Depuis la Guerre franco-prussienne de 1870, la ville de Saint-Mihiel était considérée comme importante d’un point de vue stratégique car elle commande l’accès aux routes de Verdun, Nancy, Toul et Metz. Et de plus, elle coupe la voie de chemin de fer entre Paris et Nancy. Les combats indécis de 1914 avaient formé le saillant de Saint-Mihiel qui s’étendait des Eparges à Pont-à-Mousson. N’ayant pu forcer le saillant en 1914-1915 (combats du Bois d’Ailly, de Bois Brumé, de la Forêt d’Apremont et des Eparges), les Allemands décident d’y établir de solides positions défensives afin de prévenir de toute offensives françaises dans la région afin de soulager le Front de Verdun. Ainsi, en août 1918, le saillant de Saint-Mihiel forme une hernie large de 38 km et profonde de 23 entre la Meuse et la Moselle. Cette partie du front qui a fait peu parler d’elle depuis 1915 va se retrouver être un enjeu politique et militaire pour les forces américaines de John J. Pershing.

Foch et Pershing
1 – DU GRAND JEU A L’OFFENSIVE SECONDAIRE A BUT POLITIQUE
– Pendant l’été, Américains et Français veulent profiter du succès des combats défensifs et des contre-offensives qui ont mis en échec les opérations d’Erich Ludendorf. Ce fut le cas avec les contre-offensives victorieuses sur la Marne, l’Aisne et la Somme. Comme le fait remarquer Jean-Christophe Notin dans sa biographie consacrée au Maréchal Foch, un mémorandum du 24 juillet 1918 estime qu’il faut réduire les saillants allemands dans l’ensemble du front allié (Amiens, Château-Thierry et Saint-Mihiel).
1 – Le Plan d’Août : Pershing voit jusqu’à Metz
– Le General John J. Pershing envisage alors de réduire le secteur de Saint-Mihiel pour des raisons stratégiques. En effet, le saillant représente encore une menace sur la voie ferrée Paris – Nancy et coupe déjà la voie ferrée Verdun – Saint-Mihiel. Et depuis août 1917, après la Seconde Bataille de Verdun, le saillant de Saint-Mihiel constitue une hernie dans les lignes françaises. D’autre part, en août 1918, la situation a largement évolué en faveur des forces alliées. L’Armée allemande manquant clairement de moyens et ne pouvant plus lancer d’offensive, il devient alors intéressant de reprendre du terrain perdu en Meurthe-et-Moselle. Ainsi, nettoyer définitivement le secteur de Saint-Mihiel permettrait de menacer directement Metz (que Foch prévoit de reprendre pour 1919) et remettre la main sur le Bassin sidérurgique de Briey, ce qui priverait l’Allemagne d’un approvisionnement en acier (1).
– Un premier plan de réduction du saillant est présenté en août 1918 par l’état-major de l’American Expeditionary Force (AEF). A Ferdinand Foch (qui coordonne les offensives alliées sur l’ensemble du front franco-belge), Pershing propose de lancer une puissante offensive qui dégagera Saint-Mihiel. Puis, suivant un puissant rythme offensif, les Alliés progresseraient sur Metz. Mais cette proposition n’est pas sans arrière-pensées politiques. Pershing réclame que cette offensive soit menée par une armée américaine afin de prouver deux choses les Américains sont capables de mener une offensive sur une échelle plus large et d’autre part. Et pour cela, Pershing réclame la
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