– LES NOUVEAUX DÉBARQUEMENTS D’AOÛT A SULVA
– Cette opération confiée au IXth Corps britannique de Sir Frederick Stopford est bien moins connue que les combats menés par les ANZACS, sans doute parce qu’elle relevait d’un caractère plus secondaire.
Il n’en reste pas moins, qu’influencé par son chef d’état-major Hamilton Reed et par Sir Frederick Stopford, Sir Ian Hamilton décide de confier un débarquement pour dégager la plaine de Sulva enserrée entre la mer et les crêtes de Kiretch Tepe et Tekke Tepe. Mais les rapports de reconnaissances arrivés sur la table d’Ian Hamilton étaient faussés, exagérant les défenses turques sur « Chocolate Hill » et sous-estimant celles sur la Cote 110. En outre, le débarquement est rendu plus difficile en raison de la présence d’un lac salé situé entre les deux pointes de Sulva. Après débats, la 11th British Infantry Division du Major.General Frederick Hammersley reçoit l’ordre de débarquer en Baie de Sulva, au nord du lac salé, avec sa 34th Brigade au nord face à la Cote 170 et la 32nd Brigade au sud (« B » Beach). La 32nd Brigade doit s’emparer de « Chocolate Hill », avant de rejoindre la 34th. Puis, la 33rd Brigade doit sécuriser le flanc droit du débarquement. Enfin, aussitôt l’artillerie de la 11th Division mise à terre en sécurité, la 10th Infantry Division de Sir Bryan Mahon pourra débarquer en seconde vague. Notons que ces deux divisions sont formées de jeunes volontaires de la New Kitchener’s Army.

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– Curieusement, en dépit du manque de renseignements sérieux, les officiers britanniques sont confiants. Malgré l’échec cuisant du Cap Helles, ils pensent que les Turcs sont à bout de forces. Cette fois-ci sera la bonne.
Tôt dans la matinée du 6 août, la 11th Division arrive à flots depuis Imbros. Le débarquement des 32nd et 33rd Brigades au sud du « Point de Nibrunesi » frôle la perfection, sans aucune opposition des Turcs. Les 7th South Staffordshire et 9th Sherwood Foresters se portent rapidement vers le flanc sud afin d’établir un système défensif pour couvrir les plages de débarquement. Dans le même temps, le 6th Yorkshire passe à l’assaut pour s’emparer de Little Lala Baba, Lala Baba et le « Point de Nibrunesi ». A la tombée de la nuit, la 32nd Brigade a réussi à s’accrocher solidement sur la crête de Lala Baba. Sauf qu’aucune action n’est encore entreprise pour rejoindre la 34th Brigade plus au nord.
Malheureusement, le débarquement de celle-ci manque de tourner à la catastrophe sur « A » Beach. Mal guidés par les projecteurs des destroyers d’escortes (HMS « Grampus », « Beagle » et « Bulldog »), les soldats inexpérimentés des 11th Manchester et 9th Lancashire abordent la plaine de Sulva au nord du Lac salé dans une totale confusion. Les Turcs en profitent et tirent comme à l’exercice. L’indiscipline commence à régner dans les rangs des jeunes volontaires britanniques et il faut aux officiers de reprendre leurs hommes en main. Toutefois, malgré une totale confusion alimentée par les tireurs isolés ennemis, le 11th Manchester du Lt.Colonel Bashi Wright réussit à sécuriser Lala Baba. Le Lt.Colonel Wright décide d’attaquer la Crête de Kiretch Tepe sans tarder. Mais là, les Turcs résistent beaucoup plus durement, grâce à leurs positions préparées dans les irrégularités du terrain. On se bat furieusement, parfois à la baïonnette. Cependant, le 11th Manchesters continue sa poussée sur la partie principale de Kiretch Tepe, le ravin de Karakol. L’attaque a lieu à 10h00 du matin le 7 août. Les Turcs se replient sur des positions plus facilement défendables, pendant que le 11th Manchesters atteint le sommet de Kiretch Tepe. Seulement, la pente est de l’éminence est battue par un violent tir de mitrailleuses et d’armes légères qui empêchent les britanniques d’aller plus loin. Certaines compagnies ont déjà perdu 40 à 50% de leurs effectifs. De leur côté, les Turcs rameutent d’urgence des éléments mordants des 7e et 12e Divisions sous le commandement de l’énergique Colonel Feizli Bey.

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– Alors que la 11th Division se retrouve bloquée, la 30th Brigade de la 10th Division commence son débarquement dans la Baie de Sulva, ce qui vient ajouter au désordre. Placée temporairement sous le commandement du Brigadier.General William Stilwell de la 34th Brigade, elle doit concourir à la prise de « Chocolate Hill ». Mais cette décision contraint à affaiblir la force qui doit prendre Kiretch Tepe. Pire encore, le Lt.General Mahon en charge du débarquement, décide d’adjoindre une partie de la 10th Division au soutien de l’ANZAC. Cette décision a un effet dévastateur sur le commandement. Les chefs de brigades et de bataillons ne savent alors pas ce qu’ils doivent faire !
De son côté, le 11th Manchesters, épuisé après une journée entière de combat (et accusant la perte de 215 hommes sur 850), se trouve relevé par les Nord-Irlandais du 5th Inniskilling Fusiliers, pendant que les Irlandais (du sud en majorité) du 6th Munster. Sauf que les trois autres bataillons de la 34th Brigade se retrouvent bloqués sur la plage sans pouvoir s’en extraire. Les 5th Dorset et le 8th Northumberland Fusiliers s’y trouvent dangereusement exposés.
Le 9th Lancashire Fusiliers tente de s’emparer d’une colline côtière que les chefs britanniques pensent être la Cote 10. Or, celle-ci se trouve 350 m plus au nord. Les Lancashires s’épuisent dans un vain combat sanglant, avant d’être renforcé par les West Yorkshire. Finalement, à l’issue d’un dur engagement, le 5th Dorset parvient à s’emparer de la Cote 10. Mais la situation des britanniques ne s’améliore guère. Il n’y aucune communication téléphonique disponible avec la Royal Navy. Sur place, le Brigadier.General Stilwell se montre d’un incompétence notoire pour organiser et dégager ses forces. Quant au Major.General Hammersley, ses troubles psychiques et ses nerfs en miettes ne lui permettent pas d’assumer correctement ses responsabilités. A la fin de la journée du 7 août, « Chocolate Hill », « Green Hill » et « W Hill » restent aux mains des Turcs.
Hammersley et ses chefs de brigades sont incapables d’organiser le désordre qui règne. Mais plus grave, vient s’ajouter le soleil torride du mois d’août, ainsi que le manque d’eau lié aux défaillances du ravitaillement. Ces éléments additionnés ne font que détériorer sérieusement le moral des jeunes soldats de Sa Majesté.
– Du côté de l’état-major du IXth Corps, on cherche à minimiser la gravité de la situation mais celle si empire dès le 9 août, lorsque une brèche est ouverte dans les lignes nord britanniques dans le secteur de Sulajik. La brèche est comblée rapidement par les efforts du 11th Manchesters mais il s’en est fallu de peu. Et le chaos ne s’arrête pas là, puisque le 8 août Stopford fait débarquer la 53rd (Welsh) Division du Major.General William Marshall, dont les soldats viennent s’entasser avec ceux des 10th et 11th. Le 10, c’est la 163rd (Norfolk and Suffolk) Brigade de la 54th (East Anglian) Infantry Division.
Le 12, la 163rd Brigade formée des 1/4th Norfolk, 1/5th Norfolk, 1/5th Suffolk et 1/8th (Isle of Wight Rifles) Hampshire, reçoit l’ordre d’attaquer la Crête de Tekke Tepe. L’assaut démarre à l’aube sans que certains fantassins ne disposent d’eau potable. Bien entendu, il tourne court face à un feu d’enfer turc et compte-tenu des difficultés du terrain. Le 1/5th Bn. Norfolk s’égare même et reste introuvable durant toute une partie de la journée ! Après l’échec de la 163rd Brigade, Stopford décide d’une pause de trois jours dans les opérations. Un nouvel assaut est planifié contre Kiretch Tepe et « Kidney Hill » pour le 15. Il est confié à Brian Mahon avec les 30th et 31st Brigades de la 10th Division et à la 162nd (East Midlands) Brigade de la 54th. Mais bien entendu, Feizli Bey qui n’en demande pas tant, profite de ce répit pour renforcer ses positions.

Source :
http://www.gallipoli-association.org
– La nouvelle attaque démarre à 13h00 avec un bombardement de la Royal Navy dont les effets sont dérisoires. Inutile de préciser que les soldats britanniques se heurtent à un mur de feu qui en laisse beaucoup sur le carreau. Le 15 même, constatant son échec, Sir Frederick Stopford remet sa démission du commandement du IXth Corps. Il est sévèrement blâmé par Lord Kitchener qui prévoit de le remplacer par Julian Byng, alors en poste en France. Pour l’heure, le Major.General Henry de Beauvoir de Lisle assure le commandement par intérim.
Peter Hart impute la responsabilité de l’échec du IXth Corps à ses chefs et à Hamilton qui ont engagé cette grande unité sans aucune préparation sérieuse : renseignements défaillants, entraînement et formation des hommes plus que lacunaires et logistique exécrable.