En face, les Allemands ne restent pas inactifs non plus. Ainsi, pour « muscler » la défense en profondeur de la IV. Armee et du Gruppe « Iepern », Friedrich von Lossberg a ordonné que chaque Trupp de 8 hommes intégré à la défense de la première ligne se voit adjoindre quatre autres servant une mitrailleuse légère Maxim MG 08/15. Le tout formant ainsi, une Stosstrupp à la puissance de feu collective accrue. La seconde position allemande est tenue par la 54. Infanterie-Division d’Otto von Watter, positionnée entre la voie ferrée Ypres – Roulers et Nonne Bossche (Reserve-Infanterie-Regiment Nr. 90 avec le RIR Nr. 27 en soutien) et la 52. Reserve-Division d’Emil Walsdorff qui tient la ligne Nonne Bossche – « Tower Hamlets » (au nord de l’éperon de de Bassevillebeek). Seulement, son RIR Nr. 239 qui doit subir l’attaque britannique n’est pas au milieu de sa forme et accuse une sérieuse baisse de moral.
– Mais les soldats des deux côtés souffrent de maladies dues à l’humidité, la boue, la pluie et aux cadavres en putréfaction qui empestent l’air. Ainsi, un rapport du Reserve-Regiment Nr. 19 du 4 septembre fait état de 165 hommes qui ont été renvoyés à l’arrière pour des seuls cas de gastroentérite. Et quand il n’y a pas d’offensives majeures, les Britanniques lancent plusieurs raids – parfois menés par 1 ou 2 compagnies – sur les premières lignes allemandes, avec plus ou moins de succès car les Allemands réussissent à trouver plusieurs parades, notamment à l’aide de tirs de barrages de l’Artillerie (1).
– L’attaque a donc lavant le levée du jour le 10 août. La 18th (Eastern) Division attaque dans les secteurs baptisés « Stirling Castle Ridge », « Jasper Avenue », « Inverness Copse » et « Glencorse Wood ». Mais elle se retrouve vite soumise à une violente riposte des mitrailleurs allemands, même si ses Tommys réussissent à rejeter les soldats démoralisés de l’IR. Nr. 239 de ses positions défensives. Au prix de durs combats, les Britanniques réussissent à prendre Inverness Copse et Glencorse Wood mais leurs bataillons de tête se retrouvent vite isolés et quadrillés par la riposte d’artillerie allemande. A Glencorse Wood, le Reserve-Infanterie-Regiment Nr. 238 et le RIR Nr. 6 (9. Reserve-Division*) se regroupent au niveau du « Bois du Polygone » pour passer à la contre-attaque sur les flancs de la 54th Brigade derrière un écran de fumée et un violent « ouragan » de feu. Après un violent combat, la 18th Division doit se replier sur ses bases de départ.
– Du côté de la 25th Division, l’assaut se déroule mieux. La 74th Brigade moins de 2 km, enlève plusieurs points de mitrailleuses et repousse les troupes de l’IR. Nr. 90 de la 54. Division. Un groupe de soldats retranchés dans un blockhaus résistent un temps mais sont réduits au silence par l’intervention des mortiers Stokes. Mieux, la brigade s’empare de Westhoek et se retranche derrière la Vallée de Hanebeke, un petit cours d’eau. Les Allemands font donner les bouches à feu mais les Tommys parviennent à maintenir le contact avec l’arrière et demandent l’appui de l’artillerie de campagne qui pilonne efficacement les secteurs de rassemblements allemands, anticipant de possibles contre-attaques. Seulement, avec la perte de Glencorse Wood qui libère des éléments allemands, la consolidation est rendue très difficile, voire impossible sur le flanc droit. Cependant, Bainbridge parvient à envoyer 1 bataillon de la 7th Brigade en renfort de la 74th, avec 2 mitrailleuses Vickers. Les Allemands lancent une série de contre-attaques durant la journée mais toutes sont brisées. L’attaque britannique cesse avec le contrôle de Westhoek et ce, au prix de 2 800 hommes perdus dont plus de 400 tués seulement (1 500 hommes pour la 18th Division et 1 291 pour la 25th).
– Du côté allemand, si la résistance s’est montré relativement solide par endroits (en dépit des faiblesses de plusieurs régiments), les chefs d’unités trouvent de quoi être inquiets. En effet, effectuant une tournée d’inspection au sein du HG « Nord » le 15 août, Erich Ludendorff fait savoir au Kronprinz Rupprecht qu’il s’attend à une offensive française dans le secteur de Verdun** et n’aura aucun renfort à lui envoyer, alors que plus de 87 000 soldats ont déjà été perdus depuis le 1er juin.
* Rameutée de Reutel
** Seconde bataille éponyme, déclenchée par Pétain à l’automne sur des objectifs limités (Cote 304 et Mort-Homme).
(1) – SHELDON J. : « German Army at Passchendaele »