Non ! Non ! Non ! Et encore non ! Une bonne fois pour toutes, ce ne fut pas la « Grosse Bertha » qui bombarda Paris en mars et avril 1918, tonnerre de feu ! Précision utile, la « Grosse Bertha » était un obusier lourd de 420 mm, de 16 calibres et d’une portée de 9 à 12,5 km, produit chez Krupp et appelé ainsi en l’honneur de Bertha Krupp, fille unique de l’industriel Friedrich Krupp. Aligné en plusieurs exemplaires, cet obusier a commis bien plus de destruction à Liège et Verdun qu’à Paris. En revanche, le canon qui bombarda Paris était bien plus titanesque que « Bertha l’assidue » (son autre surnom), si bien que les Français n’avaient pas imaginé un seul instant que les Allemands purent être capables d’en construire un. Comme le dit Jean-Yves Le Naour, il exista bien de tels canons mais seulement chez Jules Verne ou chez Gaston Leroux. Ce dernier envoyant son héros, Rouletabille, dans les usines des gigantesques « Titania » de Guillaume II (1). Mais durant le mois de mars 1918, la population parisienne découvrit que la science-fiction avait rattrapé la réalité. Mais passé l’effroi, la même population s’habituera aux coups du canon géant et le GQG eut vite fait de constater que ce monstre d’acier que feu le Colonel Danrit aurait pu coucher dans ses pages romanesques, ne fut qu’une gigantesque esbroufe stratégique sinon psychologique. Conçus pour être des armes de terreur psychologique, les trois « Pariser-Kanonen » ou « Wilhelms-Geschützt » ne servirent… quasiment à rien. Les ingénieurs et militaires allemands se complurent déjà dans la recherche d’armes miracles chimériques.
1 – UN CANON TITANESQUE MAIS COMPLEXE
– Edmond Buat le reconnut dans ses « Journaux de Guerre » : ces gaillards d’Allemands furent capables de prouesses techniques inimaginables (2). C’est bien vrai. Pour un pays qui manqua d’acier, la construction de ce tube monstrueux dotée d’une portée de plus de 100 km releva de l’exploit technologique et technique. Cependant, comme l’a noté Christophe Dutrône, les ingénieurs français effectuaient eux aussi des recherches concernant la projection d’obus dans les couches supérieures de l’atmosphère. Aboutissant à la conception d’un canon géant en 1929, elles n’allèrent cependant pas plus loin. En revanche, en 1917, « Castor et Pollux » (Hindenburg et Ludendorff) commandèrent à Krupp (qui tournaient pourtant à plein) une série de canons géants qui tournent pourtant à plein régime. L’objectif des « Dioscures » fut de disposer de pièces géantes capables de bombarder Paris et d’y créer une peur panique qui retournerait l’opinion française contre ses dirigeants. Lesquels seraient forcément contraint de demander la paix à l’Allemagne.
– Du coup, la firme Krupp confia les travaux à l’Ingénieur Doktor Fritz Rausenberger, son Chef du Développement, assisté d’Otto von Eberhard. Ce choix ne fut nullement dû au hasard puisqu’avant-Guerre, à la demande de l’OHL*, Rausenberger participa à la conception de pièces lourdes capables de bombarder Douvres depuis l’Allemagne ou la Belgique. Notre ingénieur participa ainsi à la conception de canons de cuirassiers dotés d’affûts escamotables, tels les « Lange Max » SK-L/45 (17 m, 380 mm et 60 km de portée) qui pilonnèrent Verdun le 21 février 1916. Outre cette qualification, Rausenberger et von Eberhard découvrirent, quasiment par hasard, lors d’essais au champ de tir de Mepen (1914), qu’une ogive aérodynamique projetée en très haute altitude allait plus loin à cause de la diminution de la résistance de l’air. Par conséquent, il s’appuya sur cette découverte fortuite pour concevoir un canon géant. Chose remarquable à noter, les Allemands furent capables de maintenir le secret de l’existence du canon géant de Krupp jusqu’à la dernière semaine de mars 1918. Enfin, beaucoup d’artilleurs de la Kaisersheer étant déjà occupés, la majorité des servants furent tirés de la Kaiserliche-Marine qui ne servait plus à grand-chose à ce stade de la guerre. Mais comme le signale Alain Huyon, en raison de la destruction des archives concernant les deux canons, on ne connaît que les officiers concernant l’emplacement du Mont-de-Joie. On sait que le site était placé sous les ordres du Konter-Admiral Rogge, tandis que les troupes étaient sous ceux du Korveten-Kapitan Werner Kurt (3).
– Rausenberger reprit également le modèle « Lange Max » SK-L/45, soit tube lourd fixé sur un affût amovible qui tournait sur une plateforme de béton suivant l’orientation voulue. Si l’on peut résumer, les « Pariser Kanonen » furent des « Lange Max » en plus gros et en plus grand. L’affût eut donc une forme de berceau doté d’une plateforme pour le chargement. Les titans furent alors construits par Krupp et Skoda, dans les usines respectives d’Essen (Rhénanie) et de Plzen (Pilsen). Trois « bébés Krupp » sortirent donc des forges de Krupp et Skoda. Pour le tube, Krupp obtint l’octroi des 9 pièces de 350 mm destinées au croiseur « Ersatz Freya » dont la construction s’interrompit. Rausenberger fit d’abord fretter l’intérieur des 9 tubes (c’est-à-dire qu’il fit ôter les rayures intérieures) pour fixer ensuite un tube de 30 m de long mais d’un calibre inférieur de 210 mm (en raison du poids de la pièce). Le tube principal fut ensuite rallongé par un tube prolongateur de 6 m, ce qui donna une longueur totale de 36 m. Sauf que le poids du tube contraignit les ingénieurs allemands à installer des haubans de soutènement. Du jamais vu jusque-là, excepté dans quelques livres, bien évidemment. Au niveau du poids, on peut dire que les proportions atteignirent des sommets : 750 tonnes pour la pièce totale dont 175 pour le seul tube. En revanche, dès les premiers tirs d’essai, le canon géant donna pleine satisfaction au niveau balistique. En effet, il pouvait tirer des obus de 150 à 240 kg à une portée maximale de 128 km, pour un angle fixe de 55°. Et l’obus avait une vitesse initiale de 1 500 – 1 600 m/s à charge pleine et pouvait atteindre 40-42 km d’altitude. En revanche, la cadence de tir – déjà très lente – fut ralentie par les oscillations du tube provoquées après chaque tir (4). En revanche, la détonation était telle que les quelques centaines de servants (excusez du peu) devaient se réfugier dans des abris en béton, alors que la commande de tir était situé dans un bunker à plusieurs kilomètres de l’emplacement de batterie. En revanche, apanage des pièces lourdes de l’époque, les tubes des « Pariser-Kanonen » étaient fragiles et ne pouvaient pas tirer indéfiniment. Le nombre d’obus ne dépassait pas 65 et étaient sur-calibrés au fur et à mesure de la progression des tirs. Ainsi, les premiers projectiles mesuraient bien 210 mm mais le 65e était porté à 235 voire 240 mm. Pis, comme l’explique l’historien militaire Christophe Dutrône, les obus pouvaient perdre nettement en précision, si bien que les canons ne pouvaient être utilisés seulement contre des cibles à surface étendue, notamment des villes et des bases militaires ; ce pourquoi ils avaient été pensés, il est vrai. Du coup, chaque calcul de trajectoire de l’obus devait faire l’objet de minutieux calculs effectués par des mathématiciens depuis un poste de commandement. On peut donc constater que les triplés infernaux de Krupp étaient complexes à utiliser. (5).
– La complexité était accrue à cause du déplacement, de l’installation et l’assemblage des monstres qui nécessitaient d’importants moyens logistiques, ainsi que des infrastructures. Ainsi, on dut doter l’affût de boggies pour lui permettre de se déplacer, tandis que les tubes (en comptant les modèles de rechange) étaient déplacés sur un second train. Et au moment de la pose de l’affût sur plateforme, les boggies devaient être enlevés. En outre, l’installation de l’affût nécessitait de couler préalablement une plateforme en béton de forme circulaire (12 m de diamètre et 4 m d’épaisseur). Et à coté, on dut construire des abris maçonnés ou bétonnés pour abriter les servants, les obus et les pièces de rechange. Et comme le signale toujours Christophe Dutrône, il fallut rendre les pièces discrètes et les protéger des incursions aériennes ennemies, ce qui nécessita de déployer d’importants moyens de camouflages, avec notamment des filets, des velums, de la nouvelle végétation et même du brouillard artificiel (6). Quoiqu’il en soit, on peut également constater que les Pariser-Kanonen ont représenté un gaspillage de Reichsmarks et d’acier, à l’heure où l’Allemagne en avait grand besoin pour alimenter son gourmand parc d’artillerie pour l’offensive de 1918.
2 – L’INUTILITÉ DU GIGANTISME
– Il ne faut donc pas croire que dans l’Armée allemande, la recherche d’armes absolue fut le seul fruit des réflexions mégalomaniaques d’Adolf Hitler. Mais cette quête a bien commencé dès la Première Guerre mondiale et les Pariser-Kanonen furent là pour le prouver. Pensés comme des armes de terreur, ils n’ont nullement ravagé Paris ni contraint le Gouvernement Clemenceau à demander honteusement l’armistice en ployant sous la schlague de Ludendorff. Bien au contraire.
– Une chose est sûre, en acheminant les éléments des deux pièces de nuit et en les assemblant en Forêt de Saint-Gobain et à l’ouest de Crépy-en-Laonnois (plus précisément, au Mont-de-Joie), à 120 km au nord-est de la capitale française, les artilleurs et personnels allemands ont leurré le renseignement français. En revanche, si l’installation de deux pièces fut bien confirmée (les sources manquant à ce sujet, seules les traces des plateformes peuvent l’attester), il n’est pas certain que les Allemands déployèrent le troisième triplé. La date du tir ne fut pas choisie au hasard, puisque les monstres devaient cracher leurs obus le 23 mars, soit deux jours après l’Offensive « Michael » qui devait enfoncer les lignes franco-britanniques sur le Front de la Somme en un temps réduit. Ainsi, les tirs des canons sur Paris devaient amplifier la surprise, couplée à la panique dans Paris et au sein du Gouvernement. De plus, à la date prévue, les Français furent encore trompés car le tir des Pariser-Kanonen est précédé d’un tir de barrage donné sur le Front de l’Aisne et de l’Oise par les Mörsers lourds de 210 mm et 4 « Lange Karl » afin de tromper les Sections de Repérages par le Son (SRS) de l’Artillerie française. Le 23 mars à 07h09 (soit deux jours après l’Offensive « Michael »), une série d’explosion secoua Paris. Plusieurs impacts furent enregistrés dans le XIXe arrondissement, de même qu’à Pantin, Vanves et Châtillon-sous-Bagneux. 15 tués et 29 blessés furent alors à déplorer.
– Dans la capitale, on crut à un bombardement de nouveaux avions, encore plus performants que les Gotha G.III qui avaient déjà sévi en janvier et février. Et ses prétendus avions seraient capables de voler à une si haute altitude qu’ils ne pouvaient être repérés. Alerté, Clémenceau passa une avoinée aux responsables de la défense aérienne de Paris. Sauf que ceux-ci lui répondirent que les Nieuport XI expédiés dans les airs sitôt les premières explosions n’ont strictement rien vu ! Incompréhensible donc. Mais comme l’explique Jean-Yves Le Naour, ce fut la réponse donnée par un physicien qui stupéfia militaires et politiques. Après analyse des impacts, l’éminent professeur en vint à cette conclusion folle mais vraie : ça n’était sont pas des impacts de bombes mais bien d’obus.
– Clémenceau ordonna tout de suite une réplique car la population risquait de gronder. Le 24, de nouveaux impacts sont enregistrés mais cette fois, le SRS localisa la pièce de Crépy-en-Laonnois. On a aussi avancé la participation d’un espion français installé dans une grotte sis le Mont-de-Joie. Quoiqu’il en soit, Gouvernement et « Artiflots » furent bien décidés à répliquer pour faire passer un sale moment aux Allemands. Du coup, le 24 mars, les pièces lourdes (240, 305 et 340 mm) sur affûts ferroviaires des 77e et 78e Régiment d’Artillerie lourde à grande portée (RALGP) donnèrent de la voix. Mais hormis 7 servants tués, les monstres de Krupp restèrent intacts. Pour économiser les obus lourds, les Français firent donner leurs 145 mm. Mais là encore sans grand résultat destructeur. Toutefois, les tirs se calmèrent quand le tube d’un Pariser-Kanone explosa en raison d’une usure trop rapide. Du coup, les tirs se calmèrent pendant cinq jours.
– Mais l’imprécision des Pariser-Kanonen va presque ressusciter l’Union Sacrée. En effet, le 29 mars (peu après 16h30), jour de Vendredi Saint pour les Catholiques, un obus de 210 mm défonça le toit de l’église Saint-Gervais (IVe Arrondissement) et explosa en plein milieu de la messe, tuant 91 fidèles. L’effroyable nouvelle fit se déplacer dans une église – fait rarissime – Clémenceau, Raymond Poincaré, Jules Pams le Ministre de l’Intérieur et Georges Mandel (le très puissant et efficace Chef de cabinet de Clémenceau). Le Général Henri Mordacq (Chef du Cabinet militaire du Président du Conseil) et l’aide de camp de Poincaré les accompagnèrent. Pams (pourtant peu suspect de sympathies cléricales) et Mandel réconfortèrent les blessés, pendant que Clémenceau et Poincaré contemplaient bravaches les voûtes de Saint-Gervais qui menaçaient de s’écrouler. Il eût fallu – autre fait rare – que Mordacq et l’aide de camp de Poincaré poussassent une gueulante pour éviter que les deux têtes de l’exécutif français ne se fassent écraser (7). Quoiqu’il soit, la mort de ces fidèles horrifie toute la classe politique.
Comme le signale Jean-Yves Le Naour, on vit même des députés socialistes, athées convaincus, se déclarer solidaires des Catholiques meurtris (8). Mais la tragédie de Saint-Gervais occulta presque l’abominable mort de nourrissons dans une crèche causée par un autre obus. Néanmoins, au lieu de paniquer les politiques français firent bloc et déclarèrent que devant l’abomination germanique l’unité du pays est la solution. Laissant de côté leurs scrupules humanitaires, certains députés français réclamèrent clairement des représailles en lançant des escadrilles de bombardiers contre les villes allemandes et tant mieux si des civils allemands meurent puisque ça ne pourra être que justice. Mais Clemenceau eût tôt vite fait de calmer leurs ardeurs vengeresse en imposant des représailles mesurées selon les lois de la guerre et non aveugles (9).
– Mais si le Gouvernement, la Chambre et les Institutions de la République n’ont pas flanché à cause des canons**, une vague de panique s’est emparée de la population parisienne, du moins temporairement. Ainsi, en avril, 500 000 personnes – surtout ceux qui en avaient les moyens – (soit 1/6e de la population de la capitale) fuirent la capitale pour se réfugier en province. En revanche, ceux qui restèrent firent preuve de courage et de résilience pour finalement s’habituer aux tirs des Pariser-Kanonen. C’est aussi à ce moment que les parisiens appelèrent, à tort, le canon géant « Grosse Bertha ». S’habituer aux canonnades ne fut pas si difficile pour la population, étant donné le long espacement (parfois deux heures) entre chaque tir étant donné la cadence lente des « bébés Krupp ». En outre, en raison de l’usure des tubes, les artilleurs allemands durent économiser les obus. Du coup, comme l’explique toujours Jean-Yves Le Naour, les parisiens apprirent à calculer l’espacement entre chaque tir et à estimer le lieu de l’impact (10). Courant mai et juin, les tirs se calmèrent parce que les Allemands déplacèrent leurs pièces – repérées – de la région de Crépy-en-Laonnois vers des emplacements situés dans le secteur de Bruyères-en-Tardenois, au nord de Château-Thierry. Plusieurs tirs eurent lieu pendant l’été provoquant des sursauts de colère des Parisiens mais ils n’eurent, au final, que peu d’impact. Et en juillet et août, les Allemands durent les démonter et renvoyer en Allemagne car Français et Américains reconquéraient le Soissonnais et le Laonnois après les offensives victorieuses de l’Aisne (Mangin) et de la Marne (Degoutte).
– Ainsi, en dépit de 256 morts, la vie à Paris ne s’arrêta nullement. En cela, l’idée de l’OHL fut un échec total, d’autant qu’elle n’avait pas vraiment les moyens de ses ambitions. Pour terroriser complètement les parisiens et le Gouvernement, il eut fallu disposer de pièces dotées d’une très bonne cadence de tir ou construites en bon nombre. Or, cela était impossible à l’Economie de guerre de l’Empire allemand. En revanche, pour récompenser l’abnégation et la résilience de ses habitants, la Ville de Paris fut honorée de la Croix de Guerre et reçut le surnom de « Ville poilue » (11).
– A la fin de la Grande Guerre, les ingénieurs de chez Krupp et l’OHL firent brûler la quasi-totalité des documents de conception des canons géants. Pendant plusieurs décennies, ils restèrent un véritable mystère malgré les efforts des Français et des Britanniques pour en percer les secrets. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands reprirent l’idée des canons géants mais pour des combats de siège (Rotterdam, Sébastopol). Et il fallut attendre les années 1990 pour qu’un historien canadien retrouve la trace de ces canons titanesques mais à la portée stratégique aussi limitée qu’illusoire (12).
* Oberes-Heeres-Leitung ou « Haut-Commandement de l’Armée de Terre »
** Ce sont surtout les offensives de Ludendorff qui ont incité Ministres et Parlementaires à évacuer Paris pour Bordeaux. Mais Poincaré et Clemenceau ont choisi de rester à Paris. L’échec des offensives allemandes annulera tout projet d’évacuation du Gouvernement.
(1) LE NAOUR J-Y. : « 1918. L’étrange victoire », Perrin, Paris
(2 BUAT Gén. E. : « Journaux de Guerre. 1914-1923 », présenté par GUELTON Col. F. & SOUTOU G-H., Perrin, Paris
(3) HUYON A. : « La Grosse Bertha des Parisiens. Historique d’une arme de légende », in Revue Historique des armées.i
(4) « Le canon qui bombarda Paris », http://html2.free.fr/canons/canparis.htm
(5) DUTRÔNE C. : « Feu sur Paris ! L’histoire vraie de la grosse Bertha », Pierre de Taillac, Paris
(6) DUTRÔNE C., Op. Cit.
(7) LE NAOUR J-Y., Op. Cit.
(8) Ibid.
(9) Ibid.
(10) Ibid.
(11) Ibid.
(12) DUTRÔNE C., Op. Cit.