« 1917 » de Sam Mendes

Ce ne fut pas une gifle mais un tir de barrage d’artillerie cinématographie (et à la pièce de 60 livres ou de 9.2inches s’il vous plait !). Très attendu, « 1917 » était sûrement l’un des films les plus attendus de ce début d’année 2020. Dans un sens, il était le film de guerre qui aurait dû sortir pour les années du Centenaire. Mais Sam Mendes a sûrement mieux fait de prendre son temps.

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Premièrement, précisons que c’est une fiction SUR la Grande Guerre et non un film de guerre à proprement parler. En effet, le propos du film n’est pas de raconter une bataille ou un engagement. Le réalisateur souhaite d’abord immerger le spectateur dans ce que fut l’horreur des combats. Avec cette dimension personnelle de rendre hommage à son grand-père, Albert Mendes, Private (soldat de 1re Classe) et estafette au 1st Bn. King’s Royal Rifle Corps. En revanche, le contexte que choisit Mendes est historiquement vrai. Le film démarre le 6 avril 1917, soit trois jours avant l’Offensive de la Crête de Vimy, première phase de la (méconnue) bataille d’Arras, laquelle fut déclenchée par Douglas pour soutenir l’Offensive Nivelle. Le film s’ouvre sur une conférence dans un abri au cours de laquelle un général fictif campé par Colin Firth explique que les Allemands se sont repliés de 14,5 km en arrière de la ligne de front. Ce replis eut bien lieu. En effet, après avoir ordonné l’édification de la Ligne « Hindenburg » (« Siegfried-Linie » pour les Allemands), Erich Ludendorff (Quartier-Maître général de l’Armée allemande) a ordonné le retrait des Armées allemandes des lignes de la fin 1916 en Artois et en Picardie. Et ce retrait s’est accompagné d’une politique de la terre brûlée, avec destruction des infrastructures militaires, des fermes, abattage du bétail, etc.

Le scénario du film est assez simple mais efficace. Deux Caporaux sont chargés de porter un message d’ajournement d’une attaque localisée au 2nd Bn. Devonshire à hauteur du village de Croisilles (dans le Pas-de-Calais). Commence pour les deux protagonistes un voyage dans le No man’s land. C’est là que l’immersion dans l’horreur commence, grâce au plan séquence qui permet au spectateur de suivre continuellement les pas des deux Tommys. Toute l’horreur de la guerre est montrée (dans les trous d’obus, les carcasses, les corps enterrés), alors que les deux caporaux ne rencontrent aucun ennemi jusqu’à leur arrivée dans une ferme. La seule présence vivante qu’ils rencontrent est d’abord celles des rats. Sans en révéler davantage, « l’odyssée » glisse dans un cauchemar éveillé, avec un ennemi presque invisible, dans un environnement fait de destructions. Mais avec des pauses où l’Humanité surgit de l’horreur de manière inattendue, avec des métaphores presque bibliques. Quand l’on visionne « 1917 », on ne peut également s’empêcher de penser aux images qui ont inspiré Tolkien pour imaginer les guerres en Terre du Milieu.

Il n’appartient pas à ce blog de juger la technique mais nous retiendrons toutefois la performance technique assez exceptionnelle de Sam Mendes, ainsi que la magnifique photographie de Roger Deakins, laquelle joue habilement sur les contrastes entre images d’horreurs et images bucoliques qui de sont pas sans rappeler des tableaux. Concernant la dimension de l’Histoire militaire, il n’y a rien à dire. La reconstitution historique est soignée (grande qualité du cinéma britannique), que ce soit sur les tenues de combat, les insignes, l’équipement individuel (très fidèles à ceux des Britanniques pour les deux dernières années de Guerre) et les tranchées (mention spéciale à la reconstitution des abris allemands, grâce au travail des équipes de Dennis Gassner et Lee Sandales). Enfin, saluons le travail musical de l’excellent Thomas Newman.

En somme (sans mauvais de jeu de mots…), « 1917 » est incontestablement un très grand film de guerre.

 


* Fiche

– Titre :
« 1917 »
– Réalisation : Sam Mendes
– Photographie : Roger Deakins
– Montage : Lee Smith
– Décors : Dennis Gassner et Lee Sandales
– Costumes : Jacqueline Durran

* Distribution

– George MacKay : Corporal William Schofield
– Dean-Charles Chapman : Corporal Thomas Blake
– Mark Strong : Captain Smith
– Andrew Scott : Lieutenant Leslie
– Colin Firth : Major-General Erinmore
– Benedict Cumberbatch : Lieutenant-Colonel MacKenzie
– Claire Duburcq : la jeune femme d’Ecoust

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