Un dossier passionnant, qui colle à cette année 2017 en prenant ses distances avec les débats passionnels qui alimentent – et qu’alimentent – les médias et le cinéma depuis une bonne quinzaine d’année. Cette fois, Jean Lopez, Laurent Henninger et Yasha MacLasha signent un dossier des plus intéressants sur les mutineries et désertions qui ont marqué l’année 1917.
– Avec l’habitude bienvenue de tordre le cou aux nombreux mythes de l’Histoire militaire, Guerres & Histoire montre que si le phénomène de la désobéissance se moque des parapets de tranchées, il n’est nullement monolithe et diffère largement d’une armée à l’autre. Si entre la Russie, la France et l’Italie, l’épuisement est le dénominateur commun, les Français contestent dans un cadre légal alors qu’en Russie, les désertions sont particulièrement massives sans pour autant que les soldats du Tsar (bientôt déchu) ne se jettent forcément dans les bras des Bolchéviks encore minoritaires lors de la Révolution. Concernant les Français, le Général André Bach met à mal plusieurs idées reçues en montrant bien que malgré l’emploi de symboles contestataires (Internationale et slogans), nous sommes bien plus dans une grève professionnelle de citoyens-soldats qui revendiquent un meilleur traitement et ne remettent nullement en cause la légitimité du combat.
– Autre sujet fort, le cas italien. L’historien Hubert Heryiès montre pourquoi l’image d’une armée italienne minée par les désertions et les mutineries est biaisée, tout en pointant la dureté à laquelle sont soumis les soldats de cette jeune nation. Enfin, bien qu’avançant d’une année, Pierre Jardin montre qu’en 1918, l’Armée allemande n’était pas vraiment l’armée invaincue qu’ont tant vanté les stratèges et généraux perdants du Kaiser.
Donc, tous chez votre marchands de journaux !
J-P. Renault
Acier et tranchées 