– Suite à la contre-attaque manquée de von Stein et von Kehl contre Montauban le 2 juillet, von Falkenhayn décide d’envoyer des renforts à la II. Armee afin de tenir le front de la Somme. Par conséquent, le Gossler-Gruppe (123. ID, avec des éléments des 11. et 12. RD) est envoyé d’urgence renforcer le secteur de Longueval.
– De leur côté, les Britanniques veulent pousser leur avantage sur cette partie du front. Douglas Haig ordonne la prise Bois des Trônes qui barre l’accès à la Crête de Bazentin et à Longueval. Mais ils ont quelque peu manqué le coche le 1er juillet lorsque Rawlinson a ordonné à Walter Congreve d’arrêter son élan après la capture de Montauban, alors que le Bois des Trônes n’était pas défendu. Quoique il en soit, Haig octroie à l’artillerie du XIIIth Corps un appoint considérable de près de 61 000 obus, soit 56 000 pour les batteries de canons de 18-pounder et 4 920 pour les obusiers de 6-inch. Par ses moyens alloués, Haig, fidèle à sa façon de conduire les opérations, espère encore achever le moral des allemands qu’il estime – à tort – déjà sérieusement entamé lors du « Z-Day ». Le 6 juillet, Henry Rawlinson et Emile Fayolle se retrouvent pour dresser les plans d’attaque. L’attaque doit donc s’effectuer le 8 juillet, en coopération avec le XXe Corps Français. Recevant ses ordres, Congreve ordonne à la 30th Division de Stanley, déjà éprouvée lors du « Z-Day », de s’emparer du Bois des Trônes. La 30th Divsion doit agir de concert avec la 39e DI française du Général Nourrisson, l’objectif et jointure des deux divisions étant la Ferme « Maltz Horn ». Du côté allemand, ce sont les RIR. Nr 38 et 51 (12. RD) et les restes de l’IR. Nr. 62. Et les premiers éléments de la 123. ID (Karl Lucius) arrivent dans le secteur de Guillemont dans la matinée du 8 juillet.
– Le 8 juillet, à 08h00, Français et Britanniques démarrent leur attaque, précédée par un bombardement préparatoire. La 39e DI française avance bien vers la Ferme « Maltz Horn » mais la 21st Brigade, partie du Bois de Bernafay, rencontre plus de difficultés. Finalement, les Britanniques finissent par venir à bout de la résistance allemande à la grenade. La conquête consolidée, la 90th Brigade avance vers le Bois des Trônes, transformé en un amas d’arbres décharnés et le sud du Bois des Trônes, échangeant des coups de feu avec les survivants du RIR. Nr. 51. Mais le II/Infanterie-Regiment Nr. 183 arrive en renfort depuis le secteur de Ginchy – Ferme de Waterlot et passe à la contre-attaque, forçant les Britanniques à se replier sur leur ligne de départ. Dans « The Somme », les historiens britanniques Robin Prior et Trevor Wilson notent que la tactique employée par von Below consiste à envoyer tour à tour des renforts tenir et reprendre plusieurs points du front, obéissant à la stratégie de von Falkenhayn de « ne pas céder le moindre pouce de terrain ». Or, cette tactique se révélera particulièrement coûteuse. Les deux auteurs estimant qu’effectuer un repli pour constituer des forces suffisantes avant de lancer une contre-attaque eût été beaucoup plus judicieuse. La 90th Brigade repart à l’attaque en fin d’après-midi en essuyant un tir d’artillerie allemande lui causant des pertes. Toujours selon Prior et Wilson, les attaques britanniques manquent de coordination et sont donc rendues inefficaces, malgré le soutien des batteries d’artillerie (1). Et pour J.P. Harris, cette série d’attaques stériles et de contre-attaques ne feront que désorganiser les efforts britanniques (2).
– Le 10 juillet, les Britanniques, épaulés par 1 compagnie de Sud-Africains détachée de la 9th (Scottish) Division, repartent à l’assaut après un nouveau bombardement. Mais cette fois-ci, les Allemands ne se font pas duper et le bataillon de l’IR. Nr. 183 se replie à l’est du Bois. L’unité se réorganise à l’approche des Britanniques en leur tendant une embuscade à l’issue de laquelle, 251 « Tommys » sont envoyés en captivité vers Guillemont. Les 2 compagnies restantes du RIR. Nr. 51 peuvent alors bloquée « l’Allée des Trônes ». Stanley décide alors de relever la 90th Brigade par la 89th Brigade, alors positionnée entre la Ferme « Maltz Horn » et la Briqueterie. Elle passe à l’attaque le 11 juillet mais se retrouve soumise à un fort tir de mitrailleuses. De plus, elle subit la contre-attaque de plusieurs groupes du RIR Nr. 106 et se fait repousser en laissant 200 prisonniers.
A 18h00, la 89th Brigade lance un troisième assaut avec le soutien de l’artillerie lourde du XIIIth Corps. Cette fois, le I/RIR. Nr. 106 qui défend l’ouest du Bois des Trônes subit de lourdes pertes et doit se replier, permettant aux Britanniques de prendre pied dans la partie ouest de ce qui reste du Bois.
– Le 13 juillet, les Allemands lancent une contre-attaque avec le RIR. Nr. 106 et l’IR. Nr. 178, avec pour objectif d’enlever la « Tranchée de Maltz Horn » qui forme une connexion entre le Bois de Bernafay et le Bois des Trônes pour les Britanniques. L’attaque s’effectue par un assaut d’infanterie couplé à un bombardement d’artillerie. Mais les pièces allemandes sont vite repérées par les pilotes du N° 9 Squadron RFC qui donnent les coordonnées à l’artillerie du XIIIth Corps pour une contre-batterie. Celle-ci ne tarde pas et la contre-attaque allemande se solde par un échec et un lourd tribut pour l’Infanterie. Le même jour, Les éléments de la 18th (Eastern) Division de Maxse relève la 30th épuisée. Stanley a perdu 2 300 hommes de plus (dont plus de 780 à la 90th Brigade), accusant 5 300 pertes après moins de deux semaines de combat. Rawlinson et Congreve donnent l’ordre à Maxse de nettoyer le Bois des Trônes pour de bon, pendant que la 9th (Scottish) Division s’emploiera à enlever le village de Longueval.
– Maxse confie l’attaque à la 54th Brigade de Herbert Shoubridge. Celui-ci décide de n’envoyer qu’un seul Battalion dans le bois sur un axe nord sud, tout en protégeant ses flancs par deux autres. Le 14 juillet, à 04h30, le 12th Bn. Middlessex (Lt.Col. F. Maxwell) avance dans le Bois en traversant un tir de barrage allemand. Mais avançant à la boussole, les Britanniques finissent par dégager le Bois des Trônes. Von Below et ses subordonnés comptent alors lancer une contre-attaque avec la 24. ID fraîchement arrivée de Champagne. Mais les Britanniques découvrent le projet et font donner leur artillerie sur les positions allemandes. Finalement, la 24. ID ne bouge pas.
(1) PRIOR Robin et WILLIAMS Trevor : The Somme, Yale Publishing, London
(2) HARRIS J.P. : Douglas Haig and the First World War, Cambridge University Press