« Mordre et tenir » : la bataille de la Crête de Messines (7-10 juin 1917) – 3

Avec l’explosion des mines et le tir de barrage, la zone avancée du Gruppe « Wytschaete » est entièrement neutralisée. Ceux qui ont survécu à l’explosion des mines sont soit blessés, soit particulièrement choqués. Même dans les secteurs épargnés par les mines (comme Petite douve ou The Bluff), beaucoup de soldats allemands se retrouvent hors d’état de combattre en raison de l’ouragan de feu qui s’abat sur eux.
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10 – L’ASSAUT DU 7 JUIN : UNE RÉUSSITE POUR UN OBJECTIF LIMITE

— Quand les soldats britanniques surgissent de leurs tranchées et parviennent devant les lignes allemandes, des soldats ennemis hébétés ne cherchent même pas à résister, hormis une petite poignée. Les artilleurs de von Laffert voient bien jaillir des fusées éclairantes signalant la demande d’un tir de riposte. Mais comme eux-mêmes ne savent pas sur quoi tirer, ils mettent entre cinq et dix minutes pour envoyer leurs premiers obus vers les lignes britanniques, avant de connaître la cinglante réplique de la contre-batterie (1).

– Au même moment, les Battalions de tête sont bien en marche. Sauf que beaucoup d’officiers ont sous-estimé l’obstruction à la progression causée par les explosions de mines. Et la visibilité est même diminuée en raison des retombées de poussière. Du coup, sur le terrain, les hommes doivent s’orienter à la boussole. Néanmoins, les fantassins marchent 65 m derrière le premier lift de barrage. Les « mopping platoons » se chargent de « récolter » les prisonniers. Le premier objectif (Red Line) est pris peu avant 03h50. A 04h00, la 25th Division britannique (G. Bainbridge) et la New Zealand Division (Russell) commencent à rencontrer quelques résistances dans le secteur de Messines. Mais la ténacité des Néo-Zélandais (2nd et 3rd Brigades) permet de nettoyer  les points de résistances et d’avancer vers Messines. Seule la 47th (2nd London) Division (G. Gorringe) se retrouve bloquée devant Château blanc. Devant repousser deux assauts, elle ne peut repartir qu’à 07h50.

Mais il n’en reste pas moins qu’à 05h00, la Blue Line (objectif intermédiaire) est atteinte. A 07h00, les trois corps d’armée relancent leur avance alors que le temps de fin de printemps s’annonce radieux. Les 41st, 19th, 25th et NZ Divisions lancent alors leurs troisièmes brigades  jusque-là maintenues en réserve. Entrant dans la danse au petit matin, les Nord-Irlandais unionistes de la 36th (Ulster) Division d’Oliver Nugent s’emparent de Wytschaete (2). Une ironie dont l’histoire est si friande fait que les volontaires protestants de Belfast, de Derry et d’Antrim se retrouvent à combattre presque épaule contre épaule avec les Catholiques de la 16th (Irish) Division de W. Hickie.

– A 07h30, la 47th Division, visiblement moins chanceuse, se heurte à une nouvelle résistance obstinée à Spoil Bank sur son flanc gauche. Des rescapés de la 204. ID résistent alors à deux assauts avec l’aide de mitrailleuses positionnées dans le Battle Wood. Il faut au britannique de faire donner l’artillerie pour régler la question. A 08h40, les Britanniques mettent le pied sur Black Line, avant de se lancer sur la ligne d’observation. Celle-ci est prise et les Irlandais consolident immédiatement la position afin de repousser toute contre-attaque allemande (4).

– Du côté allemand, l’explosion des mines, les unités placées aux avant-postes tentent désespérément de réorganiser leurs positions et de demander l’appui des unités placées dans les secondes et troisième lignes. Par conséquent, dans tous les cas, les estafettes restent la meilleure solution. On fait appel également aux chiens mais la tentative s’avère infructueuse Mais les rapports qui arrivent aux QG d’Abteilungen et de régiments sont particulièrement confus, ce qui empêche d’organiser une défense efficace. Ce qui, du coup, permet aux Britanniques de prendre rapidement le dessus durant les premières heures. On voit des cas d’abnégation néanmoins remarquables. Ainsi, apprenant que son unité est sur le point d’être anéantie, le Major von Kohlmüller, commandant du III/Kaiserliche-Bayerische-Regiment Nr. 17 rassemble tout ce qu’il a sous la main autour de son PC du Blockhaus « Thümmelschloss » et ordonne de tenir jusqu’au dernier homme.

– Parc conséquent, c’est la ténacité de petites unités qui freine l’avance des troupes de Plumer, bien que celle-ci ne s’arrête pas. Mais il y a de mauvaises surprises, alors qu’elles convergent vers Messines (toujours bombardée par l’artillerie lourde), les 3rd Australian et 2nd NZ Divisions tombent sur des défenses en bon état, avec réseau de tranchées et abris en profondeur. Avançant derrière un barrage roulant qui tire tous les 100 m, les Néo-Zélandais du Major-General Russell se heurtent à des tirs de mitrailleuses. L’une est réduite au silence par un Tank Mark IV. Les deux autres sont neutralisées à la grenade. Passé cet obstacle, les Néo-Zélandais se lancent à l’intérieur de Messines et y délogent le KBR Nr. 17 à l’issue d’un combat aussi féroce que confus. Au nord de Messines dans le secteur de la Hell’s Farm (« Ferme de l’Enfer »), les hommes menés par l’héroïque Major von Kohlmuller repoussent deux assauts de la 71st Infantry Brigade de la 25th Division aux abords du Thümmelschloss. Mais les Britanniques finissent par prendre Hell’s Farm et von Kohlmuller est tué par un obus. A cet instant, le KBR Nr. 17 a quasiment été rayé de l’organigramme de la 4. KBD (5).

– Par contraste, dans le secteur attribué au IXth Corps, l’avance des divisions vers Wytschaete est beaucoup plus aisé. Bien que contrainte de progresser dans un terrain défoncé par les trous d’obus, la 36th (Ulster) Division d’Oliver Nugent gagne vite ses premiers objectifs. Au nord-ouest du village de Wytschaete, les 16th (Irish) et 19th (Northern) Divisions ne doivent faire face qu’à un seul point de résistance connu sous le nom de « L’Hospice ». Mais au nord, le Xth Corps de Sir Thomas Morland se heurte à plus de difficulté. Ainsi, la 41st (Southern and Home Counties) Division (S. Lawford) se heurte à une résistance tenace sur Damm Strasse, entre Château Blanc et la route Saint-Eloi – Oosttaverne. Cela tient au fait que la concentration de défenseurs du Gruppe « Wytschaete » est plus important qu’ailleurs, avec deux divisions pour tenir 4 km. Si finalement, la défense de Damm Strasse est en-deçà des inquiétudes du Major-General Lawford, du fait des dégâts infligés par l’artillerie. En revanche, Blanc Château est une noix plus dure à casser pour la 47th (2nd London) Division du Major-General de George Gorringe. Le château réduit à un tas de ruines, ne s’en trouve propice à la défense en abritant des mitrailleuses. Il faut trois attaques à la 140th Brigade de H. Kennedy (1/6th, 1/7th, 1/8th et 1/15th Bns London Regiment) pour prendre la position avec l’appui de mortiers Stokes. Mais au bout du troisième assaut, 64 hommes de la 204. ID se rendent (7).

– Mais à 05h00, quasiment tous les objectifs sont pris. Et à 07h00, Plumer ordonne de relancer l’offensive en direction du second objectif, 800 m à l’est. De son côté, l’artillerie réduit sa cadence de tir à 1 coup/minute, créant une zone de feu de 300 m derrière la ligne de consolidation. En revanche, les Tanks, trop lents pour suivre l’infanterie se retrouvent confrontés aux difficultés du terrain. Du coup, l’avance reprend. Les ANZACS mettent à mal la coordination de l’artillerie allemande à Blauwen Molen (un moulin détruit) et capturent 100 Feldgrauen à la Ferme de Fanny, avec l’appui bienvenu des canons de 6-pdr d’un Mark IV. En revanche, un ensemble de bunkers à la Ferme Lumm cause davantage de difficultés à la 25th Division et engendre une certaine confusion dans la liaison avec la 36th (Ulster). En revanche, dans le secteur du IXth Corps de Hamilton-Gordon, les deux brigades de tête de la 16th (Irish) Brigade s’emparent facilement de Wytschaete, réduite à un amas de gravats. Cette prise permet au IXth Corps de s’approcher de Black Line.  Par contre, la 47th Division se heurte encore à un obstacle de taille situé au nord du canal Ypres-Comines, le « Spoil Bank ». Il s’agit d’un point fortifié de 400 m de long qui abrite des mitrailleuses et dont la configuration fait penser un navire  de guerre confédéré (8). La 142nd Brigade de V. Bailey est chargée de s’en emparer. Les 1/21st (Queen’s Bn) et 1/24th (Surrey Rifles) Bns lancent deux assauts pour s’en emparer. Après avoir réussi à l’accrocher, elle la brigade doit se replier et laisser la besogne à l’artillerie. Mais les derniers prussiens qui défendent Spoil Bank ne se rendront que vingt-quatre heures plus tard.
Plus au nord, la 23rd Division de James Babington doit s’emparer de Battle Wood dans la matinée. Mais les difficultés viennent de tirs qui proviennent du Mont Sorrell. Et la 7th Brigade ne parvient pas à achever sa consolidation. Mais c’est grâce à la prise de Château blanc que les 23rd et 41st Divisions peuvent emporter leurs premiers objectifs.

– Cependant, après la conquête de Black Line, des soldats creusent et consolident des tranchées, pendant que les servants de mitrailleuses Vickers et de mortiers 3in Stokes franchissent le no man’s land pour venir se poster en première ligne. D’autres Tommys et ANZACS qui emportent vis et fils barbelés s’emploient à dresser un nouveau réseau sur les lignes conquises. Plus en arrière, quand Charles Harington informe Plumer que la Crête de Messines est tombée, le vieux général pose la main l’épaule de son chef d’état-major et des larmes jaillissent de ses yeux (8).

– De leur côté, les artilleurs allemands ne peuvent pas riposter efficacement car à la levée du jour, des essaims d’appareils du RFC viennent harceler les batteries du Gruppe « Wytschaete » ainsi que les hangars et les aérodromes. Pendant ce temps, les trois corps font avancer leurs divisions de réserve pour la troisième phase. La 4th Australian Division de John Monash pour le II ANZAC, la 11th Division (H. Davies) pour le IXth Corps et la 24th Division (L. Bols) pour le Xth Corps.
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11 – LA CONTRE-ATTAQUE ALLEMANDE DONNE DANS LE PANNEAU

– Comme l’explique le Lt.Col. Alexander Turner, la rapidité et la férocité de l’attaque britannique surprend complètement Maximilian von Laffert. Ses deux divisions de contre-attaque – la 3. KBD et la 35.ID – se retrouvent aux prises avec les unités ennemies dès le matin du 7 juin, sans compter qu’elles sont déjà fatiguées par les deux semaines de bombardement. Pour les remplacer, il n’y a que la 1. Gardes-Reserve-Division au sud (Wervicq) et la 7. ID au nord (Menin).
Le 3 juin, von Arnim avait décidé de déplacer la 7.ID de von der Eich de Houthem (10 km en arrière du front) à Gheluvelt. En fait, il craignait qu’une attaque contre Messines ne s’ensuivre rapidement d’une seconde sur un axe Ypres-Menin, ce qui force toutefois l’unité à marcher 8 km de plus. La 1. GRD reçoit de se mettre en marche aux premières heures depuis la Garde-Dieu. Sauf que l’unité n’a guère eu le temps de se reposer ayant fait mouvement depuis Arras la nuit précédente. Pire encore, les commandants de compagnies et de bataillons ne connaissent pas le terrain sur lequel ils doivent combattre (8).

– Mais la situation  du Gruppe « Wytschaete » reste bien plus dramatique. En effet, sa chaîne de commandement se trouve complètement disloquée, et il ne reste qu’à von Laffert que quelques bataillons de réserve des 2. et 40. ID sur la ligne d’Osttaverne. Ordre est donné au KBR. Nr. 5 d’attaquer entre Douve et Messines pour 07h00 mais le projet se révèle impossible. A l’avant, dans le cas où il faut lancer des contre-offensives planifiées (Gegenangriff), les régiments doivent connaître le terrain sur lequel ils doivent attaquer. Or, von Laffert est complètement aveugle, sourd et muet avec ses unités de tête, alors qu’il doit colmater des brèches. On remarque-là encore la limité des capacités de communication de l’époque (9).

– La 1. GRD arrive la première pour refouler la vague d’assaut britannique dans le secteur de Messines et de placer, conformément au système des Gruppen, plusieurs de ses régiments sous les ordres de la 3. KBD. Sauf que Kurt von Wenninger est tout aussi aveugle. Or, de l’autre côté, les Britanniques sont en train de consolider leurs lignes en installant les Lewis et Vickers. Or, la contre-attaque allemande tourne vite à la catastrophe. Quand ils franchissent la ligne d’Osttaverne en direction de Blauwepoortbeke, Gardes et Bavarois se heurtent à un mur de feu britannique. Mitrailleurs, Fusiliers et servants de Stokes solidement retranchés déversent une grêle de fer et de feu sur des Allemands qui, du rôle de défenseur, sont passés à celui d’attaquant mais dans une improvisation presque intégrale. Le traquenard élaboré par Plumer fonctionne à plein.

– Du côté de la 7. ID, celle-ci se trouve placée sous les ordres du Generalleutnant Meister, commandant de la 2. ID. Leur objectif, particulièrement optimiste est de reprendre Wytschaete. Mais c’est sans compter sur les tubes britanniques (6in et 60-pdr) qui transforment la marche d’approche en véritable calvaire. Celui-ci n’est allégé que grâce à la 35. ID qui a déjà fort à faire entre le Mont Sorrell et Spoil Bank. La seule bonne décision que peut prendre von Laffert est de renforcer la ligne d’Osttaverne, puisque les Britanniques ne vont pas s’arrêter là.

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Alexander Godley, commandant du II ANZAC

12 – LES COMBATS POUR OOSTTAVERNE

– Cependant, les Britanniques connaissent eux aussi leurs premières difficultés, comme une redondance par rapport aux engagements précédents. En effet, passé les premiers succès, les divisions de la Second Army connaissent des problèmes de communications entre les PC bataillonnaires, brigadiers et divisionnaires, car les informations de première ligne arrivent de façon irrégulière et parcellaire. En outre, les compagnies de tête ne peuvent employer que des estafettes ou user de moyens rudimentaires (lampes, fanions, klaxons) pour communiquer avec l’aviation. Pire, comme l’explique John Keegan, engager les divisions de réserve dans l’attaque implique de les faire passer à travers les lignes conquises par les deux divisions les ayant précédées, ce qui vient accroître la confusion. La planification des mouvements de chaque Battalion pouvant prendre plusieurs jours en période relativement calme, dans une phase de combat, la difficulté est tout autre en raison de la perte relative de cohésion entre les unités. Par conséquent, la dynamique de l’attaque s’essouffle (10).

– C’est qui arrive en premier lieu à la 4th Australian Division de William Holmes. Quand elle entre en lice, elle ne reçoit pas l’ordre de se placer sur la ligne d’observation. Or, l’ordre parvient par téléphone au QG avancé de la NZ Division qui envoie des estafettes avertir les Australiens de ne pas bouger, alors que ces derniers se sont déjà mis en route. C’est pire pour la 33rd Brigade de la 11th (Northern) Division qui doit littéralement trouver son chemin. Mais la 57th Brigade (Cubitt) de la 19th (Western) Division, alors gardée en réserve, guide la 33rd à l’assaut, faisant ici preuve de souplesse et d’initiative.

– C’est à 15h10 que l’attaque est relancée. L’artillerie ouvre un barrage roulant sur la ligne d’Osttaverne. La 4th Australian Division, appuyée par des Mark IV (les « Rumblebelly »), doit abattre le gros du travail, en dégageant la Vallée de Douve et la moitié sud de la Vallée de Blauwepoortbek. Le secteur, plus propice à la défense qu’au nord, est défendu par un groupement de régiments allemands provenant d’unités différentes (IR. Nr. 51, GRR. Nr. 2 et 1, IR. Nr. 64, KBIR Nr. 9 et 11). Et le secteur comporte deux lignes de tranchées, avec des abris et des postes de mitrailleuses qui ont été épargnés par le barrage d’artillerie. Mais pour cette mission, Plumer peut compter sur les solides vétérans australiens qui ont déjà connu les assauts de la Somme et de Bullecourt. Néanmoins, les « Aussies » connaissent des pertes, notamment parmi les jeunes officiers. Mais le savoir-faire acquis par les Australiens (44th, 47th et 48th Aus. Bns) leur permet de s’emparer des points fortifiés, notamment de la « Tranchée de l’Oxygène », de la Ferme Despagne et de Hun’s Walk. Du coup, les derniers défenseurs de la ligne d’Osttaverne préfèrent déguerpir. Ensuite, les 12th et 13rd Australian Brigades attaquent dans la Vallée de Blauwepoortbek mais échoue à s’en emparer le 7 juin. Ça ne sera que le 9, que les 45th, 50th et 52nd Austratlian Battalions réussiront à s’en emparer après le retrait du Gardes-Reserve-Regiment Nr. 1. Plus au nord, à la limite du dispositif de l’ANZAC et du IXth Corps, le 52nd Australian Battalion prend le risque d’attaquer sur sa gauche, ce qui allège la tâche de la 33rd Brigade qui capture les Fermes de Joye et de Van Horn. Sauf que l’initiative cause un vide dans le dispositif de la 13th Brigade. Du coup, jusqu’à 23h30, la situation australienne dans le secteur reste particulièrement confuse, face à l’IR. Nr. 51 qui finit tout de même par se replier. Il faut une attaque de la 57th Brigade pour donner de la cohésion aux lignes anglo-australiennes. Grâce à leur bonne connaissance du terrain acquis grâce à la maquette, les compagnies d’attaque savent très bien quels sont leurs objectifs et ont pu s’en emparer sans se perdre.

– Par conséquent, au sud, la 10th Australian Brigade (avec les 36th et 43rd Aus. Bns)  progresse le long de la vallée de Douve et s’empare de la Ferme de la Poterie, contraignant les KBIR. Nr. 9 et 11 à se replier en direction de Warneton. L’attaque va également pour le mieux au nord, du côté du Xth Corps de Morland. En effet, les 2 Battalions de tête de la 17th Brigade ne subissent que 6 pertes. Le seul obstacle est constitué par le Spoil Bank qui cloue la 142nd Brigade. Pour la prise de la Ligne d’Oosttaverne, les Britanniques et Australiens ont mis la main sur 48 canons, au lieu des 120 prévus par l’état-major de la Second Army.

– Mais dans la nuit du 8 juin, avec l’arrivée de toute la 7. ID dans le secteur, les Allemands repassent à l’attaque pour reprendre la ligne d’Oosttaverne. L’artillerie allemande donne alors de la voix contre les positions australiennes. Certains bataillons doivent se replier mais d’autres tiennent encore fermement sur place. Confusion chez les Allemands qui croient que la ligne est retombée entre leurs mains. Alexander Godley ordonne alors à ses ANZACS de lancer une contre-attaque pour rejeter les assaillants. William Holmes donne alors l’ordre aux 12th et 13th Brigades (44th, 45th, 47th et 48th Bns) d’attaquer entre les Vallées de Douve et de Blauwepoortbek et à Hun’s Walk. Pendant ce temps, Holmes obtient du IXth Corps qu’il prenne la responsabilité du secteur du 52ndAus. Bn afin de mieux concentrer ses forces. La réorganisation du dispositif australien prend toute la journée du 8 mais le secteur reste calme, exceptée pour la 3rd Australian Division de Monash qui subit un harcèlement aérien en règle.

– La nouvelle attaque du II ANZAC a lieu le 10 juin, avec les deux divisions australiennes. Mais le projet de Godley est rendu inutile grâce aux Allemands. En effet, le 9 juin, Sixt von Arnim rencontre le Kronprinz Rupprecht de Bavière et les deux généraux conviennent d’un repli sur la ligne Houthem – Warneton, avec le renforcement des positions. Finalement, les 11-12 juin, Britanniques, Australiens et Néo-Zélandais renforcent leurs positions conquises.
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13 – BILAN

– Les pertes britanniques s’élèvent à plus de 24 500 hommes contre 25 000 hommes selon les chiffres officiels allemands. Si elles ont été légères le 7 juin, le bilan s’est alourdi dans les jours d’après en raison des échanges d’artillerie et des combats pour la prise du Plateau de Gheluvelt qui seront engagés dans la foulée. Les ANZACS de Godley le plus souffert (ils attaquaient à l’endroit le mieux défendu) avec plus de 12 000 hommes perdus sur environ 50 000. Dans les formations britanniques les pertes sont moindres avec 6 600 pour le XIth Corps de Hamilton-Gordon et  5 200 pour le Xth de Morland. Mais du côté allemand, de l’aveu même d’Erich Ludendorff, l’attaque de Plumer a définitivement privé la IV. Armee d’une partie de ses forces. Hans von Kuhl estime quant à lui qu’il s’agit de la « pire défaite » de l’Armée allemande. Chez les Britanniques, nombreux sont qui sont unanimes pour dire que la prise de la Crête de Messines fut un succès, d’autant que les moyens déployées peuvent paraître disproportionnés face au périmètre acquis assez réduit. Mais il ne faut pas oublier que l’attaque de Plumer n’avait pas pour but de percer le front allemand mais bien de préparer l’offensive majeure de Haig contre le verrou de Passchendaele. Mais tous ne s’accordent pas sur son impact. Douglas Haig estime que c’est un beau succès, mais dans l’attente de l’offensive de Passchendaele. Sur ce point, il n’a pas tort car il avait besoin de sécuriser son flanc droit et ses voies d’approvisionnement. Chez les historiens militaires, l’avis n’est pas tranché non plus. Sir Basill Lidell-Hart estime que le succès de Messines a accru les exigences quant à l’offensive contre Passchendaele qui s’avérera une sanglante impasse. Robin Prior et Trevor Wilson nient nullement le succès de Plumer mais estiment qu’il sera tempéré par l’infructueuse tentative de contrôle le Plateau de Gheluvelt (11). Enfin, Jack Sheldon est le plus élogieux, considérant ni plus ni moins la victoire britannique comme un « désastre » pour le moral de l’Armée allemande (12).

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(1) TURNER Col. A. : « Messines 1917. The Zenith of Siege Warfare », Osprey Publishing, Londres
(2) TURNER Col. A., Op. Cit.
(3) Ibid.
(4) Ibid.
(5) Ibid.
(6) Ibid.
(7) Ibid.
(8) Ibid.
(9) Ibid.
(10) KEEGAN J. : « Histoire de la Première Guerre mondiale », Perrin, Paris
(11) PRIOR R. & WILSON Tr. : « Passchendaele. The Untold Story », Yale University Press
(12) SHELDON J. : « The German Army at Passchendaele », Pen and Sword Military

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