Edmund Allenby est, peut-être, connu des cinéphiles français puisqu’il est incarné par l’excellent acteur Jack Hawkins dans le chef-d’œuvre de David Lean « Lawrence d’Arabie ». Pur produit de l’aristocratie britannique victorienne, ce cavalier de formation ne va pas particulièrement briller sur le front de l’Ouest mais deviendra l’un des principaux artisans de la victoire britannique en Orient sur l’Empire Ottoman.
1 – UNE CARRIÈRE CLASSIQUE
– Fils de Hynman Allenby et de Catherine née Cane, Edmund Allenby voit le jour le 23 avril 1861 à Brackenhurst dans le Nottinghamshire. La position sociale avantageuse de sa famille lui permet de suivre sa scolarité au Haileybury College de Hertford, une institution réservée aux garçons qui a été fondée par l’East Indian Company. Mais le jeune Edmund Allenby ne se sent nullement une âme de militaire et envisage davantage d’entrer dans l’Indian Civil Service, soit l’administration impériale aux Indes. Seulement, il échoue à l’examen d’entrée, ce qui le pousse à suivre la carrière des armes. En 1880, il réussit l’examen d’entrée à Sandhurst et sort Lieutenant après sa scolarité. Il sert d’abord au 6th (Inniskilling) Dragoons mais échoue ensuite à l’examen d’entrée du Staff College de Camberley (l’équivalent de l’Ecole de Guerre en France) en 1882. Il le tente de nouveau en 1883 et cette fois, réussit. C’est à ce moment qu’il fait la connaissance d’un certain Douglas Haig, alors officier au 7th Hussars. En 1883, il est promu Captain et c’est à cette période qu’il développe une passion pour le polo.
– A l’instar de ses condisciples Horsemen, les French, Haig, Byng et Gough, la carrière d’Allenby prend une tournure classique avec des affectations en Métropole et dans l’Empire. On le retrouve d’abord en Irlande, puis il sert contre Guerre des Boers en Afrique du Sud au sein de la 3rd Cavalry Brigade et avec le grade de Major. Il combat à Colesberg, Dronfield Ridge, Bloemfontein (où i commande un escadron australien des New South Wales Borderers), sur la Zand, à la passe de Kalkheuval et à Tevreden. Pour sa contribution, il est promu Lieutenant-Colonel. Selon Lord Kitchener, Edmund Allenby se montre un « commandant de Cavalerie populaire et capable ». Mais ses envolées de rage et sa bonne condition physique lui valent le surnom du « Taureau » (« The Bull »). De 1901 à 1914, Edmund Allenby exerce plusieurs commandements en Grande-Bretagne, notamment ceux du 5th Royal Irish Lancers à Colchester, puis de la 4th Cavalry Brigade après sa promotion en grade de Brigadier-General (1906). En 1910, il est nommé Inspecteur général de la Cavalerie en raison de son expérience dans cette arme. Et il fortifie davantage sa réputation de chefs énergique mais colérique.
2 – 1914 -1915 : SUR LE FRONT FRANÇAIS ET DANS LES FLANDRES
– A l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne, Edmund Allenby est nommé au commandement de la 1st Cavalry Division (1st, 2nd et 3rd Cavalry Brigades) qui fait partie des unités d’active qui rejoignent le British Expeditionnary Force (BEF) pour combattre en France et en Belgique. Là, il participe à la bataille de Mons dans des conditions particulièrement difficile. Au cours de cette bataille, la Cavalerie britannique voit son rôle nettement contesté par les mitrailleuses allemandes. Mais ses méthodes de commandement brutales et ses emportements fréquents lui valent la solide inimitié de ses subordonnés. Cependant, à mesure que l’Armée britannique gonfle ave l’afflux de volontaires, il faut la structurer avec la présence de cadres. Promu Major-General, Edmund Allenby reçoit d’abord le commandement du Cavalry Corps, puis du nouveau V Corps en Belgique. A sa tête, il brille quelque-peu en repoussant plusieurs contre-attaques allemandes lors de la Seconde Bataille d’Ypres (avril – mai 1915).
– En octobre 1915, promu Lieutenant-General, Edmund Allenby reçoit le commandement de la nouvelle Third Army, laissant le commandement du V Corps à Herbert Plumer. La Third Army tient tout un secteur entre Arras et Gommecourt dans la Somme.
3 – 1916 – 1917 : DE GOMMECOURT A ARRAS : ANNÉES SANS FLAMBOYANCE
– Edmund Allenby est vite mis au courant des projets offensifs de Joffre pour le printemps 1916 en vue de percer les lignes allemandes sur la Somme. En avril, Douglas Haig lui demande de plancher sur de possibles attaques avec la Third Army. Mais finalement, le rôle principal reviendra à la nouvelle Fourth Army de Henry Rawlinson. En outre, en raison de leur engagement à Verdun, les Français demandent aux Britanniques d’accélérer leurs préparatifs sur la Somme. Afin d’appuyer l’attaque principale de Rawlinson, Haig demande à Allenby de préparer une attaque contre le saillant de Gommecourt. Mais Allenby sait que de par sa position avancée, le secteur de Gommecourt est fortement défendu. Il fait savoir à Haig qu’il opte davantage pour une attaque dans un secteur plus faible, que les Allemands seraient nécessairement contraints de renforcer au plus vite, comme la Crête de Vimy. Henry Rawlinson, lui non plus, n’est guère enthousiaste quant à l’idée d’attaquer dans ce secteur. Il estime plus raisonnable de le bombarder avec des obus explosifs et des gaz pour y fixer des troupes adverses.
– Néanmoins, Haig rejette chacune des options de ses subordonnés et ordonne à Allenby de préparer son attaque pour le 1er juillet. C’est donc au VII Corps du Lieutenant-General Thomas d’Oyly Snow, formant l’aile droite de la Third Army, que revient la mission de réduire le saillant de Gommecourt. Mais mal montée et mal menée, l’attaque débouche en carnage gratuit, coûtant plusieurs milliers d’hommes aux 56th (London) et 46th (North Midlands) Divisions. Durant la suite de la Bataille de la Somme, le front de la Third Army reste relativement calme.
– Le 30 septembre 1916, Edmund Allenby se rend au QG de Haig au Château de Montreuil (Pas de Calais), pour une Conférence visant à planifier une attaque afin de percer dans le nord-est de la Picardie. Comme le signalent Robin Prior et Trevor Wilson, Allenby se voit confier la mission d’effectuer une attaque en pince à la gauche (nord) de l’ensemble du mouvement britannique. Sa Third Army aurait pour objectifs le plateau de Beaurains-Monchy, isoler l’ennemi par le nord et bombarder le Canal du Nord pour empêcher les Allemands de s’y reformer. Ensuite, il devra reprendre son avance pour piéger l’ennemi dans une poche formée entre le Canal du Nord et les marais de Scheldt, autour de Hamel-Balencourt. On constate une fois de plus que Haig ne pense pas en termes d’attrition des forces ennemies mais en termes de mouvement (1). Mais ce projet d’attaque prévoit que la Third Army doive abattre 18 km en un temps record, ce qui est tout bonnement impossible.
– En outre, les forces d’Allenby ne disposent pas des moyens adéquats pour déplacer rapidement son artillerie lourde et les munitions allouées, que ça soit sur rail ou par route. Tout ce plan n’est que le résultat de l’imagination de Haig. Plan qu’il couche encore, au gré de ses inspirations lorsqu’il rédige son journal. Mais Haig conçoit aussi ses plans de bataille en termes de batailles décisives de type napoléonien. Sauf qu’en 1916, les grandes charges de cavalerie n’ont plus leur place (2).
– En février-mars 1917, suite à l’échec sur la Somme, la Fourth Army et son chef Rawlinson sont « sidelined » (« mis à l’ombre ») en Picardie. Et pour le coup, ce sont Edmund Allenby mais aussi Henry Horne, Hubert Gough et Herbert Plumer sur lesquels Haig va faire reposer ses efforts. En effet, malgré des péripéties politiques que nous avons déjà détaillées sur ce blogs, Douglas Haig est chargé de préparer une offensive en Artois afin d’appuyer la grande offensive française sur l’Aisne décidée par le Général Nivelle. Le plan de Haig est d’abord de prendre la Crête de Vimy avant d’engager les Third et Fifth Armies (H. Gough) dans un vaste mouvement des deux côtés de la Scarpe et de la route Arras – Cambrai, contre la VI. Armee allemande de von Falkenhausen. Pour le coup, Edmund Allenby bénéficie d’importantes forces, soit le XVII Corps de Sir Charles Ferguson (4th, 9th, 34thet 51st Divisions), le VI Corps d’Aylmer Haldane (3rd, 12th, 15th, 17th, 29th et 37th Divisions), le VII Corps de Thomas d’Oyly Snow (14th, 21st, 30th, 50th et 56th Divisions), XVIIth de Sir Charles Fergusson, ainsi que le Ist Cavalry Corps de Charles Kavanagh (1st, 2ndet 3rd Cavalry Divisions). Haig prévoit de lancer la Third Army à l’attaque, après la prise de la Crête de Vimy. Il est important de noter qu’Edmund Allenby adopte une conduite du commandement bien plus centralisatrice que celle de ses confrères (Horne et Plumer notamment) en s’assurant strictement du contrôle sur les commandements de divisions et des plans de feu de l’Artillerie.
– Le 11 avril 1917, suite au succès de Vimy, Douglas Haig donne ordre à Edmund Allenby d’enchaîner avec ses attaques sur le front de la Scarpe*. Le premier jour est satisfaisant puisque les troupes d’Allenby s’emparent de Roclincourt, de la Crête de l’Observation, du Bois du Diable, du Bois des Bœufs, de Neuville-Vitasse et de Feuchy, au nord de la Scarpe. Au sud de la rivière, les Britanniques progressent vers Monchy-le-Preux qui tombe le 10 avril aux mains de la 37th Division et de la 2nd Cavalry Division. D’autres villages, tels Givenchy-en-Gohelle, Fontaines-les-Croisilles, Heninel et Wancourt tombent également. La Third Army progresse donc de plusieurs kilomètres et force la VI. Armee à se replier. Malheureusement, comme pour beaucoup d’offensive, l’attaque d’Allenby s’essouffle à la mi-avril et les progrès contre le Plateau de Cherisy (VII Corps) sont beaucoup plus poussifs. Un dernier effort permet de s’emparer de Roeux et de Gravelle le 23 avril. En revanche, l’échec de la Fifth Army de Gough à Bullecourt contraint Haig à ordonner à Allenby de marquer le pas.
– On peut imaginer les accès de rage d’Edmund Allenby au cours de ses jours d’avril 1917 mais une nouvelle parvenue de Londres va lui permettre d’inscrire son nom dans les grands contributeurs à la victoire britannique sur les Alliés de l’Empire allemand. En effet, à l’été 1917, Allenby apprend que Lloyd George le nomme à la tête de l’Egyptian Expeditionnary Force (EEF) au Moyen-Orient. L’intéressé croit d’abord à une plaisanterie mais finit par accepter. Allenby s’embarque aussitôt pour Alexandrie – où il va remplacer le Général Murray – et laisse le commandement de la Third Army à Julian Byng, le vainqueur de Vimy.
4 – DE GAZA A DAMAS
– En raison de la configuration du terrain propice à l’emploi d’unités de cavalerie (ce qui fut démontré dans le Sinai), le choix du War Cabinet se porte alors sur un général spécialiste de la manœuvre et capable de conduire une armée entière en campagne. Monro et Maude étant déjà fort occupés en Iraq, le choix définitif s’est donc porté sur Edmund Allenby qui va jouer le rôle du conquérant en faveur du grand jeu stratégique britannique en Orient. Edmund Allenby parvient sur le théâtre d’opérations peu avant la bataille de Gaza. On attend qu’avec ce cavalier, la situation va sortir de l’ornière de la guerre de position dans laquelle l’EEF s’est quelque peu engluée durant l’année 1917. Mais ses visites coutumières au sein du front, sa présence physique, son expérience, tout comme son aptitude à s’adresser directement aux soldats et sa tendance à ne tolérer aucune autre vue que les siennes parmi ses officiers, ont un effet positif. Philip Chetwode qui a évalué les défenses ottomanes expose à Allenby les possibles attaques qui pourront être lancées. Options auxquelles Allenby souscrit entièrement (3).
– En faisant la tournée de ses unités comptant 340 000 hommes, Allenby constate vite que ses formations sont solides, mobiles et disposent d’une nette supériorité technologique et logistique**. D’ailleurs, l’EEF change de nom pour prendre celui d’Army of Palestine, ce qui signifie bien que les Britanniques n’ont pas l’intention de rester camper à la porte sud-est de l’Empire ottoman moribond. A ce stade du conflit l’« Army of Palestine » compte deux Corps d’Armées solides (XX de Chetwode et XXI de Bullin), 10 divisions dont les trois du Desert Mounted Corps de Harry Chauvel (ANZAC Mounted, Australian Mounted et 74th Yeomanry) qui me permettent de lancer des opérations de manœuvre. Ces troupes sont un typique rassemblement de tout l’Empire : fantassins anglais, écossais et gallois ; cavaliers australiens et néo-Zélandais (qui ont fait bonne figure à Beersheba) ; artilleurs de Hong-Kong (1 batterie, NDLR) ; méharistes australiens et indiens, etc. En outre, je dispose d’une nette supériorité en artillerie et en aviation. Et grâce aux efforts de Charles Murray les unités du Commonwealth peuvent recevoir du ravitaillement et en eau grâce aux lignes ferroviaires et aux colonnes de dromadaires qui rejoignent la Palestine depuis le Sinai. Il y a même un pipe-line d’eau qui ravitaille des puits du Sinai depuis Le Caire.
– Allenby se rallie vite au plan de Chetwode visant à percer la ligne ottomane par une attaque contre Gaza, appuyée par une forte préparation d’artillerie.Chetwode sait, par les renseignements fournis par Richard Meitzerheigen, que dans le secteur de Beersheba, les points fortifiés sont suffisamment espacés entre eux pour lancer une attaque rapide et une manœuvre de flanc. Chetwode met en garde, estimant le projet faisable mais risqué, estiment le projet particulièrement risqué et pouvant offrir un net succès défensif aux Turcs. Pour réussir, il propose de lancer une attaque rapide couplée à une efficace intoxication. Avec son expérience de la Cavalerie et du Front français, Allenby appuie les craintes de Chetwode en estimant qu’une attaque contre Gaza sera trop coûteuse (4).
– Si en France, Allenby avait l’habitude d’imposer ses vues opérationnelles, cette fois, il laisse une autonomie à ses chefs de corps et de divisions, avec la possibilité d’improviser et d’exploiter les succès tactiques. D’autre part, Allenby fait installer son QG derrière la ligne de front afin de mieux coordonner les mouvements de ses forces. En parallèle, il confie la responsabilité de l’Egypte à Sir Reginald Wingate ancien Gouverneur du Soudan, afin de mieux se concentrer sur Gaza. Sa première mesure est de déployer les unités basées dans le Sinai, soit en Egypte, soit dans son secteur d’opérations. Seulement, les demandes d’Allenby en troupes et en munitions ne peuvent être satisfaites en raison des besoins qu’impose la Troisième Bataille d’Ypres. Sir William Robertson (le Chef d’état-major impérial, ou CSIG), qui privilégie l’offensive de Haig dans les Flandres, recommande plutôt à Allenby de ponctionner trois divisions territoriales de l’India Army. Deux divisions supplémentaires seront ponctionnées du front de Salonique à la suite des accords signés avec les Français. Quant à la dotation en Artillerie, Allenby ne reçoit que les deux-tiers de ce qu’il avait demandé. Du coup, le général britannique doit résoudre une difficile équation : battre les Turcs, selon les ordres du Cabinet Lloyd-George, mais avec des moyens limités. Et le Premier Ministre britannique souhaite voir Jérusalem tomber pour Noël 1917 (5).
– Sur le plan stratégique, Allenby doit battre les Turcs et les pousser à la limite de leurs moyens et son renseignement ne le rassure pas en lui apprenant qu’Allemands et Ottomans peuvent être capables de masser 20 divisions en Palestine, même si Allenby estime qu’en raison des nécessités logistiques, ses ennemis seraient plutôt capables de n’en aligner que 12. Informé, Lloyd-George accuse le War Office d’avoir truqué le nombre afin de dissuader le Gouvernement et Allenby d’engager une offensive contre Gaza. En fait, Allenby se retrouve pris malgré lui dans un affrontement fait de combines entre Lloyd-George et William Robertson. De son côté, Allenby se montre beaucoup plus favorable à une offensive indépendante contre les troupes Ottomans. Et bien sûr, Robertson persiste à mettre en avant les problèmes d’allocation d’effectifs et de ravitaillement. Et par conséquent, il refuse de se conformer à la vision stratégique grandiose du Premier Ministre pour l’Orient. Lloyd-George pense même à lancer une opération amphibie dans le secteur d’Alexandrette, en dépit du manque criant de navires de débarquement disponibles. Allenby écrit à Londres pour expliquer qu’il comprend les réticences de Robertson et que pour lancer une offensive, il doit renforcer ses préparatifs. Robertson se montre alors favorable à lancer une offensive limitée qui ne demanderait pas un gros transfert de troupes et de matériel (6).
– La bataille de Gaza a lieu du 31 octobre au 6 novembre 1917. Malgré plusieurs difficultés due à la résistance des soldats turcs encadrés et appuyés per le Détachement « Yildirim », Britanniques, Néo-Zélandais et Australiens réussissent à percer à Gaza et Beersheba, avant de sécuriser les points d’eau. Seulement, le succès est ralenti par la météorologie. En effet, l’Army of Palestine doit franchir les Monts de Judée Mais en fin d’année, les températures refroidissent sensiblement et par conséquent, les courants venus de méditerranée causent de fortes précipitations en Palestine. Les pluies torrentielles gonflent les Wadi qui se transforment en torrent de boue et donc, en défenses naturelles difficilement franchissables. Mais le 18 novembre, Allenby repart à la poursuite de l’Armée Turque et s’emparent des localités le long de la route de Jérusalem, malgré quelques contre-attaques. Le 27 novembre, Erich von Falkenhayn tente de passer à la contre-attaque entre la Plaine Côtières et Ramallah mais ses troupes se font violemment repousser, notamment grâce à la puissance de feu collective et à l’Aviation. Le 8 décembre 1917, après avoir sécurisé les abords de la Ville Sainte – dans laquelle s’est infiltré un détachement de la 60th (London) Division – , Edmund Allenby fait son entrée dans Jérusalem. Le Maire Hussein al-Husseini lui remet les clés de la ville et Allenby visite les lieux saints au milieu d’une population plutôt indifférente.
– Fin 1917 – début 1918, la campagne marque le pas, marquée par les impératifs stratégiques sur le Front de l’Ouest. En effet, Allenby doit céder plusieurs de ses divisions à Haig en raison des pertes dues aux offensives allemandes du printemps. Et comme le souligne le Colonel Rémy Porte, la santé du général se dégrade en raison des maladies familières de Palestine. Entre plusieurs violents accès de colère, il a du mal à planifier et coordonner la suite de sa campagne (8). Mais bien heureusement pour lui, les Turcs n’ont plus rien de sérieux à lui opposer (50 000 hommes en tout et pour tout, contre près de 400 000).
– Ceci dit, Allenby propose au War Cabinet un plan visant à atteindre Damas, via Halifa. L’idée est vite approuvée. La campagne reprend alors au printemps 1918. Allenby emporte Amman et conquiert la Jordanie avant de poursuivre vers le nord de la Syrie. Après un arrêt, la marche des britanniques repart sous la chaleur torride du mois d’août, tandis que les Cavaliers bédouins insurgés du Roi Fayçal mènent des raids en Syrie. En août, profitant de sa supériorité numérique, technique et aérienne, Edmund Allenby remporte la victoire de Megiddo (9 – 11 août) sur Liman von Sanders, Cevat Pacha et Mustapha Kemal. Damas tombe le 1er octobre, suivi de Homs (16 octobre) et d’Alep (25 octobre). Le 30 octobre, l’agonisant Empire Ottoman capitule et signe ensuite l’Armistice de Moudros. Pour sa campagne, Edmund Allenby est élevé à la dignité de Fieldmarschall et reçoit le titre de 1st Viscount of Felixstowe and Megiddo.
– De 1919 à 1925, Edmund Allenby est nommé Haut-Commissaire britannique en Egypte et doit user de la force (notamment la loi martial) pour rétablir l’ordre face aux menées de Saad Zaghul. Ne pouvant juguler une situation particulièrement tendue, il est rappelé à Londres. Il reçoit néanmoins le titre honorifique de Colonel of Cinque Ports Fortress Royal Engineers et Captain of Deal Castle. Il passe la fin de sa carrière à donner des conférences et à voyager. Il s’éteint à Londres le 14 mai 1936.
* Pour davantage d’informations, voir l’article suivant :
– https://acierettranchees.wordpress.com/2017/05/18/la-bataille-darras-11-avril-15-mai-1917/
** Voir l’article suivant :
https://acierettranchees.wordpress.com/2017/10/31/bataille-de-gaza-les-britanniques-enfoncent-la-sublime-porte/
*** Voir la (presque) fausse interview suivante :
https://acierettranchees.wordpress.com/2017/12/08/edmund-allenby-jai-offert-jerusalem-en-cadeau-de-noel-a-la-grande-bretagne/
(1) PRIOR R. & WILSON Tr. : « The Somme », Yale University Press, Londres, 2006
(2) PRIOR R. & WILSONT Tr., Op. Cit.
(3) JOHNSON R. : « The Great War and The Middle East », Oxford University Press, 201
(4) JOHNSON R., Op. Cit.
(5) Ibid.
(6) Ibid.
(7) PORTE Col. R. : « Du Caire à Damas. Français et Anglais au Proche-Orient (1914-1919 », SOTECA, Paris