– Quatre-vingt-treize minutes ! Ce fut la durée de cette courte offensive à objectif limitée mais qui marque un « tour de chauffe » avant l’Offensive du 8 août. Décidée pour réduire un saillant dans le front allié de la Somme, le succès australien du Hamel marque clairement l’évolution de l’art de la guerre vers la mécanisation et la combinaison interarmes. Cet article propose de décortiquer la préparation de cette offensive qui mènera les forces australiennes à un net succès. Succès qui servira notamment de schéma à la grande offensive du 8 août suivant.
1 – UN OBJECTIF LIMITE POUR UN PLAN MILLIMÉTRÉ
– Depuis la seconde Bataille de Villers-Bretonneux, le front s’est stabilisé entre la route Amiens – Brie et la rive gauche de la Somme. Mais les Allemands conservent encore un saillant dessiné par le village du Hamel, son bois et le Hamelet. Or, depuis la fin du printemps, Ferdinand Foch nourrit l’idée de lancer une série d’offensives destinées à rejeter les Allemands vers les frontières du Reich Wilhelmien. En accord avec Douglas Haig, le Chef d’état-major général allié préconise une offensive française en Champagne (qui surviendra en juillet) de même qu’un puissant effort britannique en Picardie pour dégager définitivement Amiens et repousser les Allemands vers la région de Saint-Quentin. Mais pour que cette offensive se prépare dans les meilleures conditions, la BEF doit nettoyer le secteur du Hamel afin de donner une cohérence au front. C’est le Lieutenant.General John Monash, commandant de l’Australian Corps (ex ANZAC I) qui émet cette idée. Et Henry Rawlinson, commandant de la Fourth Army, donne son approbation au projet, suggérant à Monash d’attaquer à la fin du mois de juin 1918 afin de laisser le temps aux Américains d’être prêts. Finalement, la date est fixée au 4 juillet, jour anniversaire de la déclaration d’indépendance américaine.
– Comptant 4 divisions et une puissante artillerie, l’Australian Corps est l’une des meilleures forces de frappe du BEF. Or, Monash est réputé être un planificateur soigneux, de même qu’un très bon communicant doublé d’un pédagogue. Ingénieur dans le génie civil avant-guerre, Monash a le souci de l’économie du sang et s’est montré largement réceptif aux nouvelles tactiques incorporant la cuirasse (1). En ce sens, il tranche avec l’esprit d’une grande partie des officiers australiens qui n’affichent qu’une confiance limitée dans les Tanks, surtout depuis les Batailles de Bullecourt (avril-mai 1917) quand l’emploi des Tanks en formations réduite pour appuyer l’infanterie s’est révélée chaotique.
– L’attaque contre Le Hamel est donc la première à être confiée à l’Australian Corps. Jusque-là, les « Aussies » avaient été engagés en coordination avec les Britanniques. Cette fois-ci, Monash a pleine autorité pour l’Offensive du Hamel. Et de plus, il a autorité sur la 33rd US Division du Major.General George Bell, dont les régiments d’infanterie sont à l’instruction auprès de 2 bataillons australiens. Toutefois, John Pershing demande à ce que les troupes de Bell se retirent du secteur pour des raisons toutes politiques. En effet, à mesure du progrès de l’engagement de l’AEF, Pershing souhaite que ses forces ne soient plus engagées de façon dispersées mais regroupées au sein d’unités américaines autonomes. Le 2 juillet, Haig donne alors l’ordre à Rawlinson de signifier aux régiments de la 33rd US Division de quitter le front de la Somme. Mais Monash, après avoir consulté ses commandants de divisions, demande à Rawlinson de conserver impérativement 4 compagnies dans ses Battalions d’Australiens. Monash avance que l’ordre de Pershing lui est parvenu trop tard (18h30) pour se permettre d’engager un mouvement de repli complet. Rawlinson se montre particulièrement inquiet d’autant que Haig le surveille au moindre faux pas mais Monash lui souligne l’importance de conserver la confiance des soldats américains pour les opérations à venir. Connaissant les compétences de Monash, Rawlinson le laisse faire. Résultat, les 4 compagnies américaines (250 hommes chacune) laissent chacune 1 section à 1 Australian Battalion.
– Si Le Hamel et son bois doivent faire l’objet d’une offensive limitée, celle-ci doit être menée suivant une planification rigoureuse suivant des objectifs clairs et une bonne coordination entre les différentes armes. Pour réunir ces conditions, Monash coordonne les travaux pour obtenir un plan digne d’une parfaite composition dans laquelle les différentes armes et unités sont les instruments. Et comme dans une partition, chaque instrument joue sur sa gamme dans un ensemble harmonieux et articulé. Seulement, Monash doit faire face un problème sérieux : le manque d’hommes dans les rangs de l’Infanterie depuis les combats de Passchendaele et plus partiellement, lors des combats du printemps 1918 en Picardie et dans les Flandres. Or, si la conscription a été instaurée en Australie suite à un referendum favorable, les nouveaux soldats recrutés ne servent que sur le territoire du dominion et ne sont pas envoyés en outre-mer. Tenant compte de cette donnée, Monash ordonne à ses officiers d’entraîner et former intensément leurs soldats suivant l’adage « la sueur épargne le sang ». L’accent est notamment mis sur la manœuvre et la prise de positions ennemies en sections dotées d’une bonne puissance de feu et regroupées autour de Tanks. Autre point important, la coordination entre unités et entre l’avant et l’arrière doit être assurée par des estafettes et des soldats du Signal Corps dotés de téléphones de campagne et même de télégraphes. Et ces téléphonistes doivent littéralement talonner les unités d’assaut. C’est ce que l’historien britannique Paddy Griffith qualifie de « contrôle de la bataille mobile » (2).

– Le plan de Monash est tactiquement relativement simple, puisqu’il s’agit de prendre Le Hamel, son bois et le village de Vaire par une manœuvre en tenaille sur 3 à 6 km avant de consolider (« mop up ») les positions conquises. Mais c’est sur le plan technique que la planification est remarquable. Le 2 juillet, Monash la détaille devant son état-major, ses subordonnés et devant le Premier Ministre australien Billy Hughes. A ce sujet, Hughes qui s’attendait à limoger Monash sur des propos d’officiers hostiles*** se trouve impressionné par l’exposé du général et se trouve convaincu de le laisser à son commandement. Monash explique donc qu’il prévoit une infiltration en force de ses troupes dans le dispositif allemand, sous le couvert de l’obscurité matinale, pendant que l’artillerie lourde bombardera des cibles désignées à l’avance. Monash insiste également sur l’utilisation d’une forte reconnaissance aérienne afin de diriger les mouvements de troupes de façon plus optimales. Le renseignement n’est donc pas laissé au hasard. Ainsi, les observations photographiques aériennes (opérées par les appareils RE-8s du No 3 Squadron AFC) sont regroupées et recoupées au sein du service de renseignement (Intelligence) de l’Australian Corps. Et le traitement des informations fait l’objet de conférences d’instruction dispensées à tous les échelons de commandement, pratique initiée dès 1916 et largement perfectionnée puis. Enfin, le traitement du renseignement laisse apparaître que Le Hamel n’est défendu que par 3 000 soldats allemands des 13. Division (R. von Bories) et 43. Reserve-Division (W.Th. Knoch) établis dans des positions peu aménagées défensivement, excepté sur la « Pear Trench » (« Tranchée de la Poire ») au nord du Hamel. Enfin, aussitôt Le Hamel et Vaire conquis, les Battalions de tête devront opérer le fameux Mopping-up, procédé amélioré depuis son premier emploi lors de la Bataille de la Somme. Il s’agit en fait de constituer rapidement des défenses afin de prévenir les contre-attaques allemandes. Pour cela, les soldats de ligne doivent aménager des tranchées et trous individuels se couvrant mutuellement, pendant que les servants de mitrailleuses Vickers et de mortiers Stokes arriveront en première ligne afin d’accroître la puissance de feu de défenseurs, déjà regroupés autour de Lewis Guns. Et concernant les fantassins, ceux-ci, afin d’être pleinement autonomes, doivent emporter leur lot de grenades (et de grenades à fusil pour les soldats spécialisés) ainsi que 200 cartouches. Seuls les estafettes, les téléphonistes et les télégraphistes doivent emporter que 100 cartouches afin de conserver leur mobilité.
– Monash confie l’assaut aux éléments de la 3 de ses divisions. Chaque brigade de division désignée pour l’assaut n’engagera pas la totalité de ses Battalions afin d’économiser le sang des fantassins « Aussies ». L’attaque principale est confiée à la 4th Austalian Division d’Ewen Sinclair-MacLaglan (4th, 12th et 13th Brigades) renforcée par la 6th Brigade de la 2nd Australian Division et la 11th Brigade de la 3rd Austalian Division. Enfin, la 15th Brigade (5th Austalian Division) doit opérer une diversion au nord de la somme dans le secteur de Ville-s/-Ancre. D’autre part, la V Tank Brigade (Anthony Courage) fournit le gros du soutien blindé avec ses Tanks lourds Mark V et les nouveaux Medium Mark A « Whippet », char « rapide » de 13 km/h spécialement conçu pour fournir un appui-feu direct à l’Infanterie. Chaque brigade reçoit le renfort d’un Tank Battalion (40 engins environ). Enfin, les Tanks se regroupent dans des zones définies au Fouilloy (4th et 6th Brigades) et en lisière sud-est du Hamelet (11th Brigade).
– Concernant l’Artillerie, celle-ci regroupe 639 pièces de tous calibres, soit 313 canons et obusiers de campagne et 326 tubes lourds. Son rôle est de déclencher un violent tir de barrage avec l’aide des mortiers de tranchées. Le tir de préparation est abandonné afin de conserver l’effet de surprise. Pour ce procédé, les artilleurs australiens et britanniques doivent utiliser des obus fumigènes afin d’aveugler la défense allemande. Simultanément, les pièces de campagne (18-pdr, 4.7in et 6in) doivent pilonner les positions ennemies avec un premier « lift » qui précède les fantassins de 200 m, avant d’allonger le tir à 550 m environ. Reprenant un procédé déjà utilisé à Messines, Monash fait regrouper 100 mitrailleuses devant le Bois du Hamel afin de déclencher un tir de barrage contre les défenseurs allemands qui devront être immobilisés. Enfin, 144 appareils doivent bombarder les positions allemandes du Hamel. Et le rugissement des moteurs d’avions aura pour avantage de masquer celui des Tanks. Afin de profiter à la fois de l’obscurité et des premières lueurs matinales pour que ses soldats puissent se repérer, Monash fixe l’heure de l’attaque à 03h10. Et il va jusqu’à estimer qu’en 90 minutes l’affaire sera conclue. Et sur ce point, il ne se trompe que très légèrement.
2 – LE TANK : NOUVELLE PIÈCE MAÎTRESSE ET COUTEAU SUISSE
– Depuis 1916, l’emploi des Tanks s’est perfectionné. D’abord pensé pour être une arme de franchissement, son rôle s’est accru à celui d’une arme roulante d’appui et de percée. Et le premier jour de la Bataille de Cambrai a montré que leur engagement en force a permis d’emporter la première ligne allemande. Mais en 1918, il n’est plus seulement un « bélier armé » mais s’impose comme une pièce principale du champ de bataille, notamment pour l’action dans la profondeur du dispositif ennemi, tout en opérant en interaction avec l’Infanterie. En effet, les chars ont des difficultés de « vue », de « parole » et « d’ouïe », tout en étant peu maniables. Par conséquent, ils doivent compter avec les yeux de l’Infanterie pour évoluer sur le champ de bataille. En revanche, ils constituent un (très) appréciable appui feu rapproché pour neutraliser les nids de mitrailleuse et les points de résistance ennemis. Ne pouvant communiquer par liaisons filaires ou par TSF, les fantassins qui progressent derrière un Tank peuvent avertir l’équipage à l’aide d’une cloche actionnable depuis la structure arrière de l’engin. Toutefois, l’évolution de l’emploi des Tanks est quasiment consubstantielle de l’amélioration des modèles. Ainsi, comme le fait remarquer Alistair McCluskey, l’introduction des modèles Mark V (le meilleur char lourd que peuvent aligner les Britanniques grâce à une meilleure motorisation*) permet aux engins d’emporter un petit groupe de fantassins doté d’une mitrailleuse Lewis (3). Seulement, il faut compter avec l’assourdissant bruit du moteur, la forte odeur de gasoil et le confinement, un environnement inhabituel pour des soldats habitués à combattre dans des secteurs plus ouverts. Mais ces fantassins peuvent être débarqués dans la profondeur du dispositif ennemi et attaquer des objectifs afin de faciliter la progression du reste de l’Infanterie. Rôle d’appui mais aussi de soutien, puisque comme le note l’historien canadien Bill Rawling, les chars peuvent également emporter des munitions, des grenades , de l’eau, des vivres et des médicaments à destination des fantassins. Et ils trouvent également leur utilité pour les phases de consolidation, puisqu’ils peuvent emporter des rouleaux de fils barbelés (généralement sur la casemate), des piquets, des outils et des sacs de sables qui seront utilisé par les fantassins et les Engineers pour constituer rapidement des positions défensives afin de prévenir des contre-attaques ennemies (4). En récupérant ce rôle de « bête de somme », les Tanks « allègent » les Tommys qui deviennent plus mobiles dans les phases tactiques. Et puis, les chenilles permettent néanmoins aux lourds engins de franchir des champs et un terrain déformé, bien mieux que des camions et plus rapidement que des bêtes de somme. En comparaison, la préparation des batailles de Vimy, de la Crête de Messines et de Passchendaele (1917) avaient nécessité une colossale préparation logistique allant jusqu’à la construction de voies en bois (parfois sur pilotis)** afin de permettre aux camions de ravitailler les unités de seconde et de première ligne (3). Selon le journaliste et correspondant de guerre australien Charles Bean, qui couvrit la bataille du Hamel, les Tanks ont ainsi emporté 134 rouleaux de fils barbelés, 450 piquets, 50 bidons de pétrole remplis d’eau, 45 tôles ondulées, 150 obus de mortier, 10 000 cartouches et 20 boîtes de grenades (6).
– En revanche, en raison de la performance limitée des transmissions, les équipages de char sont « muets » entre eux mais aussi avec les autres unités et avec l’arrière. Cela implique donc que les chefs d’engins connaissent très bien leurs axes et secteurs de protection, ce qui nécessite un important travail à partir de cartes. Et pour communiquer au-dehors de la cuirasse, les pigeons voyageurs représentent encore le moyen le plus fiable.

3 – LES AVIONS : FRAPPES, APPUI ET RAVITAILLEMENT PAR LE HAUT
– Comprenant que les chars sont handicapés par leur vitesse et qu’ils peuvent être distancés par l’Infanterie, John Monash innove clairement en donnant à l’aviation un rôle de ravitaillement. Ainsi, profitant de l’amélioration des systèmes de parachutes, il ordonne à ce que plusieurs appareils des No. 9 Squadron RAF et No. 3 Squadron AFC (Australian Flying Corps) emportent des caisses de munitions qui devront être larguées sur les premières lignes pour 06h30. Les chargements, composés de 2 boîtes de 1 200 cartouches, doivent être lâchés des avions à 800 m du sol. 93 boîtes seront larguées pour 2 pilotes perdus. Et marque d’une meilleure coopération, le No. 3 Squadron AFC prête du matériel à plusieurs Battalions pour allumer des feux de marquage au sol pour aider les pilotes à se repérer.
– Pour améliorer la communication entre unités aériennes et infanterie, les Australiens testent également l’envoi de messages à l’aide de roquettes. Mais l’expérience se révèle peu concluante car plusieurs messages brûlent lors du lancement du projectile ou, compte-tenu de leur précision toute relative, tombent bien trop loin de leur destination. Quant à la communication sans fil, elle n’est pas encore au point. Outre les pigeons, le plus optimal reste l’emploi de soldats du Signal Corps doté de téléphones portatifs. Mais inconvénient, en cas de bombardement d’artillerie, les fils risquent d’être sectionnés (8).

4 – L’ASSAUT : UNE VICTOIRE PAR K.O ANNONCIATRICE
– Le 4 juillet à 03h10, l’Artillerie et les mitrailleuses australiennes de même que la Royal Air Force déclenchent leur symphonie de feu. Le No. 101 Squadron RAF est particulièrement actif dans le bombardement des positions allemandes. Sitôt le tir de barrage déclenché, les fantassins s’élancent vers Vaire et Le Hamel groupés autour des chars. Seulement, l’Artillerie fait si bien son travail que les fumigènes obstruent la vue des soldats à moins de 20 m et ralentit les tanks. Violemment réveillé, les mitrailleurs allemands réagissent mais la réplique des Australiens est toute aussi violente, en raison de leur bonne puissance de feu collective. En outre, quand la vue se dégage, les fantassins signalent des positions de mitrailleuses ennemies aux Tanks qui répliquent à leur tour quand ils n’écrasent pas tout simplement la position. Les nids de mitrailleuses Maxim sont donc rapidement réduits un à un (8). Le Bois de Vaire est nettoyé en un temps de record. Complètement haché par le feu des mitrailleuses, le Bois du Hamel est également rapidement conquis.
– Après une courte pause, l’avance australienne reprend à cadence soutenue. Les « Aussies » et les « Sammies » (des 131st et 132nd US Infantry) qui les épaulent s’enfoncent rapidement dans le dispositif des Infanterie-Regimente Nr. 13 et 55. Dans le secteur de « Pear Trench », le 15th Battalion (4th Brigade) profite du fait que l’Artillerie ait sectionné les fils barbelés, avant d’engager un duel à la mitrailleuse. L’action du Private Henry Dalziel, servant d’une Lewis, permet d’engager le combat dans la position allemande. Malgré un engagement aussi violent que confus à la grenade et à la baïonnette, Australiens et Américains prennent rapidement le dessus. Dalziel sera récompensé par l’octroi de la Victoria Cross. Environ 30 minutes après l’attaque, le 43rd Australian Battalion (11th Brigade) investit Le Hamel, pendant que les 13th, 15th (4th Brigade), 42nd et 44th Bns dépassent l’est de la bourgade. Autre performance, les soldats des transmissions réussissent à maintenir constamment le contact avec l’arrière, à l’aide des pigeons voyageurs, des téléphones, des fusées éclairantes mais aussi des TSF. Monash avait prédit qu’en quatre-vingt-dix minutes l’affaire serait conclue. Il en a fallu quatre-vingt-treize ! Et sitôt Le Hamel reconquis, un soldat australien hisse les couleurs du dominion mais aussi celles de la France. De plus, tout le matériel capturé par les Allemands dans ce secteur en mars précédent est repris. Enfin, sur le flanc sud, la 6th Brigade (21st, 23rd et 25th Bns) progresse bien le long de l’ancienne voie romaine malgré des pertes dues à la résistance une contre-attaque allemande. Mais en fin de journée, l’objectif est conquis. Une dernière contre-attaque allemande réussit s’enfoncer à 1 000 dans les positions alliées avant d’être arrêtée au Bois d’Accroche.
– Aussitôt les positions conquises, les Australiens consolident les positions acquises pendant que les appareils des No. 9 Squadron RAF et No. 3 Squadron AFC larguent le ravitaillement et les munitions sur les premières lignes. Le 5 juillet, les restes de la 13. ID et une partie de la 43. RD déclenchent une contre-attaque qui est repoussée. Courant juillet, les Australiens vont progresser de 200-300 mètres supplémentaires mais l’objectif est déjà pleinement atteint et la nouvelle configuration du front incite le commandement britannique à préserver les forces de l’Australian Corps afin de préparer l’offensive en cours. De leur côté, les Allemands se contentent de harceler les lignes alliées avec des tireurs d’élite.
– Enfin, pour la journée du 4 juillet, au nord de la Somme, l’attaque de diversion contre Ville-s/-Ancre et Sailly est également déclenchée par la 15th Brigade de Harold Elliott (55th, 57th et 59th Bns). Pour le coup, les Australiens emploient des mannequins pour distraire les mitrailleurs allemands qui donnent dans le panneau. Pendant ce temps, une compagnie forte de 200 hommes lance un raid en force contre les lignes allemandes. Celle-ci est repoussée mais a l’effet escompté puisque les Allemands maintiennent les Reserve-Infanterie-Regimente Nr. 52 et 237 sur l’Ancre. L’attaque reprend ensuite mais les Australiens doivent progresser entre les obstacles et les tirs de mitrailleuses. En outre, les jeunes officiers engagés sont bien moins qualifiés, ce qui ralentit l’attaque. Mais les Australiens se contentent d’exercer une pression sur les Allemands qui finissent par riposter à l’Artillerie depuis les hauteurs de Morlancourt. Une contre-attaque lancée par le RIR Nr. 247 de la 54. RD est finalement repoussée.
– Les combats finis, les Alliés compteront 1 400 pertes dont 800 tués (1 062 Australiens, 176 Américains et 13 membres britanniques des équipages de chars) sur plus de 10 000 engagés. En revanche, les Allemands laissent 3 600 hommes dont environ 1 600 prisonniers. Les pertes alliées sont donc évaluées comme « correctes » à ce stade de la guerre. Mais c’est surtout dans l’emploi de la combinaison interarmes que la Bataille du Hamel a montré le degré de savoir-faire des troupes alliées, d’autant qu’Australiens et Américains attaquaient dans des zones fortifiées. La combinaison tactique et le savoir-faire des officiers et des soldats ont joué à plein. Il devient donc évident de généraliser cet emploi des forces pour la Bataille d’Amiens qui se dessine. Enfin, les Australiens voient leurs qualités de combattants reconnus. Georges Clémenceau vient en personne féliciter Monash et ses soldats et louer la coopération entre troupes alliées. Coopération qui va, bien entendu, se répéter quelques semaines plus tard.
* Avec l’installation d’un moteur Ricardo à 6 cylindres (150 ChV) avec boîte de transmission Wrigley à 5 rapports et boîtier de direction Type Wilson. Il pouvait rouler à 7,4 km pour une autonomie de 75 km.
** Par des unités de travailleurs britanniques et canadiens mais aussi avec la sueur et même le sang de milliers de Travailleurs chinois du Chinese Labour Corps.
*** Certains ayant sans vergogne mis en avant ses origines juives.
(1) McCLUSKEY A. : « Amiens 1918. The Black Day of the German Army », Osprey, Londres, 2009
(2) GRIFFITH P. : « Battle Tactics on the Western Front. The British Army’s Art of Attack. 1916-1918 », Yale University Press, Londres, 1994
(3) McCLUSKEY A., Op. Cit.
(4) RAWLING B. : « Survivre aux tranchées. L’Armée Canadienne et la technologie 1914-1918 », Athéna, Toronto, 2004
(5) TURNER A. : « Vimy Ridge 1917. Byng’s Canadian Triumph at Arras », Osprey, Londres, 2008
(6) « Battle of Hamel », https://anzacportal.dva.gov.au
(7) Ibid.
(8) « Monash’s Diaries », http://www.monash4fieldmarshal.org.au