Armées, stratégies et tactiques dans « Star Wars » – Partie 3

« Personne par la guerre ne devient grand » (Yoda)

TROISIÈME PARTIE : VISIONS STRATÉGIQUES ET APPLICATIONS

Dans cet article, il sera question de la vision stratégique et de la conduite de la guerre dans les différents camps de la saga originelle. Là encore, la vision est clairement manichéenne mais on observe de nettes différences à l’intérieur même de chaque camp.


– INTRODUCTION

– Pour comprendre les différentes stratégies appliquées dans les différentes productions cinématographiques et littéraires de « Star Wars », un retour synthétique sur la géographie de la Galaxie s’impose. (1).

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1 – Au Centre se trouve le Noyau profond, principalement formée d’un trou noir massif et d’étoiles mais aussi de quelques planètes. Aucun combat ne s’y produira au regard du risque encouru pour tout vaisseau d’être aspiré par l’antimatière. Mais Palpatine y mit à jour plusieurs routes hyperspatiales qu’il garda secrètes.

2 – Autour du noyau profond, se trouvent les Mondes du Noyau, soit le « cœur historique » de la Galaxie avec les systèmes et planètes les plus prospères et les plus peuplées. On y trouve notamment la capitale-monde Coruscant mais aussi Alderaan, Caamas, Chandrilla et Corelia.

3 – Juste à l’extérieur des Mondes du Noyau se trouvent les Colonies, soit les planètes agricoles et industrielles mais riches et bien peuplées. Moins que des Colonies, il s’agit davantage d’une zone de la Galaxie bien connectée aux Mondes du Noyau. Les belligérants vont particulièrement les convoiter. L’Empire va y maintenir une puissante présence avant que plusieurs d’entre elles soient reconquises par l’Alliance.

4- La Bordure intérieure :
planètes et systèmes agricoles et industriels mais moins peuplés.

5 – Régions de l’Expansion :
il s’agit d’une portion de la Galaxie particulièrement convoitée avec les planètes et systèmes miniers, vitaux à tout camp qui veut puissamment se doter en vaisseaux. C’est aussi une zone stratégique importante car située en plein sur les voies de ravitaillement. Quiconque les contrôle s’assure une puissante assise sur une partie de la Galaxie et peut exercer des pressions politiques. On y trouve les systèmes d’Antar IV, Aquaris, Iktotch, Ploo et Thispiass.

6 – Bordure médiane :
On pourrait la comparer à un « front pionnier » où aux Frontières de l’Amérique du XIXe siècle. D’une part, parce que les conditions de vie sont plus rudes avec des planètes moins fertiles et moins riches en matières premières. Mais aussi parce que l’autorité de Coruscant est partielle sinon lâche. Cela permet alors facilement à des potentats locaux d’affermir leur pouvoir. Mais cette situation peut aussi desservir d’autres planètes plus pacifiques qui peuvent devenir les proies de puissantes organisations ou de leurs voisins. L’autorité amoindrie du Sénat, comme la présence réduite de forces de sécurité républicaines permettent également à la piraterie de s’y développer  C’est enfin dans ce secteur que l’on trouve sûrement les planètes les plus célèbres de l’univers de la sava : Iridonia, Ithor, Kashyyyk, Malastare, Naboo, Rodia, Togoria, Trandosha, Bothawui, Kothylis et Vortex.

7 – Bordure extérieure
 : C’est l’espace le plus anarchique de la Galaxie car peu peuplé et échappant complètement au contrôle de Coruscant. Et certaines planètes n’ont tout simplement… aucun gouvernement. C’est aussi de cette région que proviennent les humanoïdes comptant parmi les plus brutaux de la Galaxie, notamment les Barabeks et les Gamorréens. On y trouve également des mondes complètement inhospitaliers, idéaux pour échapper temporairement aux vaisseaux républicains ou impériaux. C’est donc le repère des contrebandiers, des clans Hutt et même des « sectes » et des utilisateurs du côté obscur (Sœurs et Frères de la nuit). Pendant les guerres, la Bordure extérieure peut servir de base arrière aux ennemis de la République et de l’Empire. Pendant la Guerre Civile galactique, l’Alliance rebelle y créera des bases itinérantes. En riposte, l’Empire tentera de mettre au pas la région. D’une part contre les contrebandiers et les Hutt mais sans succès (Bataille de Nar Shaddaa) puis contre les Rebelles. Le Grand Moff Wilhuff Tarkin fut chargé de cette mission jusqu’à sa mort lors de la Bataille de Yavin. Nombre de séquences des films ou des livres de la Saga s’y déroulent. Cette région comprend les systèmes d’Anoth, Arbra, Bakura, Barab I, Bespin, Dathomir, Endor, Ediadu, Honoghr, Hoth, Kessek, Sullus, Yavin.

8 – L’espace sauvage
 : Il s’agit des derniers mondes connus. D’une part, on y trouve des systèmes civilisés mais qui échappent à tout contrôle du Sénat. Bénéficiant et moyens technologiques, ils s’avèrent très utiles quand il s’agit de constituer clandestinement des armés. On y trouve également des systèmes anarchiques repères de contrebandiers et d’organisations criminels. Parmi ces systèmes et planètes : Almania, Anoth, Géonosis, Kamino, Nar Shaddaa, Nal Hutta, Ryloth et Tatooine.

– On le comprend très vite, la Galaxie est bâtie comme une sorte d’immense empire qui possède un noyau politique central autour duquel gravissent des régions économiquement dynamiques. Viennent ensuite des secteurs à l’économie moins florissante et à l’autorité moins ancrée puis des régions périphériques échappant sur lesquelles l’autorité centrale n’a que peu de prise.

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1 – LA CSI : CONQUÊTE, DOMINATION ET ANÉANTISSEMENT

– Avec 2 Siths à sa tête, la CSI ne recule devant rien pour conquérir et contrôler des systèmes ou planètes. Evidemment, ils peuvent également compter sur des systèmes favorables au Séparatisme. Mais quand il faut mettre la main sur des systèmes nécessaire à la fabrication de Droïdes et d’engins de guerre (gourmands en métaux et en fonds), la CSI ne s’embarrasse pas de scrupules politiques et moraux.  Or, dans cette vision maximaliste et quasi-totalitaire, la CSI ne fait preuve d’aucune éthique en matière de conquête. Elle incarne un visage matérialiste, industriel et sans pitié ni humanité de la guerre. Avec sa volonté sécessionniste, la CSI glisse vite dans une logique de conquête de systèmes et de planètes. Celles possédant d’importantes richesses en matières premières et en minerais, indispensables à la production industrielle de guerre.

– Pour conquérir des planètes, la CSI emploie une manière « douce », soit par la corruption et le soutien aux partis ou factions antirépublicaines. Et dans ces pratiques, le Comte Dooku est un véritable expert. Par le soutien financier, les séparatistes créent un pourrissement de la situation politique des planètes, ce qui mener à une franche déstabilisation. Et quand les factions séparatistes sont assez fortes pour passer à l’action, Dooku ou Grievous emploient, selon les circonstances, les droïdes assassins, des chasseurs de primes, des Mandaloriens, des assassins ou la Sith Assaj Ventress (l’apprentie de Dooku*) pour assassiner les responsables loyalistes. Ensuite, sous couvert de « stabilisation », la CSI déploie ses forces robotiques en nombre pour mettre au pas la planète. Les potentiels opposants restant sont systématiquement traqués, sinon séquestrés ou exécutés sans autre forme de procès.
– Aussitôt conquis, les systèmes sont mis à contribution forcée pour la production de guerre. Et dans ce cas, les forces de la CSI soumettent les populations trop faibles pour se défendre avant d’exploiter économiquement la planète. Et dans ce cas, la population est vite réduite en esclavage au profit de la Confédération. Cela va même plus loin. Dans le film d’animation « Clone Wars » on y voit même une unité du Technosyndicat effectuer des manipulations génétiques sur une peuplade primitive pour les transformer en machines de guerre humanoïdes. Cependant, toutes les planètes ne se laissent pas faire. Certaines choisissent de résister, cer qui est particulièrement risqué quand les forces républicaines n’arrivent pas à temps. Dans ce cas, la CSI n’hésite pas à pratiquer des génocides. Et bien souvent, le Général Grievous mène les opérations de « nettoyage » des menaces arrières.

– La culture de guerre de la CSI – dont héritera l’Empire – a pour dorsale la culture de l’élimination : élimination de toute résistance et élimination des menaces par des frappes et attentats contre les cibles. L’idée est de frapper moralement la République tout en la privant de chefs réputés charismatiques. Dans ce cas, Dooku n’hésite pas à ordonner de frapper les dignitaires républicains et les Jedi.

– L’épisode « Démonstration de force » – des très bonnes bandes dessinées « Clone Wars » (Vol. 6) éditées par Delcourt (J. Ostrander, R. Strandley, Br. Badeaux et J. Duursena) – révèle très bien cette pratique de la CSI. Le Comte Dooku convainc son allié twi’lek Kh’aris Fenn (contrebandier et chef de clan) d’engager des Chasseurs de primes pour éliminer des Jedi. Kh’aris Fenn lance alors une campagne anti-Jedi auprès de la Guilde des Chasseurs de primes. Patronne du Chapitre Nova écarlate, la guerrière farghule** Mika y voit l’occasion d’assouvir sa vengeance envers les Jedi pour lesquels elle éprouve une haine féroce. Le Chapitre nova écarlate attaque alors un poste médical Jedi et en tue plusieurs. Sans tarder, le Conseil décide d’agir vite et c’est Mace Windu qui organise la riposte avec trois Jedi à la réputation de redoutables combattants : l’Ichtori Saesee Tin (membre du Conseil), le Zabrak Agen Kolar*** et le Naulote Kit Fisto (les mêmes qui seront tués par Palpatine dans « La revanche des Sith »). Windu charge les trois autres Jedi de se faire passer pour des pirates et des chasseurs de primes. Passons sur les détails de l’histoire mais Kit Fisto et Agen Kolar réussissent à s’infiltrer dans la Guilde et à découvrir le Chapitre Nova écarlate. Rejoins par Windu et Tin, les deux Jedi infiltrés commencent un véritable carnage au sabre laser. Au final, Windu et ses trois amis réussissent débusquer les chefs du Chapitre et à les mettre hors d’état de nuire. Cependant, on voit bien que les deux camps pratiquent clairement l’infiltration pour détecter, localiser et éliminer des menaces.

– Autre illustration de cette pratique, dans la série télévisée « Clone Wars », Dooku engage plusieurs fois les services des redoutables chasseurs de primes Cad Bane et Aurra Sing. Outre des missions d’éliminations de Jedi, Bane et Sing doivent attenter à la vie de Padmé Amidala. Les deux tentatives échouent. Mais avant la seconde, Obi-wan Kenobi change d’apparence physique et s’infiltre dans la Guilde des chasseurs de primes, faisant échouer la tentative.

– Cependant, malgré leurs pertes, Clones et Jedi réussissent à contenir la menace et à remporter des batailles, comme à reconquérir des systèmes et des planètes. C’est alors que pour tenter de mettre fin à la résistance de la République, Dooku présente un plan pour frapper directement la République à la tête et la forcer à capituler. Il ne s’agit plus de conquérir mais d’éliminer politiquement en attaquant la République au cœur. Le plan du Comte consiste tout simplement à attaquer en force Coruscant par une puissante attaque combinée. Le but stratégique et éminemment bien plus politique que militaire ou économique et répond à un impératif. En effet, la guerre menaçant de durer, Dooku veut prémunir la CSI d’un conflit long et épuisant. Dans un sens, il cherche une bataille décisive pour l’avenir de la Galaxie. On connaît le déroulement de la Bataille de Coruscant par la fin du film d’animation « Clone Wars » qui précède juste le début (grandiose) de « La revanche des Sith ».


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2 – LA RÉPUBLIQUE : CONTENIR LA MENACE

– A vrai dire, face aux pratiques sans éthiques de la CSI, la République ne semble pas avoir de réponse adéquate. Dans le monde de « Star Wars » qui possède des côtés manichéens, aussi imparfaite soit-elle, le régime démocratique de la République possède une certaine éthique politique qui l’empêche d’utiliser la pratique des assassinats ciblés ou l’engagement des chasseurs de primes. Du coup, elle répond par la seule riposte « légale » dès que la CSI a « investi » les lieux. Mais, en filigrane, on pourrait comparer la vision stratégique de la République avec celle de Washington sous Truman et Eisenhower, toute proportion gardée bien entendu. En effet, face à la menace séparatiste, le pouvoir de Coruscant estime que la menace séparatiste peut engendrer une sorte « d’effet domino ». Il suffit qu’un système tombe pour qu’un autre suive immédiatement. Il faut donc empêcher que cela n’arrive, soit en protégeant directement des planètes, soit en apportant une aide « technique » (envoi de conseillers Jedi et Clones) ou en dernier lieu, expédier une force combinée regroupant vaisseaux et Légions clones.

– La République tente bien de se prémunir de la menace, notamment en surveillant les planètes aux systèmes politiques potentiellement fragiles. Ainsi, les Jedi sont souvent envoyés comme diplomates, négociateurs, ambassadeurs et conseillers politiques afin d’éviter que des systèmes ne tombent dans l’escarcelle séparatiste. Et bien entendu, en tant que figure de chevaliers-diplomates, ils n’hésitent pas à user du sabre laser quand la situation l’exige. Ainsi, on voit dans la série « The Clone Wars », la Jedi Ahsoka Tano se convertir en professeur de Sciences politiques afin de montrer les dangers de la subversion et du séparatisme aux étudiants corelliens. Mais c’est une couverture, puisque le Jedi est aussi en mission pour démasquer un complot contre la Reine de Corellia. Preuve que les Séparatistes peuvent frapper de manière insidieuse par des procédés protéiformes (envois d’agitateurs, corruption des esprits, agitation politique, sabotages, tentatives et menaces d’assassinats).

– Ensuite, sentant peser une trop grande menace de la part de la CSI (troubles intérieurs, pressions extérieures et présence de forces hostiles en orbite), certains systèmes n’ont de choix que d’appeler la République à l’aide. Celle-ci peut envoyer des unités de secteurs ou de systèmes protéger les planètes et repousser la menace séparatiste. Dans ce cas, les Clones et les Jedi qui les commandent peuvent profiter de l’aide (inégale) des armées et milices indigènes (Twi’lek, Bothans). Et celles-ci, selon le degré de loyauté et de motivation, peuvent être déployées pour des opérations dans d’autres systèmes. Ainsi, dans le film d’animation « Clone Wars », les Gungan de Naboo, de par leur capacité à évoluer aisément dans des milieux aquatiques, sont déployés avec les Clones sur Mon Calamari pour écarter la menace Quaren. Autre exemple illustratif bien mis en évidence dans « La Revanche des Sith », la coopération entre les Clones et les Wookies lors de la Bataille de Kashyyyk. L’habile coordination d’Yoda – qui n’en est pas à son premier coup de Maître – permet de remporter la victoire quand survient l’Ordre 66. Nous connaissons la suite.

– Mais, c’est quasiment une guerre civile planétaire dans laquelle les Jedi et les soldats clones se retrouvent impliqués. Dans la série de BD « Clone Wars », on peut y lire le récit de la bataille de Jabiim, une planète menacée de rejoindre les séparatistes. Marquée par un climat déplorable, elle devient un bourbier et un tombeau de Jedi et de 10 000 clones qui se sont retrouvés isolés. Devant l’hécatombe, l’Ordre et l’Armée Républicaine ordonnent aux unités rescapées, menées par Anakin Skywalker, d’évacuer Jabiim, à la fureur des forces loyalistes (2).

– Pour conclure toute la stratégie de la République ne consiste qu’en une gigantesque riposte pour empêcher les Séparatistes de conquérir la Galaxie. La libération de Palpatine et l’élimination de Dooku par Anakin Skywalker et Obi-wan Kenobi lors de la Bataille de Coruscant semble redonner un surcroît de moral à l’Armée de la République qui reconquiert une partie de la Galaxie système après système. Enfin, l’élimination définitive de Grievous par Obi-wan et la reconquête de la planète Utapau prive définitivement la CSI de son meilleur chef, ce qui panique vite les membres du Conseil politique sécessionniste. Après l’élimination des Jedi suite à l’Ordre 66, Palpatine – définitivement révélé comme Dark Sidious – aura juste à envoyer Dark Vador sur Mustaphar pour décapiter (au propre comme au figuré) la CSI.

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3 – LA STRATÉGIE IMPERIALE : IMPOSER LA « PAX PALPATINTA » ; RECHERCHER L’ARME STRATEGIQUE ABSOLUE

– Il y a quelques mois, je suis tombé sur un article très intéressant de Jacques Sapir qui traitait de la stratégie dans « Star Wars ». En remettant clairement la saga originale de Georges Lucas dans son contexte, l’universitaire (économiste et spécialiste en stratégie) expliquait que la stratégie impériale n’était qu’une transposition critique (et galactique) de la stratégie de guerre… des Etats-Unis. En effet, il ne faut pas oublier que l’épisode IV a été réalisé cinq ans seulement après la fin officielle de la Guerre du Vietnam, le conflit qui marqua durement la psychologie américaine. Certes, on arguera que George Lucas, en s’appuyant sur l’idée du mono-mythe de Joseph Campbell, a ressorti de ses placards poussiéreux l’image du héros (Luke Skywalker). Image, fortement critiquée, par les Westerns crépusculaires des années 1960 et par les films des années 1970. Cependant, qu’on le veuille ou non, Lucas est aussi un enfant de cette culture contestataire américaine. Et il n’aura de cesse de transposer une forme de critique de la guerre à travers ses films, notamment ceux qu’il a réalisés. Tout en leur donnant, bien évidemment, une visibilité et une accessibilité au plus large public possible.Certains ont vu dans le troisième épisode une critique de l’Amérique de George W. Bush par la seule citation d’Anakin/Dark Vador : « tu es avec moi, ou contre moi ». Et ce, en référence à ce que l’ancien président américain avait déclaré devant le Congrès suite aux attentats du 11 septembre. Mais Lucas va bien plus loin, puisqu’il montre comment les guerres consument, voire achèvent les Démocraties.

– Qu’on ne s’y trompe donc pas. Dans l’épisode IV de la saga, les détenteurs de « l’arme absolue » sont dans le camp du mal. Et ils sont vaincus par une action du héros qui marque la fin d’un cheminement initiatique. Telle est une partie de la trame du film « Un nouvel espoir » qui, originellement, ne devait pas donner lieu à des suites (le tournage ayant été coûteux et particulièrement dur à tel point que Lucas s’attendit à un cuisant échec qui le conduisit à la dépression nerveuse). Or, dans le film, le groupe des rebelles qui disposent d’une nette infériorité numérique et technologique, doivent détruire « l’Etoile Noire » dans le but d’empêcher le monstre militaire orbital de détruire d’autres planètes à la suite de la malheureuse Alderaan. Avec « Rogue One », on voit que l’Empire n’est pas à son premier essai puisque les planètes Jeddah et Scariff ont aussi été volatilisée par le titanesque rayon laser.

– Cela nous conduit donc à nous pencher plus précisément sur la stratégie de l’Empire. Quand on se documente sur l’Empire on s’aperçoit vite que, s’il impose un régime totalitaire et militariste, il ne domine pleinement que les Mondes du Noyau, ainsi que la Bordure intérieure. En revanche, une grande partie de la Bordure extérieure reste au-dehors de son contrôle et abrite les bases rebelles. Or, entre l’épisode III et l’épisode IV (Univers Canon et Légendes confondus), la Rébellion, quoique nettement inférieure se renforce et se lance dans des actions de guérilla sans cesse plus audacieuses. Du coup, comme dans un Western, la Bordure Extérieure devient une « Zone périphérique » à pacifier définitivement. Mais voilà, aussi puissante et titanesque soit son armée, l’Empire n’a pas les moyens numériques et matériels d’entamer une conquête systématique. Au mieux peut-il déployer plusieurs flottes pour soumettre des systèmes mais pas l’intégralité.
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– C’est pour cela que le Grand Moff Tarkin, aussi cruel que brillant, imagine une stratégie qui vise à faire une guerre économique, à peu de frais mais à fort rendement. Or, la doctrine de Tarkin ou « Doctrine de la Peur » a beaucoup de similitudes avec les pratiques de la CSI. Froidement rationnel, Tarkin ne cherche pas à conquérir systématiquement par des opérations de grand style. Il cherche surtout à soumettre la Galaxie par une stratégie de terreur psychologique. Pour éviter que les planètes ne rejoignent la rébellion, il faut tout simplement les empêcher de la rejoindre. Le site Holonet nous apprend que sa première mesure consiste à créer des « Secteurs prioritaires » à la tête desquels les Grands Moffs auraient tout pouvoir de répression, qu’elle soit militaire, judiciaire voire économique et sociale. On le voit bien notamment dans « Le gambit du Hutt » quand le Grand Moff Sarn Schild planifie ni plus ni moins que l’anéantissement des contrebandiers du système de Nar Shaddaa (3). « Converties » en unités de police et de répression militarisées, les forces impériales (avec appareils Tie, blindés bipodes et quadripodes et Stormtroopers) peuvent effectivement « nettoyer » des planètes entières pour mettre fin à une résistance qui y serait détectée. Et la présence d’unités de combat sert aussi à étouffer toute volonté de résistance ou d’insurrection. Et quoi de mieux que d’anéantir des villes ou des planètes ? Bien plus qu’un simple avertissement, l’anéantissement de mondes – en frappant indistinctement civils innocents et forces rebelles –, vise à dissuader d’autres récalcitrants à l’autorité impériale de rejoindre la rébellion.

– Tarkin est donc l’architecte principal de cette stratégie de répression à échelle galactique. Cela ne commence d’ailleurs pas avec la construction de l’Etoile Noire. Dans « L’aube de la rébellion » (Ann C. Crispin), Yan Solo apprend que pour soumettre une planète en situation insurrectionnelle, Tarkin avait ordonner que des croiseurs stellaires enclenchent leurs réacteurs juste au-dessus d’une grande ville. Celle-ci fut transformée en gigantesque brasier. Mais cela ne suffit pas. Pour Tarkin, il faut une arme stratégique « absolue » grâce à laquelle l’Empereur imposera sa domination sur la Galaxie. Cette arme doit être dotée d’une titanesque puissance destructrice pour dissuader n’importe quel système de se rebeller sous peine d’être transformé en vulgaire nébuleuse ou tas d’astéroïdes. Cette idée de « dissuader » n’est pas sans rappeler la course à l’arme atomique de la seconde moitié du XXe siècle.  Grâce à l’Etoile de la Mort, les Rebelles seront privés de soutiens et devront se confiner dans la périphérie de la Galaxie. Et progressivement, faute de recrutement et de moyens, ils seront anéantis. C’est ainsi que dès « La Revanche des Sith », le projet de construction de l’Etoile Noire est lancée sous l’autorité de Tarkin. Dans l’univers « Canon » (plus loquace à ce sujet que le « Légendes »), on apprend que la construction de l’arme orbitale, longue et coûteuse, s’étend sur plusieurs années. La direction des travaux de recherche et de construction est placée sous l’autorité de l’ambitieux Directeur Orson Krennic que Tarkin s’évertue à rabaisser (« Rogue One »). Krennic a recruté de force son ancien ami Galen Erso, ingénieur de talent. Et c’est le même Erso qui va assurer la conception de l’Etoile Noire mais qui va aussi créer la fameuse faille dans la tranchée. Il transmet ainsi le message à sa fille Jyn sur Jeddah. La suite, « Rogue One » nous la livre au cours d’une des meilleures batailles de l’univers de « Star Wars ».

– Mais Tarkin n’avait pas prévu que l’audace des Rebelles – et la Force qui aide Luke Skywalker dans la fameuse tranchée – vienne à bout de la première étoile noire. . Seulement, la mort du Grand Moff ne prive pas Palpatine de ses moyens de production. Comme une répétition, l’Empereur ordonnera (ou a déjà ordonné au moment de l’épisode VI) la construction d’une nouvelle station orbitale de combat. Elle sera détruite par une action combinée lors de la bataille d’Endor, comme nous le savons.

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4 – L’ALLIANCE REBELLE : CONTRAINTE D’UNE « PETITE GUERRE » ET D’OPERATIONS LIMITÉES

– Tout pouvoir tyrannique entraînant contestation puis rébellion, les germes de la Rébellion sont plantés dès l’avènement de Palpatine quand une poignée de Sénateurs et de militaires, peu dupes de la nature du nouveau régime, décident de lutter pour restaurer la Démocratie dans la Galaxie. Vaste programme ! Comme on le sait, il s’agit de Mon Monthma, Bail Organa (vite suivi par sa fille adoptive Leia) ou des personnalités moins connus comme Garm Bel-Iblis et Jan Dodona (univers Légendes) ou plus célèbres encore, Ackbar et Raddus. Mais quand la Rébellion naît, elle n’a aucun système sur lequel s’appuyer. Pire encore, l’Ordre Jedi qui aurait pu lui fournir des guides a été anéanti. Les deux seuls survivants aguerris de l’Ordre, Yoda et Obi-wan Kenobi, sont partis en exil afin de se faire oublier. D’autres Jedi mineurs ont survécu à l’Ordre 66 et aux derniers combats contre Vador mais ils ne représentent guère un poids menaçant pour l’Empire.

– Il apparaît clairement que la Rébellion, embryonnaire à ses débuts, se constitue comme un groupe de guérilla galactique doté d’une direction politique, de vaisseaux de guerre et de forces de combat terrestre. Mais pendant les années qui vont de la fin de l’épisode III à l’épisode VI, la Rébellion est formée de petits groupes qui vivent constamment sous la menace de l’anéantissement, notamment à cause de l’efficacité grandissante du Renseignement impérial. Du coup, comme certaines guérilla, la Rébellion se déplace constamment, abandonnant certaines bases après un repérage par les Impériaux suite à des combats ou des accrochages spatiaux. Pour ne pas être cueillie et anéantie par la Flotte impériale, la flotte rebelle est obligée de se scinder et jouer au jeu du chat et de la souris avec son ennemie. La conduite des opérations, soigneusement choisie et ciblée, reste donc subordonnée à une politique d’économie des forces. On le voit dans « Rogue One » quand le Général Draven ordonne à un escadron de X-Wings d’attaquer la base impériale d’Eadu où se trouve le centre de recherche impérial ; après avoir été informé que Galen Erso – cible à abattre – s’y trouvait.

– Dans les ouvrages d’Ann C. Crispin, on voit que la Rébellion privilégie d’abord le renforcement en ne cherchant pas l’affrontement à grande échelle avec l’Empire. L’objectif étant de se renforcer, les actions principales consistent en récolte de renseignements (l’une des missions les plus risquées mais des plus cruciales), recrutement de nouveaux effectifs, ainsi que la capture d’armes et de vaisseaux (4).  Du coup, que ce soit dans « La Trilogie d’Yan Solo » ou dans « Rogue One », la quête maximale de renseignements conduit les Rebelles à découvrir l’existence de l’Etoile Noire. Du coup, l’état-major de Mon Mothma a tôt fait de comprendre que le temps joue contre l’Alliance rebelle. Face à un tel danger, il est donc impératif de se battre et vaincre ou mourir. Mais face à l’Etoile de la Mort, c’est la survie de la Rébellion (et de l’espoir qu’elle porte) qui est en jeu. Du coup, les rebelles optent pour une stratégie de survie à court termes mais au moins pour se donner un ballon d’oxygène en mettant le maximum de chances de leur côté pour neutraliser la menace de l’Etoile de la Mort. Dans l’univers Légendes, c’est aussi la même conduite rapide qu’adopte Raddus pour attaquer Scariff. Lors de la Bataille de Yavin, les rebelles disposent de peu de moyens et joue le rapport économie des forces – rendement maximal, par une attaque efficace. Le plan de Jan Dodona doit être monté dans la précipitation. Et le scénario se répète jusqu’à la destruction de l’Etoile de la Mort de la Bataille d’Endor. Entretemps, les Rebelles ont dû échapper à l’implacable traque que leur a imposée Dark Vador et abandonner plusieurs de leurs bases reculées, dont Hoth dans « L’Empire contre-attaque ».

– Il faut lire les ouvrages de Michael Stackpole consacrés à l’Escadron Rogue (et à son mythique chef Wedge Antilles) pour comprendre qu’après la mort de Palpatine, les Rebelles réussissent à rallier un grand nombre de systèmes et planètes et de passer d’une stratégie soumise aux limites des moyens, à une véritable stratégie de reconquête, notamment de celle du Noyau central où se situe Coruscant. Mais l’Empire tient encore de fortes portions de la Galaxie. Et après Palpatine, les menaces se nommeront Dalla et Thrawn.

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* Dooku finira par lâcher son apprentie lors d’un combat contre des Jedi dans l’Album n°8 de « Clone Wars » (Delcourt). La série montre le même épisode dans un contexte presque similaire. Mais la suite de l’histoire de Ventress diffère. Dans les bandes dessinées, elle s’enfuit dans les profondeurs de la Galaxie à bord d’une corvette médicale républicaine. Dans la série, elle rejoint la Guilde des Chasseurs de Primes (après avoir même combattu aux côtés d’Obi-wan contre Dark Maul et Savaj Opress) mais travaille pour son propre compte. Et par une sorte de loyauté, elle n’affronte plus les Jedi et aide même Ahsoka à prouver son innocence. Elle croise également la route d’un certain Boba Fett.
** Peuple humanoïde de la Galaxie ressemblant à des loups
*** A ne pas confondre avec Eeth Koth, Maître Jedi de la même espèce et Membre du Conseil.

 


(1) – http://www.starwars-holonet.com/encyclopedie/lieu-galaxie.html
(2) BLACKMAN H., OSTRANDER J., CHING Br., DUURSEMA J. & ANDERSON Br. : « Clone Wars », Vol. 3, Editions Delcourt
(3) CRISPIN A.C. : « Le gambit du Hutt », in « La Trilogie d’Yan Solo », Fleuve Noir
(4) CRISPIN A.C. : « L’aube de la Rébellion », in « La Trilogie d’Yan Solo », Fleuve Noir

 

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