Les batailles de Bullecourt (avril-mai 1917)

– Restée dans l’ombre de la bataille de Vimy – et pour cause – l’attaque contre le secteur de Bullecourt fait partie intégrante de l’offensive d’Arras d’avril 1917 voulue par Haig. Mais là où le succès des Canadiens était dû à une minutieuse préparation, couplée à un bon déroulement de la bataille par le haut et par le bas, l’attaque de Bullecourt tranche par un certain amateurisme de la part des Généraux britanniques mais aussi par ceux de l’ANZAC.

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1 – PREMIÈRE BATAILLE (10-11 avril)

– Tout d’abord, alors que les troupes de la Third Army du General Edmund Allenby s’octroient un succès partiel à Monchy-le-Preux (37th Division), le General Hubert Gough, commandant de la Fifth Army croit pouvoir rejouer la guerre de manœuvre. Pourtant, les antécédants du cavalier protégé de Douglas Haig ne parlent pas pour lui, car lors de la Bataille de la Somme il n’a pas remporté de succès éclatant. Ces offensives sur Thiepval et dans la vallée de l’Ancre se sont soldées par des impasses. Néanmoins, Gough pense pouvoir percer dans le secteur de Bullecourt – Rieucourt grâce aux Tanks qu’il considère comme l’arme-clé de la bataille. Ainsi, il confie l’assaut à la 62nd (2nd West Riding) Division de Walter Braithwaite (Vth Corps d’Aylmer Haldane) et à 4th Austalian Division de William Holmes, intégrée au I ANZAC de William Birdwood.

– L’assaut principal doit être mené depuis Noreuil (tombé le 26 mars aux mains des Australiens) par la 4th Australian avec l’aide de 12 Tanks qui doivent ouvrir des passages pour l’infanterie dans les barbelés. La 62nd Division doit alors afir en soutien. Voulant jouer sur l’effet de surprise, Gough décide de ne pas faire donner un tir préparatoire d’artillerie.  Prévue pour le 10 avril, elle doit être reportée au 11 en raison d’une tempête de neige. Mais la coordination et l’entente entre Australiens et Britanniques sont mauvaises. Or, le secteur de Bullecourt se situe en plein dans la Ligne « Hindenburg » (Siegfried Stellung), avec de solides fortifications et donc bien défendu par la 27. Division (2. Königlich-Würtembergisches) du Generalmajor Heinrich von Maur (Infanterie-Regiment Nr. 120, 123 et 124). La noix va être dure à casser.

Le 11 avril, à 04h30, les Australiens et les Britanniques se mettent en position. Mais les lents engins blindés arrivent péniblement sur leurs positions de départ. Du coup, William Holmes décide de reporter son attaque. Sauf que les Australiens ne préviennent pas la 62nd Division qui part à l’heure comme prévu. Du coup, les Britanniques se font sévèrement repoussés par les mitrailleuses et les canons allemands et doivent se replier. Walter Braithwaite et ses officiers ont donc de quoi être remontés vis-à-vis de leurs camarades du Dominion.

– L’attaque australienne démarre donc avec plusieurs heures de retard. Et comme sur la Somme, les généraux du Commonwealth en attendent trop des Tanks. En effet, les engins trop lents ne suivent pas le rythme et certains tombent en panne. Placés en tête les 4th et 12th Brigades australiennes subissent un feu d’enfer de la part des Allemands bien retanchés. Néanmoins, les Battalions australiens réussissent à atteindre les premières lignes mais ne vont pas plus loin. La 4th Brigade (13th, 14th, 15th et 16th Aus. Battalions) atteint même Raincourt En effet, fidèles à leur nouvelle tactique, les Allemands cèdent volontairement du terrain pour mieux contre-attaquer sur le coup de 10h00. La 12th Brigade (45th, 46th, 47th et 48th Aus. Bns) reçoit le violent coup de bâton et doit se replier dans ses lignes.

– Les pertes sont particulièrement lourdes. La 4th Australian Division a perdu de 4 200 hommes, soit un tiers de son effectif total. La 4th Brigade a été saignée avec 2 339 tués, blessés et prisonniers sur 3 000 hommes engagés, tandis que la 12th a perdu 950 hommes. De son côté, la 62nd (2nd West Riding) Division accuse la perte de 715 soldats. Autre conséquence, les Australiens sont de plus en plus rétifs à recevoir l’appui des Tanks. Du coup, ils refuseront pendant près d’un an de voir les lourds et lents engins dans leurs rangs.

Néanmoins, pour Hubert Gough, ça n’est que partie remise car il prévoit de relancer plusieurs plusieurs attaques dans le  même secteur.

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2 –
 SECONDE BATAILLE (3 -15 mai)

– Suite à l’échec du 11 avril, Hubert Gough tente de forcer la ligne une nouvelle fois la Hindenburg Linie à Bullecourt. Mais la décision d’attaquer de nouveau n’est pas de sont initiative. En effet, alors que l’Armée française est au bord de la rupture suite à la multiplication de cas de désobéissance et de « grève des tranchées », le Général Robert Nivelle qui croit encore pouvoir percer, demande à Haig de relancer son attaque dans le secteur d’Arras. Haig accepte et ordonne à Gough d’attaquer de nouveau dans le secteur de Bullecourt. Or, les Allemands

– La mission est une nouvelle fois confiée au I ANZAC (I Australia and New-Zealand Army Corps) de William Birdwood. Etrillée par l’attaque infructureuse du 11 avril, la 4th Australian Division a été relevée par la 2nd Australian Division de Smyth qui doit mener l’attaque, avec l’appui de la 62nd (2nd West Riding) Division (W. Braithwaite) qui a été aussi sévèrement secouée lors de l’attaque précédente. De son côté, la 7th Division (Herbert Shoubridge) est maintenue en réserve afin d’être engagée à la suite des Australiens pour exploiter la percée. Une fois de plus, Gough compte encore sur le mouvement et la percée.  Mais cette fois-ci, pas de Tanks car les généraux Australiens ne font pas confiance aux engins lourds chenillés. En revanche, l’artillerie doit appuyer l’attaque. Celle-ci est prévue pour le 3 mai à 03h45.

– L’attaque démarre donc le 3 mai tôt dans la matinée, avec les 5th et 6th Australian Brigades. Mais l’artillerie a eu peu d’effet sur les solides défenses allemandes de la « Ligne Hindenburg ». La 5th Australian Brigade (17th, 18th, 19th et 20th Australian Battalions) se fait tailler en pièce. Il faut toute l’énergie de jeunes officiers pour convaincre leurs soldats survivants de remonter à l’assaut. De son côté, la 6th Australian Brigade (21st, 22nd, 23rd et 24th Australian Battalions) réussit à grignoter 400 m et à atteindre la seconde ligne de défense allemande mais ne va pas plus loin. Les Australiens s’emploient néanmoins à creuser une ligne de communication pour y faire transiter ravitallement et munitions. Gough presse Birdwood de continuer l’attaque et le commandant du I ANZAC fait relever la 2nd Australian Division par la 1st Australian Division de Harold Walker. Mais l’intervention de cette division ne change strictement rien, de même que l’appui de la 62nd Division. Le 6 mai, la 7th Division britannique attaque à son tour depuis la zone conquise et réussit à accrocher une partie des ruines de Bullecourt. Sauf qu’à leur habitude, les Allemands lancent une série de contre-attaques (tactique de la « défense élastique ») qui empêchent les Anglo-Australiens d’avancer. Des unités de Pioniere (Génie allemand) attaquement même au lance-flamme. Finalement, le 15 mai, aucune percée n’a été effectuée et ce, pour la perte de plus de 7 000 hommes en majorité australiens.

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William Birdwood

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