Nivelle : général en manque de légitimité

Le public a longtemps vu l’histoire du Chemin des Dames « par le bas », soit par les lettres récits indignés sur les « fusillés pour l’exemple » ou bien à travers la chanson de Craonne. Mais outre les ineptes décisions de Nivelle sur le plan stratégique sinon tactique, il faut bien voir que l’offensive était déjà défaillante « par le haut ». Or, comme l’a très bien montré Jean-Yves Le Naour, Nivelle, nouveau venu dans le marigot politico-militaire, manque clairement de légitimité en succédant à l’imposant Joffre. Considéré comme obéissant et discipliné, il se heurte néanmoins au scepticisme de certains et à la mauvaise volonté d’autres. Et même s’il réussit à convaincre plusieurs politiques, de même que l’opinion qu’il tient la solution.
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1 – Le GQG, l’Armée, le Gouvernement et le Parlement : « on vous aime, nous non plus »

– Après-Guerre, un mythe longtemps tenace a voulu que le GQG a été une instance toute puissante qui réglait les questions de la Guerre en passant par-dessus la tête. Les récentes études approfondies montrent qu’il n’en a rien été. En effet, comme l’a bien montré le Colonel Rémy Porte dans sa biographie consacrée à Joffre, un grand nombre de décisions stratégiques et techniques (armes, armement, équipement, dotations, etc.) doivent passer par les mains des Commissions Parlementaires ; Assemblée nationale et Sénat (1). A cela s’ajoute que chaque Général dispose de son réseau dans les milieux parlementaires et chez les Ministres. Quand un Ministre saute, la place d’un Général peut-être en sursis. On est donc bien loin de l’image d’un GQG aussi puissant que le Grand-Etat-major de Berlin. D’autre part, les relations entre le Gouvernement et les chefs militaires français ont été marquées par des tensions et des conflits. Mais les civils ont bien souvent été les vainqueurs de plusieurs bras de fer. Le plus emblématique reste l’éviction de Joffre orchestrée avec ruse par Briand, dont le Gouvernement tangue. Fin 1916, alors qu’il planche avec Haig sur une nouvelle offensive sur la Somme afin de faire plier les Allemands, on s’agite dans les coulisses dans l’Assemblée et du Sénat. Nombre de Parlementaires commencent à douter des compétences militaires du ventripotent fils de tonnelier de Rivesaltes. Pour écarter le spécialiste du « grignotage », Briand lui fait tout bonnement remettre le bâton de Maréchal de France par Poincaré et le fait nommer Chef d’état-major allié, un poste purement technique. Autre victime de poids, le Général Pierre Roques. Terne Ministre de la Guerre, Roques – la « créature » et l’ancien camarade de promotion de Joffre à l’X – retourne à divers commandement technique et se distinguera davantage au Génie et à l’Aéronautique. Il est alors remplacé par le flamboyant Lyautey, rappelé de son Protectorat du Maroc. Sauf que le « Spahi » comme le surnomment les Parlementaires de gauche, monarchiste et catholique n’est plus empereur au Royaume chérifien. En effet, il découvre avec amertume qu’il ne peut imposer ses orientations au gouvernement mais qu’il lui faut passer par d’interminables palabres et négociations dans les Commissions parlementaires.

– Cependant, le retors « grignoteur » ne part pas sans laisser de cadavres, comme l’a montré Jean-Yves Le Naour. Ainsi, Joffre manigance auprès de ses derniers soutiens pour savonner la planche à ses potentiels rivaux à Chantilly. Ainsi, Edouard de Currières de Castelnau – avec qui il s’entend de plus en plus mal – est évincé et ne reçoit que le commandement du Groupes d’Armées de l’Est (GAE) qui n’a qu’un rôle limité. Ferdinand Foch, tenu pour responsable de l’échec de la Somme par son patron et ancien protecteur ne doit sa place qu’à l’Amiral Lacaze qui réussit à lui trouver un poste à Senlis avec Maxime Weygand où les deux pourront ruminer en attendant leur sort. Et qui plus est, Maurice Pellé, Aide-major Général et proche de Foch est recalé dans un commandement divisionnaire (153e DI). Au moins, il ne fera pas d’esclandre. Quant à Pétain, sa vision défensive de la stratégie à suivre ne fait pas l’unanimité, loin de là. Sauf que « Précis le Sec » ou « Philippe Auguste », tel qu’on le surnomme, est populaire dans l’opinion et dans l’Armée. Il serait donc de mauvais ton de l’écarter et on décide de le maintenir dans son commandement du Groupe d’Armées Centre (GAC) mais sans lui confier la direction d’une opération majeure (2). Cependant, le remaniement n’est qu’un grattage de vernis car les bureaux restent tout puissants et croient pouvoir faire le travail des ministères.

2 – De Verdun à Compiègne, en passant par Chantilly

– Par conséquent, l’heureux élu des Parlementaires et des Ministres n’est autre que Robert Nivelle, alors commandant de la IIe Armée dans le secteur de Verdun. Or, l’homme a encore bonne presse (au propre comme au figuré), puisqu’il a repris les forts de Douaumont et de Vaux avec des méthodes « scientifiques » qui ont fait leur preuve. Mais ce calviniste, de mère anglaise et bon républicain à un avantage certain : il est obéissant et discipliné. Du coup, si on lui demande de lancer une offensive, il s’exécutera sans qu’on l’y pousse. Aristide Briand lance même à Louis Loucheur (Secrétaire d’Etat à l’Armement) : « de lui, je ferai ce que je voudrai ! » (3). Outre l’autre avantage qu’il possède à parler anglais (ce qui facilitera, pense-t-on, le dialogue avec Haig et Robertson), l’homme est doué d’un net talent de persuasion. Ainsi, dès la fin 1916, il charme presque tout le monde. Chez les Parlementaires et Ministres, il impose très vite sa vision enthousiaste sinon optimiste de la stratégie  à tenir. Partisan de l’offensive, il a pour lui de bons relais dans la politique et la presse. Le Général Adolphe Guillaumat a une bonne opinion de lui. Le député Abel Ferry (neveu de Jules Ferry et Colonel), pourtant jamais avare de critique envers les officiers de haut rang, loue même son « bon sens ». Et même Douglas Haig le voit comme « franc » et « énergique ». Néanmoins, s’il est obéissant, l’homme ne s’impose pas. Ainsi, quand il arrive à l’Hôtel de Brienne rue Saint-Dominique, Hubert Lyautey fait vite comprendre à Nivelle qu’il n’aura pas la direction de la Guerre entre ses mains. Et Nivelle n’est pas autorisé à correspondre directement avec les chefs de gouvernement étrangers comme pouvait le faire Joffre. Nivelle ne bronche pas, les politiques peuvent être satisfaits.
Autre marque de satisfaction, prétextant de soupçons de débauche et de beuverie à Chantilly, l’Assemblée et le Sénat réclament le rapatriement du GQG de Chantilly à Beauvais. Du coup, le temps de tout transférer (personnel, documents et archives), l’élaboration du plan d’offensive prend du retard. Mais l’endroit choisi, l’Institut agronomique de Beauvais (qui plus est une ancienne congrégation religieuse, ce qui irrite les bons républicains) est mal chauffé et humide, ce qui empêche les officiers d’effectuer leur travail dans de bonnes conditions. Finalement, Nivelle prend la décision souveraine de déplacer tout le monde au château de Compiègne. Au moins, les Ministres, Députés et Sénateurs pourront toujours prendre le train pour s’y rendre. Mais le nouveau Généralissime manque de légitimité dans l’Armée. Ainsi, Castelnau lui fait comprendre que lui, a gagné ses étoiles depuis qu’il est sorti de Saint-Cyr à la fin du Second Empire, Weygand le considère comme un néophyte et un ignorant, tandis que Pétain garde pour l’heure un mutisme méprisant (4). Certains Ministres ne s’y retrouvent pas. Ainsi, Alexandre Ribot Ministre des Finances est dubitatif quant à la reprise de l’offensive et Paul Painlevé, Ministre de l’Instruction publique flaire le mauvais coup et préfère quitter discrètement le bateau en décembre 1916.

– Quand Nivelle prend son commandement, le jeu politique de la IIIe République reste agité. Ainsi, la vie parlementaire finit par avoir progressivement raison du Gouvernement Briand. Peu convaincu de l’utilité de l’offensive et surtout excédé de la lenteur dans la prise de décision, Lyautey livre son dernier discours tonitruant à l’Assemblée dans une ambiance houleuse. Il remet discrètement sa démission à Briand qui se retrouve pris de court (5). Avec le départ de Lyautey, tout s’enchaîne, le Gouvernement Briand finit par tomber le 17 mars. Arrive alors Alexandre Ribot, Ministre des Finances qui attendait son heure. Calviniste comme Nivelle, c’est l’homme des compromis et des équilibres. Avec Ribot, on en revient à la IIIe République dans son absolu (6). Or, Ribot afin de contenter les Radicaux-Socialistes et les Socialistes, Ribot maintient Albert Thomas à l’Armement, nomme André Maginot aux Colonies et Paul Painlevé à la Guerre. D’emblée, si calcul il y a, la cohésion manque. Thomas et Maginot soutiennent Nivelle, tandis que Painlevé penche pour la stratégie défensive, donc pour Pétain (7). En revanche, Raymond Poincaré soutient l’idée d’une offensive qui se voudrait décisive. Mais le soutien du Président de la République à Nivelle n’est pas sans arrière-pensée. Partisan de la politique d’annexion concernant les buts de guerre, Poincaré n’est guère enthousiaste à voir la jeune armée américaine débarquer en grand nombre en France et avec elle, les « Quatorze points de Wilson » dont les objectifs iraient à l’encontre des intérêts français (8). Comme le montre bien Jean-Yves Le Naour, avec des Ministres en désaccord, Nivelle doit se dépenser en Commissions, en dîner et en déjeuners pour justifier son offensive. Et pendant ce temps, les plans déjà mal conçus, ne sont pas revus. Au grand détriment de certains généraux dont le rôle est clé dans l’offensive.

3 – Douglas Haig et William Robertson, les pires amis

– Mais l’autre déficit de légitimité de Nivelle vient d’outre-Manche. Revenons plusieurs semaines en arrière. A la décharge de Nivelle, il faut bien voir que début 1917, Briand propose à David Lloyd-George de confier le commandement de l’offensive prévue au printemps sur le Front de l’Ouest à Nivelle. En somme, Briand propose ni plus ni moins que le commandement allié soit centralisé entre les mains de Nivelle. Ce dernier, naïvement, propose son plan à Lloyd-George : les Français attaqueront sur l’Aisne tandis que les Britanniques lanceront une offensive entre Arras et Bapaume et entre la Somme et l’Oise (entre Bapaume et Roye) afin de retenir les Allemands. Lloyd-George qui, lors de la Conférence de Rome, penche d’abord pour laisser les Italiens lancer une grande offensive dans les Alpes (contre un appui en canons lourds) finit par se rallier à Nivelle. A vrai dire, le premier ministre calculateur ne veut pas revoir le sang britannique couler comme sur la Somme.

– Mais c’est sans compter sur Douglas Haig et William Robertson qui sont soudainement pris d’un relent de francophobie aigüe.  Le premier est vite ulcéré que le BEF soit relégué au second rôle pendant que l’Armée française se taillera la plus grosse part de gloire. Du coup, Haig met très vite de la mauvaise volonté à exécuter le plan, arguant d’abord qu’une extension de 30 à 40 km n’est pas envisageable. Quant à Robertson, depuis qu’il a remplacé le francophile Henry Wilson à la tête de l’Imperial Staff (CISG) en 1915, les relations avec ses homologues français ne sont pas les meilleures. La principale pierre d’achoppement concerne le Front d’Orient que le fils de tailleur du Lincolnshire (9) préférerait abandonner pour se concentrer sur la Mésopotamie et Gaza (10).
Si le nouvellement promu Maréchal Haig ne peut s’opposer directement à Nivelle, il s’emploie à lui mettre des bâtons dans les roues. D’abord, Haig tente de persuader Lloyd-George (qui se méfie de lui) de maintenir l’offensive prévue dans les Flandres afin de démanteler les bases sous-marines. Nivelle tente alors de le persuader que si les Allemands retraitent suite à son offensive dans l’Aisne, il sera toujours possible aux Britanniques d’attaquer dans les Flandres. Mais Nivelle vient de donner dans le panneau car c’est pile ce que Haig veut entendre. Mais l’Ecossais va encore plus loin dans la mesquinerie en prêchant à mi-mots l’insoumission au War Committe. Lloyd-George veut mettre un terme à cette situation, d’autant qu’Alexandre Ribot le presse d’agir en prétextant anticiper une catastrophe si l’offensive ne se produit pas. Se voyant forcer la main, Lloyd-George botte en touche signalant aux Français que son Cabinet priera Haig d’étendre le front britannique de 40 km « dans la mesure du possible ». Mais Lloyd-George décide de trancher. Convoquant les deux Généraux le 15 janvier 1917 au 10 Dowding Street, il somme d’abord Haig de suivre Nivelle. Recevant ensuite le Français, il se trouve charmé par le personnage et valide son plan. Au moins, les Français se chargeront du plus gros travail, au risque de subir un échec. Fair play et cynisme font ici bon ménage.

– Mais c’est encore sans compter sur le Maréchal Haig. Plus ulcéré que jamais, le général écossais décide de se répandre en plaintes et récriminations pour mettre à mal l’autorité de Nivelle. D’abord, il se plaint de ne pas disposer d’assez de trains pour déplacer ses hommes et son matériel (70 contre 200-250). Mais lors de la Conférence de Calais (26 février) Lloyd-George et Briand réussissent à déplacer la question ferroviaire dans des discussions techniques laissées aux experts. Ensuite, Lloyd-George propose à Nivelle de s’exprimer librement et de coucher par écrit le projet d’un commandement unique. Nivelle commanderait Français et Britanniques et Haig serait son chef d’état-major. Cette fois, l’ego de l’Ecossais est atteint et Robertson – qui déteste Lloyd-George – décide de ne pas laisser un petit général français décider à la place des généraux de Sa Très Gracieuse Majesté. Les deux généraux font irruption dans la chambre de Lloyd-George et s’ensuit une conversation particulièrement houleuse. Haig rugit : « Placer les forces britanniques sous l’autorité des Français est une folie et je ne crois pas que nos troupes acceptent de combattre dans ces conditions » (11). Sauf que le Premier Ministre se garde bien de dire qu’il en a eu aussi l’idée. Le lendemain 27 février, Robertson reproche à Nivelle de ne pas lui avoir parlé directement du projet. Le Généralissime français se confond en excuses mais explique au CISG que c’est Lloyd-George qui l’a incité à réfléchir. Pour Robertson, la coupe de thé est pleine. Il retourne dans la chambre de Lloyd-George et tonne que son idée est une ineptie, arguant qu’il serait impossible de faire marcher des soldats Britanniques, Canadiens, Sud-Africains, Australiens et Néo-Zélandais aux ordres d’un français. Lloyd-George balaie fermement l’argument mais fait une concession qui va coûter cher aux français : il accepte que de commandement vaille seulement durant les opérations et que Douglas Haig soit autorisé à en référer librement à Londres, en cas de danger pour le BEF. Robertson s’engouffre dans la brèche et réplique qu’en cas de danger, on ne peut attendre que le Gouvernement perde du temps à réunir des comités pour réfléchir à une solution de sortie pour l’Armée britannique. Comme toute réponse, Robertson se fait mettre à la porte sans ménagement. Mais le mal est fait. Du coup, le CISG et Haig se coalisent pour saper le projet du Premier Ministre. Pour l’heure, Robertson fait semblant de se soumettre et Haig refuse une invitation à déjeuner de Briand. Ainsi, le 27 février, la chimère du commandement interallié semble prendre forme par la signature d’un accord franco-britannique.

– Mais de retour à Londres, le renard qu’est Robertson se répand en diatribes auprès du War Office et de ses réseaux dans la House of Commons. Il argue que cet accord ne vise qu’à démembre l’armée britannique et que lui et Haig ne répondent qu’à la seule autorité du Roi. Il invite même George V à s’opposer à l’accord de Calais. Et il est vite suivi par plusieurs personnalités influentes du Cabinet ; Lord  George Curzon et Lord Edward Derby. Pour Lloyd-George le coup est rude mais Robertson et ses alliés prennent garde à ne pas le mettre en cause directement, car le Gallois qui a plus d’une corde à son arc, est capable de provoquer des élections encore plus favorables aux Travaillistes. Conscient de cette porte de sortie par le haut, Lloyd-George décide de faire des concessions à Haig et Robertson. Mieux encore, Nivelle lui-même va l’y aider !

– En effet, le 28 février, Nivelle commet la bourde d’écrire à Haig une lettre d’ordres dans laquelle il prend le ton d’un général qui s’adresse à un lieutenant. Cette-fois, Haig tient l’arme absolue. S’estimant lésé, il prend un ton faussement indigné pour montrer au Cabinet comment le traite l’obscur général français. Le 4 mars, se drapant dans sa dignité et dans son uniforme kaki impeccablement sanglé, Haig refuse d’appliquer les ordres de Nivelle. Et la presse, notamment le « Times » relais des Torries et de l’armée, mène une campagne contre Nivelle. On est bien loin de la bonne entente affichée (et apparente) de la préparation de la bataille de la Somme. Ainsi, avec Robertson derrière lui qui boit du petit lait, Haig foule délibérément au pied l’accord de Calais. Lloyd-George ne peut plus reculer au risque d’affronter directement les deux plus hauts responsables militaires de la Couronne, soutenus par le Roi et une bonne partie du Cabinet. Pire encore, il doit répondre au plus vite à Briand (6 mars) qui réclame ni plus ni moins la mise en demeure du Maréchal Haig ! (12)

– Lloyd George s’en tire néanmoins assez habilement. Il convoque une nouvelle conférence à l’issue de laquelle Haig et Nivelle devront s’être accordés. Briand s’y oppose, prétextant de l’inutilité d’une nouvelle discussion des plans. Mais le travailliste gallois gagne le duel en se reniant. Les 12-13 mars, la nouvelle Conférence se réunit au 10 Downing Street et l’on trouve un compromis : le commandement britannique communiquera ses ordres à Nivelle mais celui-ci devra s’adresser directement à Londres pour ses demandes et « obtiendra satisfaction dans la mesure du possible ». Des propos bien sibyllins qui trahissent un sens inné de la fine mauvaise foi britannique. Malgré tout, Haig méfiant ajoute un post-scriptum : « je donne mon accord à ce qui précède sous la réserve que si je suis pleinement résolu à respecter l’accord de Calais dans l’esprit et dans la lettre, le général Nivelle considérera l’armée britannique et son commandant en chef comme des alliés et non comme des subordonnés, sauf pendant les opérations particulières dont il a fait mention à Calais. (13) » Cette fois Lloyd-George donne le coup de grasse au macchabée en revenant effrontément sur ces décisions antérieures. Le commandement interallié est donc mort-né… avant de ressusciter un an plus tard.  Pour le moment, Haig et Robertson rient sous leurs battledresses soigneusement ajustés. Le fils du marchand de Whisky et le fils du tailleur ont savamment liquidé le projet de commandement unique souhaité par des Français naïfs, qui pensaient d’abord affronter les Allemands. Lloyd George sauve sa tête et change prestement de sujet, tandis qu’à Beauvais, Nivelle en est tout bonnement réduit à manger son képi. Et ça ne sera pas la dernière fois…


(1) PORTE Col. R. : « Joffre », Perrin, Paris, 2014
(2) LE NAOUR J-Y. : « 1917. La Paix impossible », Perrin, 2015
(3) LE NAOUR J-Y, Op. Cit.
(4) Ibid.
(5) Il a notamment lancé à l’adresse des Parlementaires de gauche un virulent « tas de cons ! »
(6) LE NAOUR J-Y., Op. Cit.
(7) Ibid.
(8) Ibid.
(9) Né en 1860, fils d’un tailleur de Welbourn, William Robertson s’est engagé dans l’armée britannique en 1877 après avoir été serviteur d’un Lord et mineur. De simple soldat, cet autodidacte gravit tous les échelons pour devenir Field Marshall. Il est l’un des rares exemples d’ascension sociale dans la très racée et aristocratique armée britannique victorienne.
(10) Alors que Robertson et Haig s’emploient à torpiller l’autorité de Nivelle, les Généraux Charles Monro et Stanley Maude s’apprêtent à lancer leur campagne victorieuse contre les Ottomans vers Bagdad.
(11) Le Naour J-Y., Op.Cit.
(12) Ibid.
(13) Ibid.

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