– LA BATAILLE DE MONTDIDIER –
Pour celui ou celle qui connaît bien la Picardie, Montdidier est un chef-lieu de canton du Pays de Santerre (est du département de la Somme), à mi-chemin entre Compiègne et Amiens et à cheval sur la rivière des Trois-Doms, un petit affluent de l’Avre. Celui ou celle qui s’intéresse à l’histoire de la région n’est pas non plus sans savoir que Montdidier tire ses origines de l’Epoque Carolingienne (du nom du Roi des Lombards, ennemi de Charlemagne) et qu’elle fut assez prospère sous l’Ancien Régime. Seulement, la Grande-Guerre lui laissa des stigmates, partiellement pansés par la rénovation de ses deux églises gothiques. Mais si Montdidier peut satisfaire la curiosité des amateurs de patrimoine religieux, on oublie qu’elle fut le théâtre de violents combats entre Français et Allemands en 1918 dont l’enjeu fut la tenue du front de Picardie et donc, la sauvegarde des accès à Amiens. Cet article propose de revenir en détail sur une bataille méconnue à l’issue de laquelle les « Poilus », épaulés par des « Tommys » décidés, sauvèrent la soudure entre les Fronts français et britannique et bloquèrent ainsi l’Offensive « Michael ».
1 – MENACES SUR AMIENS
– Quittons Doullens pour revenir sur le front. Le 24 mars, von der Marwitz et von Hutier font sauter la base du saillant de Flesquières, contraignant Byng à s’accrocher sur Arras et Vimy. Son flanc gauche n’étant plus couvert, la FIfth Army de Hubert Gough doit encore se replier. Pendant ce temps, pendant que le Ve Corps de Maurice Pellé s’échine à freiner l’avancée allemande entre Chauny et Noyon, les premiers éléments de la Ire Armée française de Marie-Eugène Debeney s’intercale entre Lassigny et Montdidier afin de tenir fermé le bouchon entre Gough et Humbert. Mais comme pour les jours précédents, les premières divisions françaises qui arrivent dans le secteur (22e,37e, 38e, 56e et 166e DI) sont jetées dans la fournaise sans forme de procès. Du coup, Pétain et Fayolle ordonnent à Debeney et Humbert de protéger le cours de l’Oise en se cramponnant à hauteur du Canal Crozat et en Petite Suisse, entre Chauny et Guiscard. Mais en face, les Allemands ne relâchent pas la pression puisque les divisions des II. et XVIII. Armeen passent la Somme entre Péronne et Saint-Simon.
– Le 25 mars, Gough – qui fait ce qu’il peut – ordonne à la 36th (Ulster) Division d’Oliver Nugent de se retirer pour se réorganiser, tout en épaulant les Français qui tiennent maintenant toute une partie du front, soit 24 km. Arrêtant sa division dans le secteur d’Avricourt, Nugent place ses Ulstermen complètement harassés entre Bouchoir et Guerbigny. Mais pendant ce temps, von Below a repris son avance. Ses troupes d’assaut rassasiées avancent rapidement, prennent Nesles, Libermont et traversent le Canal du Nord. Par conséquent, les Allemands se retrouvent alors en face des Français qui tiennent rageusement la route Noyon – Roye. Gough ordonne de tenir l’Oise. Mais suite à un ordre mal interprété, toute une brigade britannique (Fusilliers, Northamptonshire et Bedfords) contre-attaque sur le village de Babœuf qu’elle réussit à reprendre avant de se cramponner à la route Babœuf – Compiègne. Aussi incroyable que cela puisse paraître, les trois héroïques Battalions réussissent à faire 230 prisonniers et à s’emparer de mitrailleuses.
– Mais le succès de cette brigade ne doit pas faire oublier que les Allemands menacent sérieusement Amiens qui se trouve à portée de canon des divisions de tête allemandes, soit environ 30 km. Prendre la ville, avec son nœud ferroviaire important, est particulièrement tentant. La ville aux mains des Allemands et c’est le front franco-britannique qui sera coupé en deux. Comme le dit J-C. Laparra, Ludendorff n’a jamais été aussi près de transformer une série de succès tactiques en un net succès stratégique (1). Haig et Pétain en ont conscience mais aucun des deux ne veut garder un front trop allongé. L’Ecossais, qui songe d’abord à protéger les ports du Nord et du Pas-de-Calais, préférerait voit Amiens tenue par les Français. De son côté, Pétain donne pour instruction de bloquer les Allemands sur l’Oise afin de les empêcher de marcher sur Paris, tandis que l’aile droite du BEF se cramponnera sur l’Avre. Français et Britanniques conviennent quasiment de l’idée d’abandonner Amiens, du moins jusqu’à ce que la situation se rétablisse. Or, sur place la situation n’est guère brillante puisque Roye est débordé et l’Avre franchie. Pétain a beau confier à Fayolle le commandement de l’ensemble des forces françaises situées des deux côtés de l’Oise, celui-ci ne peut envoyer que 8 divisons (6 d’infanterie et 2 de cavalerie) pour combler la brèche (1). A l’issue de violents combats, les divisions de von der Marwitz prennent Chaulnes, tandis que celles de von Hutier débordent Roye et s’apprêtent à fondre sur Noyon, âprement tenue par la 37e Division d’Infanterie française, dont l’héroïque 57e RI du Colonel Bussy se cramponne aux faibles pentes du Mont-Renaud. Par conséquent, une brèche de 15 km se crée entre français et britanniques, soit entre Roye et Montdidier, seulement couverte par les 3 divisions de cavalerie française (2nde, 3e et 5e DC) soutenues par l’aviation. Un dernier coup de rein allemand et Amiens peut être dangereusement isolée par le sud, ce qui couperait la voie ferrée reliant Paris. Bref, à la veille de la Conférence de Doullens, peu de monde bien informé – Fayolle en tête – voit comment la situation peut se rééquilibrer. Et pourtant…
– Mais après la Conférence de Doullens, il faut compter sur Ferdinand Foch profite du soutien de Clemenceau pour prendre l’ascendant moral sur Pétain, d’autant qu’il le « coiffe » déjà après la Conférence interalliée de Doullens (2). Foch n’est que « coordonnateur » certes, mais ça ne l’empêche pas de faire la tournée des QG pour prodiguer de hardis conseils. Il se rend donc à Dury pour y trouver un Hubert Gough sur le point de craquer nerveusement. Gough dit à Foch que la situation est critique mais le tarbais lui passe une sévère admonestation (en anglais) quant à la situation. Et ni une, ni deux, il place les corps et divisions de la Fifth Army sur la carte. Devant Hubert Gough qui n’en croit pas ses oreilles, Foch explique que le XIX Corps de Watts doit tenir la ligne La Neuville-lès-Bray – Rouvroy, tandis que le XVIII de Maxse doit se maintenir entre Rouvroy et Guerbigny. Mais comme le dit Jean-Christophe Notin, Foch ne s’appuie que sur des informations partielles et incomplètes de la situation. En effet, le 26 mars, von der Marwitz et von Hutier ont réussi à réaligner une partie de leur artillerie. Du coup, les lignes de la Fifth Army sont vite saturées de feu et les Tommys doivent encore reculer (3). Mais cela n’empêche pas le tout nouveau Chef d’état-major général des armées alliées d’adresser un mot d’ordre à ses Poilus : « Cramponnez-vous camarades, les renforts arrivent ! ». Pour ceux qui ont connu Verdun, le mot d’ordre n’est pas sans rappeler le « Courage, on les aura ! » de Pétain
– Toutefois, la situation s’éclaircit quelque peu pour les Alliés. En effet, profitant de l’arrivée des premiers éléments de la Ire Armée d’Eugène Debeney entre lui et les Anglais, Georges Humbert peut raccourcir en partie le front de sa IIIe Armée et lance plusieurs contre-attaques au sud de Noyon. Mais pour le coup, c’est Debeney qui subit les assauts de von Hutier. En effet, sa Ire Armée ne s’est pas encore pleine établie sur ses nouvelles lignes, ce qui nuit à la cohérence de la défense. Du coup, malgré l’engagement de plusieurs de ses régiments (les divisions ayant débarqué sans leurs états-majors et moyens de transmission), Debeney ne parvient pas à conserver Dancourt, Marquivilliers, Tilloloy et Beuvraignes. SAUF QUE, la poussée victorieuse de von Hutier vers Bapaume ne peut être complètement victorieuse sans des succès des XVII et II Armeen. En effet, au nord, Julian Byng tient encore fermement face à von Below, tandis qu’au sud, Humbert maintient la cohérence de son front, ne cédant du terrain que pas à pas.

3 – LES COMBATS EN SANTERRE ET SUR L’AVRE
– De leur côté, Hubert Gough Marie-Eugène Debeney s’emploient à maintenir fermé le front entre la Somme et l’Oise. La Fifth Army tient encore 29 km de front, tandis que la IIIe Armée française fait de même sur 31 km. Mais il existe encore un trou de 5 km entre l’aile gauche française (le IInd Corps de Cavalerie de Félix-Adolphe Robillot) à Roye et le XIX Corps de Watts à Fransart. Pour boucher le trou, Gough ordonne à Ivor Maxse d’y expédier les restes encore disponibles de son XVIII Corps ; soit les éléments des 36th (Ulster), 30th et 61st () Divisions. Par conséquent, presque tous les restes encore disponibles de la 36th (Ulster) Division – qui ont pu dormir que six heures – se mettent en route mais les Allemands ont déjà pris Roye. Complètement épuisés, les Nord-Irlandais ne peuvent que se cramponner sur Andechy et la ligne Bouchoir – Guerbigny. Le 27 mars, les troupes de von der Marwitz s’emparent des ruines d’Albert qui ont été abandonnées. Du coup, les Allemands s’approchent de Rosières, ville située à moins de 30 km d’Amiens et tenue par les éléments du XIX Corps de Watts. Un autre succès local est néanmoins remporté par les Britanniques. En effet, le 1/1st Bn. Hertfordshire, qui soutient la 118th Brigade (39th Division), réussit à rejeter une avant-garde allemande du village Morcourt.
– Le 28, Douglas Haig décide de relever Hubert Gough de son commandement. En fait, Gough a fait ce qu’il a pu mais son supérieur le tient pour le premier responsable des échecs défensifs, sans se remettre lui-même en cause. Pourtant, plusieurs chefs de divisions et de Battalions de la Fifth Army n’ont pas démérité en contestant aux Allemands plusieurs petites villes et villages, contribuant ainsi à freiner les attaques de von der Marwitz et von Hutier. Gough, qui n’était pas très populaire dans les rangs, a donc bon dos. Haig le renvoie donc en Grande-Bretagne* et le remplace temporairement par Henry Rawlinson**, le commandant de la Fourth Army qui n’a pas vraiment exercé de rôle opérationnel depuis la fin de la bataille de la Somme (novembre 1916).
– Ludendorff ordonne alors à von der Marwitz et von Hutier de fournir un dernier effort en vue de percer sur les cours de la Somme, de l’Avre et du Matz. Mais au lieu de lui fournir de nouvelles divisions, Ludendorff donne l’ordre à son cousin de forcer le passage entre Noyon et Montdidier afin de menacer Amiens par le sud-est. Mais dès le 27 mars, l’offensive allemande s’essouffle en raison de la sous-motorisation de l’artillerie et de la logistique déficience. Et puis, après sept jours d’engagement quasiment ininterrompus, les Sturm-Truppen sont épuisés et ont dû abattre plusieurs dizaines de kilomètres à pied. Les pertes ont été lourdes et certaines divisions sont amputées de 45 à 75 % de leurs effectifs combattants (4). Or, en face, malgré le manque de coordination entre états-majors et différents échelons, les Bataillons de « Poilus » qui arrivent sur la ligne entre Montdidier et Noyon sont composés de soldats assez reposés et correctement nourris. En outre, la résistance tenace des troupes d’Humbert a contribué à la création d’un saillant à la base duquel la IIIe Armée française peut lancer une série de contre-attaques, certes localisées mais qui finissent par handicaper Oskar von Hutier. Ainsi, la 38e DI (A. Guyot d’Asnières de Salins) attaque plusieurs fois sur Boulogne-la-Grasse et Orvillers-Sorel. Du coup, malgré son pessimisme, Emile Fayolle peut compter sur un front français qui reste cohérent entre Montdidier et Plessier-de-Roye. Par conséquent, le 27, les troupes de Marie-Eugène Debeney tiennent une ligne entre Montdidier et le Mont-Renaud, tandis que Humbert se cramponne entre le sud de Noyon et Plessier-de-Roye. Ainsi, les Français tiennent encore le cours de l’Avre.
– Le 28 mars, von der Marwitz décide de relancer un assaut en direction de la Somme et progresse de 5-6 km mais avec des pertes et sans conquérir de point important. Le 29 mars, les Allemands attaquent vers Moreuil mais son sévèrement accrochés par les troupes de Debeney. Les Français résistent aussi à Mesnil-Saint-Georges et Grivesnes. La seconde commune et son château font l’objet de furieux combats entre la 166e DI (Gén. Cabaud) et les Gardes prussiens. Comme le signale Henri Ortholan, les Bataillons et Régiments français adoptent une tactique de combat qui consiste à tenir le terrain en échelonnant leurs forces, ce qui permet d’atténuer les risques de débordement de flanc (5). Du coup en deux jours, les Allemands ne conquièrent qu’une fine bande de terre entre la Somme et l’Oise. Le 30 mars, un ultime effort allemand réussit à emporter Moreuil mais les lignes françaises ne sont nullement ébranlées. Debeney a donc tenu et son front s’est solidifié.

4 – MONTDIDIER, DERNIER REMPART
– L’attaque contre Montidier démarre le 27 mars. Von Hutier décide d’abord de frapper contre la gauche française. Profitant du front étroit, ses troupes enlèvent aux Bretons de la 22e DI*** (Gén. Spire) les villages de Cessier, Tilloloy et Bus. Constatant une résistance française dans le secteur de Boulogne-la-Grasse, von Hutier engage 3 divisions dans le massif de Montdidier. Les Silésiens tombent sur la 56e DI du Général Demetz****, appuyée par la 5e Division de Cavalerie (Alphonse Lacombe de La Tour) et 2 Bataillons du 97e Régiment d’Infanterie Territoriale. Au prix de furieux combats, les fantassins de ligne, Chasseurs à Pied de Demetz et les Cavaliers doivent céder L’Echelle-Saint-Aurin, Dancourt, Grivillers, Guerbigny, Saulchoy, Becquigny et Marquivillers. Pendant l’après-midi, les Français arrêtent les Allemands à Eltefay mais doivent céder Rollot et Rubescourt. Commandant du VIe Corps d’Armée, Antoine de Mitry, en accord avec Debeney, renonce à défendre Montdidier mais décide de se cramponner à l’ouest de la ville et sur l’Avre. Si l’on en croit les témoignages rapportés par Henri Ortholan, le Général Demetz fait montre d’une attitude exemplaire, ne quittant Montdidier que lorsque ses régiments sont en sécurité (6).
– Mitry ordonne ensuite à ses 22e et 56e DI de tenir Ayencourt, Le Monchel, Mesnil-Saint-Georges, Gratibus, Pierrepont, Contoire, la rivière de trois Doms, Fontaine-/s-Montdidier, Courtemanche, Framicourt et Domfront. Le matin du 28 mars, les Silésiens de la 9. Infanterie-Division d’Erich Weber se jettent sur Courtemanche, Framicourt et Fontaine-s/-Montdidier et y bousculent des soldats du Génie. Mais les Allemands sont rejetés par une attaque des 132e RI (CB Perret) et 350e RI. Le même jour, la 56e DI passe à la contre-attaque pour reprendre Framicourt, La Chapelle Saint-Pierre, Courtemanche et la Cote 97. Les combats sont violents mais les Français n’avancent pas. Le 29 mars, les deux adversaires font une pause (7).

– Mais le 30 mars, après s’être ravitaillé en munitions, Oskar von Hutier tente une nouvelle fois sa chance par une attaque sur la Luce et sur l’Avre, entre Plessier-de-Roye et Boulogne-la-Grasse. Son objectif est de percer entre Montdidier et le Matz. Mais nul n’est infaillible et von Hutier divise ses forces, ce qui nuit à son effort (8). Pire encore, il ne peut compter sur son artillerie lourde, peu mobile et engluée dans les mauvais chemins. Du coup, il mise encore sur ses Sturm-Truppen, le tir de barrage des seuls Minenwerfern et l’appui d’avions qui mitraillent les lignes françaises. Les engagements sont particulièrement furieux et on peut noter la résistance acharnée du Régiment Colonial du Maroc (Lt-Col. Modat) au Parc du Plessier. Mais l’assaut allemand contraint les français à se replier sur Royaucourt, Mesnil-Saint-Georges et Villets-Tournelleque. Mais en fin d’après-midi, une contre-attaque appuyée par le 225e Régiment d’Artillerie et mêlant le 153e RI (Lt-Col. Matter) avec des Cavaliers de la 5e DC et des automitrailleuses permet de reprendre Ayencourt et Monchel. Les Français sont épuisés et le Général Demetz a perdu une grande partie de sa division. Mais les Allemands sont aussi au bout du rouleau et ne tentent plus rien. La bataille de Montdidier s’achève sur un succès défensif français.
– Ainsi, comme le souligne Jean-Claude Laparra, le 31 mars, Oskar von Hutier a atteint une ligne qui couvre la rive gauche de l’Avre, Montdidier à Moreuil. Mais il n’ira pas plus loin et ses forces sont fatiguées. A l’inverse, Emile Fayolle peut envoyer des renforts à Debeney et Humbert, via Saint-Just-en-Chaussée, Breteuil, Conty et Amiens.
5 – LUDENDORFF VISE AU NORD DE LA SCARPE
– De manière surprenante, les Alliés sont aidés dans leur défense par… Erich Ludendorff. En effet, le Quartier-Maître Général fait perdre toute cohérence à son offensive quand il attribue de nouveaux objectifs à ses trois armées à l’offensive. Ainsi, au lieu d’ordonner une poussée cohérente parallèle à un seul axe, il ordonne aux XVII et II Armee de poursuivre leurs poussées vers le nord, tandis que la XVIII Armee doit attaquer vers Péronne et Chauny. Il enjoint notamment à von Below de déclencher l’Offensive « Mars Nord » vers Arras. Attaque qui sera appuyée par l’Offensive « Chevauchée », confiée à la VI. Armee, contre le Canal de La Bassée. En revanche, « Mars Süd » est abandonnée car inutile à ce moment des opérations (9). Mais Ludendorff semble oublier que von Below a dû faire face à une dure résistance de la part de la Third Army de Byng au nord du saillant de Flesquières. Et à cela, il faut ajouter que « Pollux » a chargé l’état-major du Heeres-Gruppe « Rupprecht » de hâter les préparatifs de l’Offensive « Georges I » dans les Flandres qui frappera entre Armentières et Ypres. En outre, conçue d’abord comme une offensive de soutien à « Michael » sur l’aile nord, « Mars » prend d’un coup une plus grande importance. Or, une telle opération doit faire l’objet d’une planification méticuleuse tout en bénéficiant des moyens appropriés. Or, ça n’est pas le cas (10).
– Le 28 mars, la réserve d’Otto von Below passe à l’attaque au nord de la Scarpe et contre le secteur d’Arras conformément au plan « Mars Nord ». Ce sont les 12. ID (A. Lequis), 26. ID (U. von Württemberg) et 2. Garde-Division (Fr. von Friedeburg) qui passent à l’attaque contre l’aile gauche de la Third Army. Mais von Below ne progresse que de 3 km au sud d’Arras mais butte sur la Crête de Vimy que Byng ne veut sûrement pas lâcher après l’avoir savamment conquise l’année précédente. Mais il faut dire que les défenses britanniques de ce secteur sont bien plus solides. Pendant plusieurs jours, Julian Byng doit reculer par endroits mais assure une bonne défense et maintient la cohérence de ses lignes. Constatant la formation d’une brèche près de Colincamps dans les lignes des Ecossais de la 51st (Highland) Division (T.C. Carter-Campbell), Byng fait donner la New Zealand Division de Henry Russell (maintenue en réserve), dont les Battalions de tête sont appuyés par des nouveaux Tanks « Whippet » du 3rd Tank Bn, un engin chenillé spécialement conçu pour l’accompagnement d’infanterie et doté d’une casemate armée de 3 mitrailleuses Hotchkiss. L’arrivée des Tanks bouscule les troupes allemandes qui n’ont pas d’appui efficace pour les neutraliser. Du coup, les Ecossais s’assurent le contrôle de Colincamps et le front ne bougera pas plus.
* Il est « Stellenbosched » selon le terme employé dans l’Armée britannique et qui provient de la ville de Stellenbosch en Afrique du Sud. Ce qui correspond à peu près à « Limoger ».
** Rawlinson remplace Gough plusieurs semaines avant qu’il ne retrouve le commandement de la Fourth Army. William Birdwood, commandant de l’ANZAC I, prend ensuite le commandement de la Fifth Army.
*** Formée des 19e, 62e et 118e RI, ainsi que de 3 groupes du 35e RA (ancien régiment de F. Foch)
**** Formée par les 49e, 65e et 69e Bataillons de Chasseurs à pied, ainsi que des 106e et 132e RI
(1) LAPARRA Gén. J-Cl. : « 1918 l’année décisive », Vol. 1 « Les ultimes offensives allemandes », SOTECA, Paris, 2017
(2) NOTIN J-Ch. : « Foch », Perin, Paris, 2008
(3) NOTIN J-Ch., Op. Cit.
(4) « Les combats à Montdidier de Mars à Août 1918 », in http://chtimiste.com
(5) GIOVANANGELLI B., LABAYLE E. & ORTHOLAN H.: « 1918. Le dénouement », Bernard Giovanangelli Editeur / Ministère de la Défense, Paris, 2008
(6) GIOVANANGELLI B., LABAYLE E. & ORTHOLAN H., Op. Cit.
(7) http://chtimiste.com
(8) LAPARRA Gén. J-Cl., Op. Cit.
(9) Ibid
(10) Ibid.