Après la conquête de Cherbourg, Omar Bradley décide de passer à la phase suivante de la conquête de la Normandie : saisir la route Saint-Lô – Périers, avant de prendre Saint-Lô, clé de voûte qui permettra de s’enfoncer vers le centre de la Normandie. Mais les généraux américains vont se montrer particulièrement optimistes. En effet, ils vont découvrir à leurs dépens que les Allemands ont transformé le bocage du Cotentin en une véritable forteresse. Par conséquent, la First US Army va être contrainte de mener une guerre d’usure épuisante, avec une nette dimension poliorcétique mais dans une nature cloisonnée. Les Allemands vont ainsi se montrer particulièrement savants et coriaces, tenant la dragée haute à la machine de guerre américaine. Seulement, l’épuisement des forces de la 7. Armee, couplé à la capacité d’adaptation des américains auront raison de la « forteresse » du bocage.
1 – LA PUISSANCE DE FEU AMÉRICAINE « NEUTRALISÉE »
Le plan d’Omar N. Bradley n’est pas original. Il s’agit d’une série de puissants engagements d’infanterie contre la longueur du front du LXXXIV. Armee-Korps (Dietrich von Cholditz), avec appui des chars, de l’artillerie et de l’aviation tactique du XIX US Tactical Air Force (Elwood R. « Pete » Quesada). Nouvellement engagé, le VIII US Corps de Troy H. Middleton doit faire sauter le verrou représenté par La Haye-du-Puits, avant de progresser vers Lessay. Middleton engage 3
divisions (79th, 90th et 82nd Airborne) réparties comme suit :
– 79th US Division (Ira T. Wyche) : côte ouest (Barneville-Carteret) à la route Sainteny-Lessay
– 82nd US Airborne Division (Mathew B. Ridgway) : route Sainteny – Lessay à Prétot
– 90th US Division (Eugene M. Landrum) : Prétot à la Prairie marécageuse de Gorge
Sur le flanc gauche (est) de Middleton, le VII US Corps de Joseph L. Collins (tout juste auréolé de la conquête de Cherbourg) doit a flanquer l’est de la Prairie marécageuse de Gorge, prendre Sainteny avant de conquérir Périer. La mission de prendre Sainteny revient aux « bleus » de la 83rd US Division (Robert C. Macon), appuyée sur son flanc gauche par l’aguerrie 4th US Division (Raymond O. Barton). Mais celle-ci a dû remplacer près de 4 000 hommes perdus depuis son débarquement sur Utah. Elle n’aura donc qu’un rôle limité, soit soutenir les Bleus de Macon.
– Ensuite, les Américains misent sur la puissance de feu. Afin de percer entre la Côte ouest et le Mont Castre, Troy H. Middleton mise sur le poids de ses forces et la puissance de feu. Ainsi, rien qu’au nord de La Haye-du-Puits, la 79th US Division d’Ira T. Wyche est appuyée par 9 Artillery Battalions du VIII US Corps (Col. John E. McMahon) dont 2 de Heavy Howitzers (obusiers lourds) de 240 mm, afin de neutraliser les postes d’observation d’artillerie ennemis situés en hauteur. Du côté de l’Infanterie, chaque division (exceptée la 82nd Airborne) est appuyée par 1 Tank Battalion dont les M4 Sherman servent d’appui feu rapproché contre des points de résistance. Cela correspond à la volonté du General Lesley J. McNair, patron des troupes au sol américaines, de ne pas désosser l’Infanterie d’une composante blindée. De plus, à ce stade de la campagne, les Américains estiment que la lutte antichar doit être confiée aux Tank Destroyers Battalions. Sauf que ceux-ci ne pourront être pleinement engagés. Or, ils les équipages de Sherman vont très vite comprendre qu’outre les « casseurs » de chars, leurs premiers ennemis seront les Panzer et les Sturmgeschützte. Pire encore, les unités récemment arrivées, comme la 83rd US Division, n’ont pas eu le temps de se familiariser à coopérer et interagir avec les équipages de chars, ce qui va engendrer une situation catastrophique durant les combats. Pour la « Bataille des Haies », le rattachement des Tank Battalions à l’échelon divisionnaire s’effectue comme suit :
– 79th US Division + 749th TB
– 90th US Division + 716th TB
– 83rd US Division + 746th TB
– 4th US Division + 70th TB
– De son côté, le renseignement de la First US Army est partagé quant aux capacités de réactions allemandes. Les optimistes, tels le Colonel Anthony Reeves (Intelligence Officier) estiment que les Allemands n’offriront pas une résistance acharnée puisqu’ils n’ont pas lancé de contre-attaquer afin de briser l’encerclement de Cherbourg. Or, s’ils ne l’ont pas fait c’est surtout en raison du manque de mobilité de leurs divisions et de leur déplacement entravée par les chasseurs bombardiers. De leur côté, les plus prudents estiment que les Allemands vont mieux résister qu’estimé.
– Cependant, les Américains se rendent vite compte que leur supériorité numérique et matérielle va être rudement mise à mal par le bocage normand. Loin d’être aussi bucolique qu’on le dit, le bocage du Cotentin est partagé entre des zones de haies épaisses (qui quadrillent un ensemble diffus de communes et villages) ainsi que des zones marécageuses peu propices à des actions en force (prairies marécageuses de la Douve et de Gorges). Le renseignement de l’US Army a chiffré à près de 3 900 le nombre de haies. Cet environnement cloisonné se prête donc très mal à des manœuvres de grand style. En plus des haies, il faut également compter sur une multitude de hauts talus, des fossés et de sentiers que les défenseurs peuvent convertir en lignes de communication ou en secteurs de défense. Pire encore, l’épaisseur du bocage offrant des abris naturels, les avions de reconnaissance et d’observation – notamment le Piper Cub – ne peuvent déceler des positions soigneusement camouflées.
Et comme si cela ne suffisait pas, la météorologie vient s’ajouter à la déception des troupes américaines. En effet, une dépression de plusieurs semaines frappe la Normandie en ce début d’été 1944, provoquant des averses incessantes qui retiennent au sol les chasseurs-bombardiers du IX US Tactical Air Command, ce qui réduit drastiquement le nombre de sortie, favorisant par conséquent les défenses allemands.
2 – LA LIGNE « MAHLMANN » : LE BOCAGE COMME FORTERESSE
– Complètement passé dans l’oubli, le Generalleutnant Paul Mahlmann (1892 – 1963) va se révéler l’un des adversaires des Américains des plus coriaces. Mais aussi, un adversaire particulièrement imaginatif qui va transformer le bocage en véritable forteresse. Fils d’un pasteur, officier durant la Grande Guerre, passé par les Freikorps puis la Reichswehr, Paul Mahlmann commande plusieurs unités sur l’Ostfront. En 1943, il reçoit le commandement de la nouvelle 353. Infanterie-Division (redésignée 353. Grenadier-Division) à partir de la 21e vague de mobilisation effectuée dans le Reich. Très vite, cette division « type 1944 », forte d’environ 12 000 hommes, présente les lacunes de ses homologues : sous-motorisation (avec utilisations des chevaux et des bicyclettes), engagement de recrues sans expérience ou de convalescents, logistique mal adaptée, etc. En revanche, elle peut compter sur une ossature de cadres et de sous-officiers issus de la 328. ID, notamment des anciens du saillant de Rjev et des combats dur le Dniepr. Enfin, sa puissance de feu est largement acceptable pour une division d’infanterie, avec 36 Sturmgeschützte et une dotation honorable en artillerie. A la veille du Jour-J, la division de Mahlmann est postée dans le nord du Finistère (XXV. AK). Mise en alerte le 6 juin, elle gagne à grand peine la région de Lessay, après avoir subi les attaques des « Jabos ». Mais grâce au mauvais temps qui sévit, Mahlmann met son répit à profit afin de constituer une puissante ligne défensive qui porte son nom.
– Ainsi, la « Ligne Mahlmann » s’étend de la côte ouest de la Manche (secteur de Bretteville-s/-Ay) jusqu’aux prairies marécageuses de Gorges, s’articulant autour de plusieurs points fortifiés. Les plus puissants étant la Butte de Montgardon et le Mont Castre qui interdisent l’accès à La Haye-du-Puits. La « Mahlmann Linie » est partagée comme suit :
1 – Bretteville-s/-Ay – Butte de Mongardon : 243. ID (Heinz Hellmich)
2 – Butte de Montgardon – La Haye-du-Puits – Mont Castre : 353. ID (P. Mahlmann)
3 – Mont Castre – Saint-Jores : 77. ID (Rudolph Bacherer)
4 – Saint-Jores – Plaine marécageuse de Gorges : 17. SS-PzGrenDiv. (Th. Ostendorff) + éléments de la 5. Fallschirmjäger-Division (Gustav Wilke)
– En connaisseur du Front de l’Est, Mahlmann adapte des tactiques employées face aux Soviétiques, notamment plusieurs lignes de la « défense élastique », dont la mise au point date de 1916. Cela consiste à disposer des forces dans la profondeur du terrain (voir schéma n°1). La ligne avancée peut être lâchée avec des accrochages retardateurs. Les fantassins de première ligne se replient alors sur la ligne de défense principale, garnies d’abris, de tranchées, voire même de casemates en rondis et en béton. Cette ligne est aussi couverte par l’artillerie de campagne et sert de base aux contre-attaques (« Gegenstoss ») montées rapidement par des sections, des compagnies ou des bataillons, voire par des Kampgfruppen à composante interarmes (fantassins + mortiers + blindés légers SdKfz 250 ou 251, StuG, Panzer).
– Comprenant très vite que la mobilité ne sert à rien, les Allemands mettent également à profit leur connaissance du terrain pour établir la « tactique de l’échiquier ». Celle-ci consiste à garnir les haies de points défensifs (trous, casemates, abris bétonnés) tenus par des petits détachements de Grenadiere et de Fallschirmjäger articulés autour de canons FlaK 88 mm, de canons antichars PaK 38 et 40, de mortiers et de mitrailleuses MG 34 et 42 (voir schéma n°2). Celles-ci provoqueront 75 % des pertes de forces américaines durant cette partie de la campagne. Les points défensifs communiquent entre eux par tout un réseau de tranchées et de fossés et disposent d’un radio ou d’un Telfunken qui peut communiquer avec les unités d’artillerie ou de mortiers. Mieux encore, les artilleurs enregistrent les coordonnées des secteurs prédéfinis. Avertis par les observateurs ou les fantassins, ils peuvent ainsi délivrer un tir de barrage sur les troupes américaines. D’autre part, des blindés (Panzer IV et PzKw V « Panther » ; Sturmgeschützte StuG III et IV) sont placés en position défensive (souvent enterrés) ou placés en réserve mobile pour opérer des contre-attaques à l’échelon de la compagnie ou du bataillon. Les « fauves » et Stuf ventilés appartiennent à la 17. SS-Panzergrenadier-Division « Götz von Berlichingen » ou bien à la 2. SS-Panzer-Division « Das Reich » (Heinz Lammerding). Mais cette dispersion des Panzer aura une incidence non négligeable du point de vue tactique, comme nous le verrons.
– Les champs sont aussi abondamment minés et garnis de bâtons collorés qui servent de points de repères au servant de mitrailleuses pour leurs tirs de barrage. D’autre part, des petites équipes de Panzeknackers (« Casseurs de chars »), armés des Panzerfaust et Panzerschreck, se tiennent prêt à intervenir sous le couvert des haies en cas d’intervention de chars américains. Et quand les M4 Sherman doivent franchir des haies, ils peuvent vite s’empêtrer. Et lors de franchissement de talus, les engins présente leur dessous de caisse bien moins protégé. Ce dont profitent « les casseurs de chars ». Enfin, des dizaines de snipers armés de l’incomparable fusil Mauser 98K à lunette Zielfemrohr 39 ou ZF 41 sont chargés de créer l’insécurité dans les lignes ennemies (technique de combat nettement inspirée de l’Armée Rouge…). Et les tireurs allemands profitent même de l’inexpérience de nombreux GI’s. Ils abattent l’un d’entre eux dans un champ ce qui force les autres à s’aplatir et à ne pas bouger. Résultat, les servants de mortiers peuvent arroser le champ en question.
Comme l’avouera plus tard un officier de la 90th Division : « Les Allemands n’ont pas grand-chose, mais par l’enfer, ils savent utiliser ce qu’ils ont ! ». Ainsi, en à peine une semaine de combat, les Allemands vont infliger aux trois divisions d’infanterie de Middleton des pertes avoisinant 2 000 soldats, voire davantage. La palme revient à la 83rd US Division de Robert C. Macon qui perd 1 000 soldats tués (et autant de blessés) pour 1 km de gagné. Cela engendre une telle baisse du moral que les hôpitaux militaires du Cotentin verront afflué des soldats en état de choc. Des cas d’automutilation seront même à déplorer. Certains officiers vont même jusqu’à chiffrer l’espérance de vie d’un « remplaçant » inexpérimenté à trois jours au front.
3 – L’USURE DES FORCES ALLEMANDES ET LA CAPACITÉ D’ADAPTATION OFFENSIVE : CLÉS DU SUCCÈS AMÉRICAIN
– Aussi redoutable puisse être cette tactique défensive, comporte des lacunes. Premièrement, les positions défensives doivent être ravitaillées. Or, les Allemands n’ont pas la logistique adaptée. Les convois hippomobiles sont plus lents et plus vulnérables aux attaques aériennes, d’autant que les divisions qui défendent la Ligne « Mahlmann » souffrent d’un déficit de véhicules motorisés. Pire encore, en raison de la capacité de nuisance des « Jabos », les dépôts de ravitaillement sont situés dans l’Orne, ce qui rallonge considérablement les délais d’approvisionnement, d’autant que les Waffen-SS s’emploient à tirer la couverture à eux pour les fournitures. Seul le mauvais temps peut donner du répit aux convois. L’autre problème vient de la ventilation des Panzer et StuG dans une série de points d’appui. Comme l’explique l’historien Nicolas Aubin, cette dispersion de la force blindée allemande sur toute une partie du front affaiblit les contre-attaques d’autant que les machines sont difficilement remplaçables. Et à l’inverse des divisions blindées américaines qui peuvent compter sur toute une logistique performante (mécaniciens, ateliers, pièces de remplacement), les Allemands doivent souvent composer avec des moyens de réparation limités et improviser grâce au « système D », discipline dont les anciens de l’Ostfront sont devenus spécialistes. L’épuisement gagne aussi les fantassins. De plus en plus mal ravitaillés, ils s’épuisent vite et ne sont que partiellement. Mais ils ne recevront aucune relève jusqu’à l’Opération « Cobra ». En effet, en raison du manque d’unités et des choix opérationnels de Rommel et de von Kluge (qui privilégient la défense de Caen jugé être le secteur de percée choisi par les Alliés), les divisions du front du Cotentin restent en lice pendant plusieurs semaines et se retrouvent complètement éreintées à la fin de la bataille des haies. Enfin, le dernier problème vient des transmissions. En effet, comme l’explique Nicolas Aubin, la Heer manque tout simplement de radios, lesquelles dotent les divisions de Panzer en priorité en raison des nécessité de liaison intra et inter unités blindées. Les divisions d’infanterie utilisent donc des téléphones moins fiables puisque les bombardements peuvent faire sauter les fils. Et ce manque de communications radios profite aux Alliés qui peuvent détecter plus facilement les échanges entre unités du LXXXIV. AK via ULTRA.
– Alors que les Allemands s’épuisent, les Américains s’adaptent. Dans la douleur certes mais à la veille de l’Opération « Cobra », ils ont réussi à changer leurs techniques et tactiques rapidement. Durant la « Bataille des Haies », les généraux américains tentent déjà d’adapter leur conduite des combats. Ils essaient, échouent, se trompent mais apprennent et réussissent à trouver des solutions. Prenons les exemples d’Ira T. Wyche et Robert C. Macon. Durant les combats de La Haye du Puits, Wyche forme plusieurs Task Forces interarmes pour accrocher la Butte de Mongardon (4 juillet). Pour s’emparer de La Haye-du-Puits (6 juillet), Wyche innove en ordonnant aux compagnies des 314th et 315th Infantry Regiments d’attaquer de manière presque indépendante sans tenir compte l’une de l’autre. Mais l’idée n’apporte aucun résultat et les deux régiments sont percutés par une violente contre-attaque interarmes de la 353. ID. Résultat, Wyche doit reprendre sa division en mains, avec succès, en coordonnant une défense interarmes avec infanterie, artillerie et chars.
Pour les combats de Sainteny durant lesquels sa division souffre, Robert C. Macon envoie des équipes du 308th Combat Engineer Battalion pour ouvrir des passages à travers les champs de mines. Malheureusement, les Engineers se font clouer au sol par des snipers et des fantassins ennemis. Plusieurs chars chargés d’appuyer les Engineers sont même encerclés par des Fallschirmjäger qui les détruisent comme s’il s’agissait d’un entraînement. Macon tente ensuite de faire avancer ses unités en appelant chaque chef de Battalion pour l’inciter à ne se préoccuper que de l’objectif devant lui. Mais voilà, il n’y a rien à faire, ses troupes n’ont avancé que d’à peine 200 mètres. Macon place alors sa Division au repos sans négliger l’entraînement. Voulant effacer la piteuse coopération chars-fantassins dont son unité a fait preuve, le patron de la 83rd s’emploie à innover du point de vue des techniques de combats utilisés dans la « Bataille des Haies ». Il insiste notamment sur l’interaction entre les fantassins et les équipages de chars et sur le rôle des Engineers, spécialement entraînés à faire sauter les rangées de haies à coups de charges explosives de 25 livres. Ensuite, face à la menace des blindés allemands, plusieurs officiers américains décident d’accroître la puissance de feu de leurs unités tout en conservant leur capacité de mouvement. La solution réside donc dans la distribution de « Bazookas », d’autant que l’arme est facile d’emploi et n’importe quel fantassin peut se convertir en « chasseur de chars ». Du coup, lors des contre-attaques allemandes, plusieurs petits groupes de GI’s se mettent à débusquer les blindés allemands en apprenant à progresser sous le couvert des haies.
– Mais la force de l’Armée américaine réside dans sa capacité à centraliser et traiter les expériences de chaque division. Ainsi, les équipes de l’état-major de la First US Army traitent les rapports soulignant les échecs offensifs comme les idées novatrices. Celles-ci germent à différents échelons mais sont traités en amont puis diffusées. D’autres unités envoient aussi des officiers effectuer une visite des popotes chez leurs collègues afin d’échanger sur leur expérience. C’est notamment le cas des 2nd et 3rd Armored Divisions qui n’ont pas été engagées – fort heureusement d’ailleurs – dans la Bataille des Haies. Leurs commandants respectifs, Edward H. Brooks et Leroy H. Watson font traiter les informations récoltées auprès des fantassins des VIII et VII US Corps afin de trouver des solutions pour percer le bocage et faire manœuvrer leurs forces mécanisées à travers les haies. C’est notamment au sein de la 2nd Armored Division qu’est trouvée la solution la plus célèbre, soit l’invention du S-Sergent Curtis Culin, lequel a l’idée de souder, des dents en acier à l’avant de chars moyens (M4 Sherman) ou légers (M3 Stuart). Idée faciliter par la présence de hérissons tchèques en acier à proximité des plages Utah et Omaha. Ce recette donne naissance au « Culin’s Cutter » ou au « Rhinoceros ». Mais si Culin est passé à la postérité, il ne fut pas le seul à imaginer des moyens de franchissement. Parmi eux, le Sherman « Dozer » équipé d’un simple bulldozer, les « Chars Tamponneurs » ou « Fourchettes à Salades » mis au point par le Lieutnant Charles Green. Toutefois, l’efficacité de ces accessoires de la configuration du terrain. Ainsi, la 2nd Armored Division utilisera les Culin’s Cutter avec succès, ce qui ne sera pas le cas de la 3rd Armored qui dut manœuvrer dans un terrain labourré par les bombes et les obus et criblé de cratères. De leur côté, les divisions de fantassins continueront à utiliser les techniques mises au point par le Colonel Ploger commandant du 121st Combat Engineer Battalion (29th US Division) consistant à placer des charges explosives contenues dans des douilles d’obus d’artillerie à la base des haies.
– Enfin, l’autre force des Américains est d’avoir intégré la dimension tactique aérienne à leurs opérations au sol, notamment avec une meilleure coopération entre unités mécanisées et les chasseurs-bombardiers du IX TAC, comme détaillé dans cet article : https://acierettranchees.wordpress.com/2019/06/14/laviation-tactique-alliee-en-normandie-emploi-succes-et-limites/
Par conséquent, passée la douloureuse expérience de la « Bataille des Haies », le VII US Corps de Collins, fort des innovations techniques et tactiques va réussir une opération de percée (« Cobra ») qui permettra à la First US Army de retrouver son plein rythme offensif et d’imposer son tempo à la 7. Armee de Paul Hausser.
– AUBIN N. : « La course au Rhin (25 juillet – 15 décembre 1944). Pourquoi la Guerre ne s’est pas finie à Noël », Economica, Paris, 2019
– BEEVOR A. : « D-Day et la Bataille de Normandie », Calmann-Levy, Paris, 2009
– KADARI Y. (Dir.) : « Duels dans le bocage 1944. Combats de chars en Normandie » (dossier), in Batailles & Blindés hors-série N° 22, Caracktère, juin 2013
– BLUMENSON M. : « La Libération. Histoire officielle américaine », Charles Corlett, Condé-s/-Noireau.
– TIGNIERES S. (Réal.) : « L’enfer des haies », Champs de Bataille, Phare Ouest Production, RMC, 2014