Sambre et Meuse, acte final – Partie 1

Dans le dernier tiers du mois d’octobre, suite à leur enchaînement de succès, les Alliés sont sur le point  de franchir la Sambre et de repousser les Allemands sur les frontières franco-belges et franco-allemandes. Ici, deux articles traiteront des derniers combats alliés victorieux de l’automne 1918, soit ceux qui précédèrent le clairon de l’Armistice.

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– DE LA SAMBRE A LA REPRISE DE MONS

Du 23 octobre au 4 novembre, les Britanniques ont mis à profit ce temps de pause afin d’achever le ravitaillement de leurs divisions en prévision du prochain coup de marteau contre l’Armée allemande sur la Sambre. Suivant le plan d’ensemble de Ferdinand Foch, les puissants efforts des Alliés devront contraindre les Allemands à évacuer la Belgique et l’Alsace-Lorraine en deux semaines. Pour les chefs alliés, il ne fait plus de doute que l’Armée allemande est sur le point de s’écrouler (1). Le 29 octobre, Haig assigne à ses

Fourth, Third et First Armies de se préparer à relancer l’offensive aux alentours du 3 novembre, afin de briser la résistance allemande au sud du Canal de Condé, avant d’avancer en direction d’Avesnes-s/-Help, Maubeuge et Mons (2).

– Les First et Third Armies doivent prendre Valenciennes et franchir la Sambre, après avoir forcé les défenses allemandes situées entre Eth et Hecq avec, entre ces deux localités, la place forte du Quesnoy. La First Army de Henry Horne a pour mission de dégager Valenciennes avant de franchir la Rhonelle. La Third Army est chargée du coup de point principal, en attaquant depuis la ligne Jeanlain – Orsival – Ghissignies – Englefontaine.

– Suivant un procédé bien rôdé, l’Offensive principale de la Third Army de Julian Byng doit se développer sur 14 km de large environ, pour  emporter quatre objectifs, séquencés comme suit (du nord au sud) :

1 – Premier objectif : Franchissement de la Rhonelle à l’est d’Orsival ; approcher Le Quesnoy ; couper la voie ferrée Le Quesnoy – Berlaimont ; dégager Louvignies et Hecq.
2 – Second objectif : Franchir la Petite Aumale au sud d’Eth ; libérer Le Quesnoy et Jolimetz.
3 – Troisième objectif : Achever le franchissement de la Petite Aumale en dégageant Bry, Wargnies-le-Grand, Wargnies-le-Petit, le carrefour ferroviaire reliant Le Quesnoy à Gommegnies, Preux-au-Sart, Frasnoy et la Forêt de Hecq.
4 – Repousser les Allemands à l’est de la ligne Bry – Preux-au-Sart – voie ferrée Le Quesnoy – Gommegnies et dégager la Forêt de Mormal.

Plan britannique nov.1918
– Mais comme l’explique Peter Hart, la préparation de cette offensive nécessite l’acheminement d’importantes fournitures de matériels, vivres et de munitions. Et il ne va pas sans dire que la Third Army est particulièrement voraces. L’historien britannique a montré que les troupes de Julian Byng ont besoin de 33 000 tonnes de vivres par jour ! Cela nécessite un déploiement et un flux quotidiens de plus de 100 trains et 10 000 camions (3). D’autre part, Britanniques, Canadiens et Néo-Zélandais doivent avancer dans un environnement bien plus rural que le bassin minier et le maillage urbain plus dense des régions de Lille et Lens. En effet, à l’exception du secteur urbanisé de Valenciennes, les Britanniques sont contraints de manœuvrer leurs forces dans un environnement bien plus rural, donc moins bien desservi en routes et voies ferrées. Du coup, pendant près d’une semaine, les unités d’Engineers et de Travailleurs étrangers (Chinois, Indiens, Africains) travaillent d’arrache-pied pour entretenir et élargir des routes, ainsi que poser des voies de chemin de fer qui vont permettre de ravitailler les batteries d’artillerie en obus (4). Mais la présence de canaux et de cours d’eau contraint les équipes d’Engineers et de pontonniers à suivre de près les fantassins, les cavaliers et les engins blindés afin de dresser des ponts et des passerelles le plus rapidement possible pour maintenir un rythme offensif régulier. Sauf que les camions qui transportent le matériel de franchissement dépendent de l’état des routes et des chemins.

– D’autre part, les trois Armies britanniques vont devoir conquérir différents terrains profitables à la défense allemande. D’abord, la Third Army va devoir nettoyer des zones campagnardes quadrillées par des hameaux, des corps de fermes, des rivières, des bois et des bosquets. Le tout pouvant être vite transformé en réduits par les Allemands. La partie du terrain attribuée à la First Army n’est pas la plus propice à des offensives de grand style. Les troupes de Henry Horne vont devoir se battre dans un environnement quadrillé par un réseauxde rivières, canaux de navigation et canaux d’irrigation qui sont reliés à l’Escaut. Enfin, plus au sud, la Fourth Army de Henry Rawlinson qui doit dégager la région rurale et boisée de l’Avesnois, va devoir traverser l’une des portions les plus larges de la Sambre, soit 12 mètres de large et 1,8 m de profondeur.

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– Les troupes de Rawlinson doivent attaquer sur un front de 16 km, afin de franchir la Sambre à Landrecies et Sassignies, de même que la Rigolette et la Petite Helpe. Le plan offensif du commandant de la Fourth Army est d’appuyer la Third Army sur son flanc droit, le long de l’axe Hecq – Leval qui scinde l’important massif forestier de Hecq. Les deux Corps doivent progresser de part et d’autre de l’axe Happegapes – Marbaix, afin de dégager la route d’Avesnes. Sur la gauche (nord), le XIII Corps de Thomas Morland (18th, 50th, 25th et 32nd Divisions) doit dégager le massif forestier Hecq – Sassegnies et couper la route Locquignol – Maroilles. Plus au sud, les divisions de Morland doivent dégager Faubourg-Soyères, Preux-au-Bois, Landrecies, Maroilles, Noyelles, Taisnières, Marbaix et Dompière. Sur la partie sud, le IX Corps de Walter Braithwaite (14th, 1st et 3rd Divisions) doivent conquérir successivement Ors, Petit Versaille, Favril, la Basse Maroilles, Grand Fayt ; Mézières, Hautrève, le Bois Toaillon, Fesmy, la Groise, Zobeau, le Sart, Prisches, Malgarni, Cartignies, avant d’atteindre le Canal de Chevreuil.  Enfin, en accord avec Foch, la Ire Armée française d’Eugène Debeney aura pour mission d’attaquer La Capelle afin de soutenir l’offensive des deux Corps de Rawlinson.

– Seulement, les Britanniques ont sensiblement accumulé les pertes depuis l’offensive victorieuse du 8 août. Peter Hart montre que depuis Août, les Britanniques, Canadiens, Australiens et Néo-Zélandais ont perdu 360 000 hommes. Et dans nombre de Battalion (unité tactique de base), les effectifs ont été sérieusement entamés. Jusqu’à 500 hommes en était de combattre. Et les soldats arrivés en remplacement sont d’anciens convalescents ou de jeunes conscrits récemment débarqués. Du coup, beaucoup de soldats aguerris jouent la prudence, sentant clairement que la fin de la guerre est une question de semaines, sinon de jours (5).

– Les Britanniques s’apprêtent donc à attaquer vers la Sambre. Mais avec cette guerre de mouvement marquée par des combats en plein champ, ils ont été contraints d’adapter leurs tactiques. Le manque de moyen technologique, notamment pour rendre l’Artillerie mobile, nuit au mouvement, notamment du fait que la très puissante artillerie lourde ne peut qu’être déplacé lentement ou dépend du rail. Du coup, comme l’explique Peter Hart, les généraux du BEF doivent adapter l’emploi de leurs bouches à feu dont dépend l’Infanterie pour la conquête du terrain. Ainsi, les canons et obusiers lourds à longue portée, comme les pièces moyennes, ont pour tâche d’effectuer le court mais puissant tir de préparation dans la profondeur du dispositif ennemi, ainsi que le tir de barrage (1 slide de feu tous les 90 m environ). Du coup, l’artillerie de campagne (principalement les pièces de 18-pounder) doivent talonner l’infanterie et l’appuyer en tir direct et indirect, ce qui nécessite d’employer les équipages hippomobiles, voire aussi avec les camions qui peuvent embarquer un canon. Les fantassins peuvent compter sur le concours des avions chargés de bombarder des cibles tactiques précises, mais les appareils sont dépendants de la météorologie qui n’est pas des plus favorables en plein automne.

– Et ce concours des obusiers Ordnance QG 18-pdr peut s’avérer très utile pour réduire les poches de résistance allemande. En effet, durant l’année précédente, les Allemands qui ont privilégié les constructions en dur de la Ligne « Hindenburg », n’ont pas jugé utile de fortifier et les rives de la Sambre avec un réseau d’abris bétonnés et de tranchées. Et la saignée des effectifs, les a empêché de constituer un bon réseau de tranchée. Du coup, les unités encore combattantes – déjà fort réduites – s’adaptent elle aussi. Peter Hart souligne donc que pour défendre la Sambre, les Allemands utilisent les hameaux, les fermes, les villages et les bosquets de l’Avesnois avec lesquels ils constituent des réduits défensifs, articulés autour de mitrailleuses, de mortiers et même de canons de 7.7 cm (6).

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– Le mercredi 30 octobre, la Royal Air Force ouvre le bal par un puissant harcèlement des unités des Luftstreitskräfte comme des forces au sol. Outre les attaques au sol et le quadrillage du ciel, la RAF assure également, par des relevés photographiques, les missions de repérage et pointage des emplacements de canons et de mitrailleuses.

– Le 1er novembre, les First et Third Armies britanniques doivent déclencher une offensive préliminaire afin de dégager Valenciennes et son important nœud ferroviaire. Mais les Britanniques savent que la ville est bondée de Civils français. Un puissant bombardement serait du plus mauvais effet. De plus, les rives de l’Escaut ont été inondées, constituant un obstacle supplémentaire qui protège l’accès à la ville par l’ouest. Henry Horne et ses chefs de Corps se concertent alors pour un plan rapide. On décide alors de  prendre la ville par le sud, dès lors que le XXII Corps d’Alexander Godley (4th, 49th et 51st Divisions) aura franchi l’Escaut avant d’attaquer sur la Rhonelle. Simultanément, le Canadian Corps d’Arthur Currie (3rd et 4th Canadian Divisions) devra également s’emparer des Crêtes dominant la Rhonelle.

– Le 1er novembre, jour de la Toussaint,  à 05h15, les deux armées britanniques déclenchent leur assaut concerté. La 61st (2nd South Midland) Division (F.J. Duncan) –  du XXII Corps – s’empare de Maresches et du Carrefour de Saint-Hubert. Les Britanniques, qui attaquent toujours en sections interarmes, doivent nettoyer plusieurs petites poches de résistance mais la défense allemande faiblit très rapidement. Parallèlement, le Canadian Corps envoient des éléments de pointe dans Valenciennes qui est rapidement investie, malgré une contre-attaque allemande à Maresches, appuyée par un Mark IV de capture (dans lequel sert un certain Sepp Dietrich* Le lendemain 2 novembre, les Canadiens s’emparent de Saint-Saulve. L’Offensive sur la Sambre peut donc commencer.

– Le 4 novembre, au déclenchement de la Bataille, la New Zealand Division d’Andrew Russell emporte deux beaux succès. Premièrement, par un assaut marqué par une véritable souplesse un net sens de l’adaptation tactique, la 3rd New Zealand (Rifle) Brigade s’empare de la Citadelle du Quesnoy, pendant que la 4th NZ (Rifle) Brigade dégage la partie centrale de la Forêt de Mormal. Sur le flanc droit (sud) des Néo-Zélandais, la 37th Division (Hugh Bruce-Williams) attaque en direction de Louvignies-Quesnoy et Jolimetz, avant de pénétrer dans la partie occidentale de la Forêt de Mormal et coupe la voie ferrée Le Quesnoy – Maubeuge. Dans le secteur du VI Corps, bien appuyée par des tanks Medium Mark A Whippet du 6th Battalion Tank Corps, la Guards Division (Torquhil Matheson) dégage la partie sud de la Forêt de Mormal, ainsi que les village de Preux et Buvignies. De leurs côtés, les armées françaises ont également avancé. Ainsi, la Ve Armée (Adolphe Guillaumat**) atteint Seraucourt-Dizy-le-Gros, pendant que la IIIe Armée de Georges Humbert – réintroduite dans le dispositif courant octobre*** – atteint la Serre après avoir dégagé Bucy-le-Pierrepont. Et la Ire Armée de Debeney libère Guise avant d’atteindre La Capelle et Hirson. Dans chaque ville ou village français libéré, les civils  – pour qui cesse une occupation de quatre ans, accueillent les Poilus dans la joie. Seulement, l’avance française ralentit les 6-7 novembre. Le temps déplorable n’y est pas pour rien mais la résistance allemande se durcit. Ainsi, Humbert et Debeney sont-ils respectivement bloqués au pied du Massif ardennais et sur le Ton, au sud-est de Hirson (7).

– Plus au sud, le XIII Corps (Th. Morland) de la Fourth Army s’empare de Locquignol, pendant que le IX Corps (Walter Braithwaite) s’emploie à traverser le Canal Sambre-Oise.  Les fantassins avancent derrière un mur de feu délivré par l’Artillerie. Mais bien retranchées, les mitrailleuses Maxim font encore du dégât dans les sections d’attaque. Cependant, les Britanniques emportent leurs objectifs. A 05h45, sous une pluie battante, deux têtes de pont sont établies par une action conjointe des 1st Division (Peter Strickland) et 32nd Division (Thomas Lambert), tandis que Le Catillon tombe aux mains des britanniques. Enfin, plus au nord, sur le front de la First Army, les Britanniques franchissent l’Anelle à Sebourquiaux. La journée du 4 novembre est encore un succès qui doit être transformé après une pause (8).

– Les lignes protégeant l’accès à la Sambre ayant été percées, le Kronprinz Rupprecht von Bayern comprend que résister sur place ne sert plus à grand-chose. En outre, ses deux subordonnés, Georg von der Marwitz (II. Armee) et Bruno von Mudra (XVII. Armee) font savoir que leurs forces sont dramatiquement réduites en termes d’effectifs et ont atteint un niveau maximum d’épuisement. Il y a donc un danger à ce qu’une seconde attaque britannique n’engloutisse ses deux grandes formations, d’où l’urgence de rameuter tout le monde sur la ligne Anvers – Meuse. Le 6 novembre, alors que l’Allemagne sombre davantage dans le désordre, le Kronprinz Rupprecht entame le retrait de ses forces vers la Meuse. Les armées britanniques talonnent immédiatement les Allemands mais l’avance est plus longue qu’espéré en raison des problèmes logistiques. La Royal Air Force, qui connaît moins de problèmes de mobilité, profite d’une accalmie du temps pour harceler implacablement les colonnes allemandes en retraite. Cela n’empêche pas Arthur Currie de se lancer dans une véritable course pour atteindre Mons afin de piéger une partie des forces allemandes. Avançant lentement, les Britanniques libèrent Maubeuge le 9 novembre. Le même jour, la Fourth Army de Rawlinson atteint la Forêt de Trelon. Les Français ne sont pas en reste. Ainsi, comme le signale le Colonel Henri Ortholan, sur le flanc droit (sud) des Britanniques, la Ire Armée d’Eugène Debeney (VIIIe, XVe, XXe, XXXIe et XXXVIe CA) entre en Belgique et progresse vers Chimay. Sur sa droite, la IIIe Armée de Humbert (avec les XVIe, XVIIIe et XXXVe CA) atteint Rocroi et sa citadelle (9). Enfin, plus au nord le Groupes d’Armées des Flandres (GAF) du Général Degoutte (VIe Armée française, Second Army et éléments belges) atteignent Ath, après avoir dépassé l’Escaut. Le 11 novembre, les Alliés se mettent en route en direction de Bruxelles et Tirlemont (10)

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– Le 10 novembre, Canadiens et Britanniques atteignent le secteur de Mons. Comme le signale Peter Hart, pour Henry Horne le moment est symbolique. En effet, quatre ans plus tôt, alors qu’il commandait l’artillerie du I Corps, Horne avait assuré la retraite en bon ordre des divisions grâce à un tir d’artillerie qui surprit les Allemands. En novembre 1918, il se retrouve donc devant Mons. Croyant protestant, Horne voit que cet instant était « entre les mains de Dieu ». Le 11 novembre, la 3rd Canadian Division de Louis Lipsett s’apprête à entrer dans Mons. La concurrence s’installe entre chaque Battalion pour qui arrivera le premier. Finalement, c’est le 42nd (Royal Highlanders) Bn de la 7th Canadian Brigade qui entre le premier dans Mons à 04h00 du matin. La ville de Belgique ayant été évacuée par les Allemands. Les Canadiens sont joyeusement accueillis par la population civile qui voit la fin d’une occupation de moins de cinq années. Mais les abords ne sont pas encore sécurisés et jusqu’à 11h00, des échanges de tirs ont lieu. C’est notamment pendant la libération de Mons que tombent les deux derniers soldats du Commonwealth. Le premier, George Edwin Ellison, du 5th Royal Irish Lancers (2nd Cavalry Division) est tué lors d’une reconnaissance à cheval. Enfin, du côté canadien, peu avant l’annonce de la fin des combats, le Private George Lawrence Price tombe sous le feu d’un soldat allemand. Ce soldat canadien est le dernier membre des forces alliée qui est tué (11).

G.E. Ellison
George Edwin Ellison

 

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George Lawrence Price

* Merci à M. Sylvain Ferreira pour ce renseignement.
** Guillaumat vient de remplacer Berthellot parti en Roumanie remettre sur pied la petite armée du Roi Ferdinand pour la fin du conflit.
*** Elle avait été mise au repos après la poussée en Picardie du mois de septembre précédent.


(1) HART P. : « The last battle. Victory, defeat and the end of World War I », Oxford University Press, 2018
(2) HART P., Op. Cit.
(3) Ibid.
(4) Ibid.
(5) Ibid.
(6) Ibid.
(7) ORTHOLAN Col. H. : « 1918. L’année décisive ». Tome 2 « La contre-offensive alliée », SOTECA, Paris, 2018
(8) HART P., Op. Cit.
(9) ORTHOLAN Col. H., Op. Cit.
(10) Ibid.
(11) HART P., Op. Cit.

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