Atteindre la Ligne « Hindenburg » (août-sept. 1918) – Partie 1

Rappel : le 10 août, la Fourth Armee dut arrêter sa puissante offensive aux portes de Chaulnes, tandis que les Ire et IIIe Armées françaises durent se contenter d’une progression plus limitée – mais réussie – vers Noyon et Tergnier, après avoir libéré Montdidier. Mais au lendemain de cette victoire, Foch demande aux Britanniques de relancer leur offensive pour faire sauter le verrou que représente la Somme. Foch souhaite en fait étendre la Bataille de Picardie en lançant une série d’offensives afin de reconquérir le terrain perdu depuis le mois de juin. Foch et Haig vont pouvoir compter sur un contexte très favorable marqué par le net affaiblissement de l’Armée allemande et le moral gonflé de leurs soldats. Ce chapitre assez méconnu de l’année 1918 fera l’objet de d’une suite d’articles, lesquels porteront sur les opération successives de la Campagne des Cent Jours qui ont mené à la percée de la Ligne « Hindenburg ». Les deux premeirs seront consacrés aux considérations stratégiques, à l’offensive française entre l’Oise et la Vesle, ainsi qu’à la méconnue Seconde Bataille d’Arras qui fut bien plus victorieuse que celle de 1917*.

Sept. 1918

PARTIE 1 – TRANSFORMER L’ESSAI DES 8 – 10 AOÛT

1 – LES PLANS DE FOCH

– A la moitié du mois d’août, Foch décide d’attaquer entre la Scarpe et la Somme, pendant que les  Français attaqueront entre l’Oise et la Somme (Fayolle) et que les Américains lanceront une attaque contre l’épaule du front, contre le saillant de Saint-Mihiel. Jean-Christophe Notin relate que cette demande du nouveau Maréchal de France eut le don de faire enrager Henry Rawlinson qui se serait écrié : « Ce n’est par Foch qui commande l’Armée anglaise ! (1) » Mais la palme de la mauvaise foi revient sûrement à Herbert Lawrence, le nouveau chef d’état-major de Haig, comme le souligne Jean-Yves Le Naour. Ainsi, Lawrence – qui n’a connu que le front du Moyen-Orient – a le toupet de déclarer que l’Armée française « ne fait rien ». Après avoir perdu plus de 400 000 soldats (tués et blessés) depuis le mois de mars et sauvé la mise à une armée anglaise, les Français avaient de quoi rire jaune (2).

– Mais en dépit des récriminations de ses subordonnés, Douglas Haig entend suivre Foch car il voit bien que la victoire alliée deviendra une réalité. Du coup, l’Ecossais décide d’obtenir une bonne part des lauriers de la victoire en se montrant coopératif avec Foch. Du coup, à la mi-août, alors que Pershing prépare « son » offensive contre le Saillant de Saint-Mihiel, Douglas Haig le double à la course en proposant à Foch un autre plan : plutôt que d’attaquer sur les épaules, mieux vaut frapper sur l’axe Arras – Cambrai – Mézières. Haig assure au tarbais que ses forces sont capables de franchir la Somme avant de percer les Canaux du Nord et de Saint-Quentin. A vrai dire, cette fois, le commandant en chef du BEF n’a pas tort, le nombre de prisonniers allemands ramassés du 8 au 10 août laisse à penser que l’Armée allemande est à bout de souffle et n’aura pas la force de résister. Or, autant donner le coup de grâce au plus vite en frappant en direction de Mézières, son poumon logistique pour la France. Mais comme le dit Henri Ortholan, si Foch accepte l’idée de Haig (en sachant que l’Ecossais peut référer à son Gouvernement pour toute décision opérationnelle), il va réussir à garder la main sur l’ensemble des opérations tout en devant faire des concessions aux Britanniques comme aux Américains. Mais comme le dit le regretté Général André Bach, si le Foch de 1914-1916 n’a guère été brillant, celui de 1918 réussit ce qui paraissait impossible encore quelques mois auparavant : conduire une coalition.

– Alléché par cette perspective de repousser les Allemands au-delà des frontières du nord-est plus vite que prévu, Foch donne son accord. En convergence avec l’offensive du BEF, le Groupe d’Armées de Réserve (GAR) d’Emile Fayolle lancera une puissante sur un axe nord-est – nord depuis l’Avre, l’Oise et la Vesle. L’objectif des Français sera de libérer le secteur de Roye – Tergnier – la « Petite Suisse » – Lassigny – Ribecourt – Roye (Ire et IIIe Armées) ; le Soissonnais (Xe Armée) et le Laonnois (VIe Armée). Les Français devront d’abord converger vers Saint-Quentin et Mézières. Parallèlement, le Groupes d’Armées du Centre (Ve et IVe Armées) de Paul Maistre et les forces américaines devront attaquer depuis une ligne située entre les contreforts nord de la Montagne de Reims et la Meuse en direction de Mézières et Sedan.

– Du point de vue des opérations, Douglas Haig propose à Foch le plan suivant : frapper simultanément au nord et au sud de la Somme. Dès le 10 août, Haig s’est entretenu avec The Honourable Sir Julian Byng, commandant de la Third Army, en lui ordonnant de placer ses forces en position d’attaque pour dégager le saillant de Bapaume avant de percer la « Wotan-Stellung », soit une portion de la « Siegfried-Stellung » qui couvre la ligne Quéant – Drocourt. Pendant ce temps, la First Army de Henry Horne (peu active depuis la Quatrième Bataille de la Lys en avril) doit couvrir Byng en attaquant les positions allemandes sur la Scarpe. Afin de créer un équilibre offensive entre ses deux armées, Haig octroie alors à Byng le Canadian Corps d’Arthur Currie – l’une des meilleures forces offensives du BEF –  qui est transféré par camions et trains entre la Scarpe et Mercatel, pour former l’aile droite de la First Army, flanquant l’aile gauche de la Third Army, entre Mercatel et Neuville-Vitasse. Sur la rive sud de la Somme, la Fourth Army de Henry Rawlinson, auréolée de la victoire du 8 août, marchera sur Péronne. Rawlinson dispose de l’autre très bonne force de frappe du BEF ; l’Australian Corps de John Monash que l’on ne présente plus. Afin de compenser la « perte » du Canadian Corps, Rawlinson prend pour l’heure sous son autorité, le IX Corps de Sir Walter Braithwaite (2 divisions ). Enfin, le III Corps de Richard Butler (aile nord de Rawlinson) a reçu une division supplémentaire, la 74th (Yeomanry) Division, soit une formation mobile qui a été rameutée de Palestine au printemps.
Carte-1918
– En parallèle, les Ire et IIIe Armées françaises du GAR (commandées respectivement par Eugène Debeney et Georges Humbert), après avoir soufflé quelques jours, reçoivent pour mission d’atteindre une ligne Bray-s/-Somme – Ribécourt en dégageant Lihons – Camp-de-César (ou Camp-de-Roye) – Lassigny, en attaquant de part et d’autre de Roye. La IIIe Armée de Humbert doit notamment nettoyer les rives du Matz cédées aux forces allemandes lors des combats pour enrayer l’Offensive « Gneisenau » (3). Pétain approuve l’idée depuis que les forces d’Emile Fayolle ont repoussé les Allemands jusqu’à la Vesle. Après le 8 août, « Précis le sec » prescrit à Fayolle d’engager l’ensemble de son Groupe d’Armées entre l’Oise et l’Aisne. Pétain envisage de dégager définitivement le massif de Laniscourt, l’Ailette avant de déboucher sur la plaine de Laon. Cette partie de l’offensive est confié à la Xe Armée de Mangin qui doit notamment dégager Soissons. Comme l’explique Henri Ortholan le plan français de définit comme une « offensive roulante » qui doit démarrer le 20 août, précédé le 17 par des attaques préliminaires sur l’Oise et séquencé comme suit (4) :

1 – 17 – 22 août : Attaque de la Xe Armée sur l’Oise
2 – 22 – 26 août : Attaque des Third et Fourth Armies britannique de part et d’autre de la Somme
3 – 26 – 29 août : Attaque de la First Army britannique sur la Scarpe

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2 – LA KAISERSHEER AUX ABOIS

– Du côté allemand, l’ambiance n’est guère à la fête. Après avoir subi deux chocs quasiment consécutifs (Marne et Somme), Erich Ludendorff est tombé dans une grave dépression. Sa posture martiale et sévère s’est subitement muée en caractère cyclothymique et anxieux. Il vient de comprendre que toute sa stratégie et son incohérente conduite des opérations a échoué. Pourtant, il continue d’abreuve (via censure militaire interposée) des messages rassurants à l’adresse des responsables civils et de l’opinion. Lesquels se demandent également pourquoi la guerre dure. Certains ministres et députés ne sont même pas au courant de la gravité de la situation. « Polux » ayant encore l’énergie de retenir fermé le couvercle de la marmite des communiqués. Pourtant, dans les QG du front ouest, tout le monde s’inquiète de la situation. Plusieurs hautes personnalités dont le Kronprinz estiment qu’il serait plus profitable de replier l’Armée vers les frontières de l’Allemagne pour mieux défendre le « Vaterland ». Mais Ludendorff refuse, prétextant un effet désastreux sur l’opinion qui pourrait être le catalyseur d’agitation révolutionnaire. Ludendorff revoit son plan stratégique. Il faut contraindre à présent les Alliés à négocier en protégeant au mieux les frontières du Reich. C’est déjà un aveu de faiblesse dissimulé mais Ludendorff estime possible de tenir encore plusieurs mois avant que les Alliés ne soient épuisés. Or, avec un net déficit en infanterie, en munitions et en matériels sur roues et face à un flot de débarquement continu de soldats américains, plus de 3 000 chars alliés et des forces aériennes supérieures, on voit très mal comment cela peut être possible (5).

– Pour l’heure, Erich Ludendorff décide de suivre son plan défensif en arc-boutant la défense allemande sur un ensemble poliorcétique composé des « Hagen-Stellung », « Wotan Stellung », « Siegfried-Stellung » (Ligne « Hindenburg ») et « Kriemhild-Stellung ». Les forces allemandes peuvent d’ailleurs compter sur deux obstacles semi-naturels pour retenir les forces alliées : les Canaux du Nord et de Saint-Quentin, qui peuvent être tenu sous le feu des armes lourdes et des mitrailleuses. Or, il est séduisant de tenir une ligne défensive bien établie. Sauf que l’Infanterie manque considérablement pour garnir les fortifications et les soldats des Stellung-Divisionen sont mal nourris et de plus en plus démotivés. Du coup, les fantassins restant – notamment les Sturmtruppen rescapés des combats estivaux – viennent prêter main forte. Mais comme le dit Jean-Yves Le Naour, l’armée allemande, aux dires de l’un de ses officiers, se retrouve « avec plus de mitrailleuses que de mitrailleurs (6) ».

– Toutefois, les Allemands décident dès la mi-août de remanier leur dispositif défensif stratégique du Front de l’Ouest. Comme le décrit le Colonel Henri Ortholan, Le Heeres-Gruppe « Rupprecht » (Rupprecht von Bayern) conserve la charge du front des Flandres (IV. et VI. Armeee) et celui qui couvre la ligne comprise entre la Lys, La Bassée  et le nord de Bapaume (XVII. et II. Armeen). Cependant, afin de raccourcir sa ligne et protéger le secteur d’Ypres, Rupprecht a dû évacuer une partie de la Plaine de la Lys, ainsi que le Mont Kemmel durement gagné en avril précédent (7). Plus au sud, le nouveau HG « von Böhn » (Max von Böhn) reprend simplement le front du HG « Kronprinz » qui va de Bapaume jusqu’à la Vesle. Dans le secteur qui nous intéresse, la XVIII. Armee d’Oskar von Hutier couvre une ligne qui va de Bapaume aux monts situées au nord de Noyon et passe par l’ouest de Péronne et Hurlu, tout en s’accrochant au cours supérieur de la Somme. La Somme forme alors clairement le dernier rempart naturel qui sépare les armées alliées du Canal de Saint-Quentin (8).

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3 – LES PROGRÈS FRANÇAIS ENTRE OISE ET AISNE

– Il convient ici de revenir, en quelques détails, sur des offensives de l’Armée françaises qui restent particulièrement occultées. Pourtant, force est de constater qu’elles ont contribué à l’effondrement de l’Armée allemande sur le front ouest. Et qu’en dépit des difficultés, les Généraux français et leurs soldats auront mené une campagne plus qu’honorable.

1 – Les combats pour l’Aisne et la Vesle

– Rentré dans les bonnes grâces de (presque) tout le monde grâce à sa contre-offensive réussie à l’est du Matz le 11 juin et sa nette contribution à la Seconde victoire de la Marne, Charles Mangin est clairement d’humeur offensive, d’autant que sa Xe Armée est puissamment dotée en hommes, chars, avions, artillerie et moyens de transport. Cependant, sa direction de l’offensive est originale. Comme le relate Edmond Buat, au lieu de donner des axes de progression prioritaires et secondaires à ses quatre corps d’Armée (les Ier, VIIe, XVIIIe et XXXe CA), Mangin leur assigne à chacun des zones dans lesquelles la progression s’effectuera de façon autonome, derrière une puissante préparation d’artillerie. Buat le reconnaît, aussi risquée soit-elle et en dépit de durs combats face aux premières lignes allemandes encore tenaces, la méthode Mangin paie. Dès le 18 août, une attaque locale permet déjà de dégager Nampcel, Morsain et Nouvion-Vingré en capturant 2 000 hommes (9).

– Le 20 août, Mangin déclenche son attaque entre l’Oise et Soissons, soit sur 50 km, en dépit d’un terrain boisé et vallonné qui ne profite pas à la mobilité de l’Infanterie et des chars. Quoiqu’il en soit, en trois jours de combats, Mangin bouscule durement les IX. Et VII. Armeen allemandes et ses troupes atteignent le sud de l’Ailette le 22. 8 000 autres soldats allemands se rendent aux Français, soit quasiment toute une division. Mangin menace alors Soissons par le nord et le flanc gauche de la XVIII. Armee d’Oskar von Hutier qui doit défendre l’accès à la Somme. Le 28 août, Mangin reprend son attaque après avoir regroupé ses importants moyens. Malheureusement, il butte sur une défense beaucoup plus tenace de la IX. Armee (Fritz von Below) et doit s’arrêter temporairement. Cependant, le 29 août, Mangin reprend son avance, puissamment soutenue par l’artillerie. Cette fois, la Xe Armée remporte de bons résultats en refoulant les Allemands du Plateau de Saint-Gobain et s’approchant de Laon. Le 30 août, Mangin approche de Soissons, force enfin l’Ailette en libérant également les communes de Juvigny et Chavignon. Le 1er septembre, la Xe Armée dégage Crécy-au-Mont. Si la résistance allemande se durcit sur l’Aisne, l’avance des Français continue sur 30 km, quoique ralentie. Le 5 septembre, Mangin s’empare de Coucy-le-Château. Si les remparts de la ville ont été épargnés, le château médiéval a été dynamité sur ordre de Ludendorff. Le 6 septembre, Réveillon, Breuil et Vieil-Arcy sont libérées, ce qui permet à Mangin de connecter l’ancien front de l’Aisne et avec celui de la Vesle. Cela a un impact direct sur la suite des Opérations, puisque dès le 4, la VIe Armée de Jean-Marie Degoutte et la Ve Armée de Henri Berthellot passent la Vesle (10). Ce sont les 41e DI (JP. D. Bablon), 128e DI (Segonne) et 5e DI  (Roig-Bourdeville) qui reconquièrent  Vauxaillon, Laffaux, Allemand, Sancy et le Moulin de Saint-Pierre.

– Cependant, la pression française contraint vite Ludendorff a ordonné un retrait vers la Ligne « Hindenburg ». Tenir des positions avancées dans la campagne picarde ne devient plus vraiment sûr. Le 4 septembre, Ludendorff donne donc l’autorisation à von Böhn de replier toute son aile droite vers la Somme et le Canal du Nord. Le 6, les Allemands effectuent un repli général, comme le constatent à la fois Edmond Buat et Louis Bernard. Le 7 septembre, les Français reprennent Tergnier qu’ils avaient dû évacuer fin mars, de même que Fargniers. La Fère ne se trouve plus qu’à une portée de fusil.

– Sur le font du GAR, Pétain ordonne ensuite de reprendre Laon par un effort conjugué de Mangin et Degoutte. Le premier lance sa Xe Armée par la Forêt de Coucy et l’autre par l’Aisne. Entretemps, Degoutte a fait des pieds et des mains auprès de Pétain et d’Edmond Buat pour recevoir des chars. Buat lui a répondu qu’au lieu de Renault FT, on lui enverra des Saint-Chamond et des Schneider car il n’y a que ces modèles qui peuvent lui être alloués. Et tant pis s’il râle (11). Cela n’empêche pas les deux armées françaises de s’approcher de Laon, même si les forces de Jean-Marie Degoutte ont plus de mal à conquérir Gleures mais elle permet de fixer une partie des forces allemandes. En revanche, Mangin qui conduit son armée « à la houzarde » comme il aime à le dire, ne s’arrête pas en si bon chemin puisqu’il reconquiert une bonne partie des secteurs perdus en juin précédent : le Mont des Singes (qui avait été conquis par les Français en octobre 1917…), Vailly, ainsi qu’une portion du chemin des Dames et du Plateau de Craone (8 septembre). Emile Fayolle ordonne immédiatement à Mangin de s’établir solidement sur la ligne Vailly – Chavignon pour obliger l’ennemi à se replier vers le nord. Mais les troupes françaises sont fatiguées et après plusieurs semaines de combats intenses doivent se reposer. La prise de Laon doit donc être remise à plus tard. La VIe Armée reste sur place mais elle doit faire ses adieux à son chef qui l’aura victorieusement menée depuis la Marne. En effet, Jean-Marie Degoutte est nommé par Foch à la tête du nouveau Groupe d’Armées des Flandres. Antoine Baucheron de Boissoudy le remplace. Quant à la Xe Armée, elle transfère ses forces aux Ire et VIe Armée et reçoit l’ordre de transférer son PC en Lorraine pour prendre part à l’offensive que prévoit Foch en Moselle.

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2 – L’offensive sur l’Oise

– Suivant le rythme de Mangin, le Général Humbert lance la IIIe Armée (XVe et XXXIVe Ca) à l’assaut entre Montdidier et Ribecourt. Préalablement, comme le souligne le Général Louis Bernard (Chef d’état-major de Humbert) dans ses Souvenirs de la Grande Guerre, le 15 août, la XVIII. Armee de von Hutier a évacué une partie des lignes conquises en raison de la réussite des offensives franco-britanniques des 8-10 août. Du coup, la IIIe Armée reprend l’offensive à partir des lignes de mars 1918, soit sur l’Avre et le Matz. Le 23 août, Humbert lance son offensive générale, franchit la Divette, dégage le Plémont et percute encore durement le centre et une partie de l’aile gauche de von Hutier qui sont enfoncés sur 15 km de profondeur. Lassigny tombe le 24 et le 28, les soldats français sont devant Noyon. Maintenant un solide contact avec l’aile gauche de Mangin, les troupes de Humbert avancent ensuite rapidement sur les routes de Ham et Chauny. Le 29, après plusieurs heures de combats autour de la ville, Noyon est libérée par les Poilus (12). L’ancienne cité médiévale picarde, avec sa cathédrale joyau de l’Art Gothique n’est plus qu’un vulgaire tas de ruines et de gravats. Au début septembre, les divisions et unités de la IIIe Armée sont placées sous l’autorité de la Ire Armée d’Eugène Debeney qui doit poursuivre l’offensive en direction de Saint-Quentin. Le Général Bernard note également que plusieurs milliers de soldats français sont mis à contribution pour les travaux des champs, notamment des récoltes. Après la prise de Noyon, Humbert et son état-major sont alors placés en réserve en Champagne (13).

– Appuyant la Fourth Army britannique, la Ire Armée d’Eugène Debeney qui part à l’attaque le 10, en coordination avec l’aile droite (sud) de la Fourth Army de Rawlinson. Percutant encore les Allemands, Debeney bat les Allemands à Savy-Dallon. Le 18, il reprend Gouzeaucourt et Holnon en faisant 10 000 prisonniers et en prenant un butin de 150 canons. Debeney enlève ensuite l’Epine du Dallon, Castres, Essigny le Grand et vient border l’Oise de Vendeuil à La Fère, approchant ainsi du sud de Saint-Quentin et agissant en jonction de la Xe Armée de Mangin. Parallèlement, la Fourth Army capture Epehy le 18 septembre, ce qui lui permet d’approcher du Canal du Nord.

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Mes plus sincères remerciements à Damien Bès de Berc, arrière-petit-fils du Général Bernard, sans qui certaines lignes de cet article n’auraient pu être rédigées.

 

* Voir cet article : https://acierettranchees.wordpress.com/2017/05/18/la-bataille-darras-11-avril-15-mai-1917/


(1) NOTIN J-CH. : « Foch », Perrin, 2009
(2) LE NAOUR J-Y. : « 1918. L’étrange victoire », Perrin, 2014
(3) ORTHOLAN Col. H. : « 1918. L’année décisive », Tome 2, « La contre-offensive alliée », SOTECA, Paris, 2018
(4) ORTHOLAN Col. H., Op. Cit.
(5) LE NAOUR J-Y., Op. Cit.
(6) Ibid.
(7) ORTHOLAN Col. H., Op. Cit.
(8) Ibid.
(9) BUAT Gén. Ed. : « Journal de Guerre 1914-1923 », GUELTON Col. Fr. & SOUTOU G-H. (Prés.), Perrin, Ministère de la Défense
(10) Ibid.
(11) Ibid.
(12) BERNARD Gén. L. : « Souvenirs de Guerre 1914-1918 », Fonds privé
(13) BERNARD Gén. L., Op. Cit.

 

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